L’Opposition unie a convié les journalistes à une conférence de presse portant sur la célébration du cinquantenaire de l’indépendance des Comores. Quatre des candidats malheureux du scrutin présidentiel de janvier 2024 et quelques figures du landerneau politique se sont succédé pour livrer une longue et violente diatribe sur la confiscation de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance.
Par Hachim Mohamed
Ahmed Hassane El Barwane, qui a présidé la rencontre, Abdou Soefo, Mouigni Barala Said Soilihi et d’autres opposants ont dénoncé l’appropriation de la part du régime en place, du droit à la célébration de l’indépendance des Comores, particulièrement par le choix de l’emplacement où les cérémonies vont se dérouler.

« Le président a peur de la réaction de la population. Pourquoi ne pas le faire comme à l’accoutumée à la place de l’indépendance, mais à un endroit où de triste mémoire les fusils ont remplacé le ballon quand on y avait tué un jeune ? », se demande Ahmed Barwane.
Sur les 50 ans, plus de 30 ans de dictature
Surfant sur cette célébration de l’Indépendance délocalisée au stade Maluzini, Mouigni Barala Saïd Soilihi a profité de l’occasion pour tirer à boulets rouges sur les dictatures que les Comores ont connues sur les cinquante ans d’indépendance. Pour lui, à part les mandats de cinq ans de Mohamed Djohar, de six ans de Mohamed Abdallah Sambi ou encore de cinq ans d’Ikililou Dhoinine, le pays a souffert de plus 30 ans de dictature.
Au chapitre de cette période explosive, Abdou Soefo s’est fait un devoir de rappeler les troubles politiques et les de moments de violence aux Comores, principalement en 1985 et le début de 1986, une période pendant laquelle les droits et libertés fondamentaux ont été bafoués. Par ses envolées lyriques, Abdou Soefo a livré à l’assistance des éléments poignants qui permettent de comprendre pourquoi l’opposition parle d’une célébration confisquée. Arrêté avec une soixantaine de militants du Front Démocratique (FD), Abdou Soefo a évoqué les mauvais traitements qu’ils ont subis. Il a raconté avec amertume le procès de ces prisonniers politiques.
Il a aussi évoqué l’humanité du commandant Ahmed qui, après le procès contre les militants du FD qui s’est tenu au palais du peuple, a évité que ce soit les mercenaires qui ramènent Moustoifa Saïd Cheikh et ses compagnons à la prison de M’dé, avec le risque d’une atteinte à leur intégrité physique.
Mansuétude du régime d’Ahmed Abdallah
Abdou Soefo a également fait état des évènements postélectoraux, plus précisément aux jeunes qui ont été arrêtés depuis le mois de février 2024 et qui sont toujours en prison.
L’ex-candidat ne comprend pas pourquoi le président Azali Assoumani n’utilise pas ses prérogatives comme son prédécesseur, le défunt président Ahmed Abdallah qui, à l’occasion de son retour en grande pompe au pouvoir le 13 mai 1978 avait libéré les prisonniers politiques.
C’est vrai qu’à l’époque, poursuit-il, les militants du Front Démocratique contestaient la légitimité du président Ahmed Abdallah, mais nos compatriotes ont salué la libération des prisonniers politiques.
Quant à Ibrahim Abdourazak alias Razida, il est revenu sur ce qui s’est passé récemment à Mitsamihuli. Il a rappelé que pendant un concert le Secrétaire général du gouvernement, Nour El Fath Azali a été hué à Maloudja par une bonne partie des jeunes présents, lorsqu’il est monté sur scène. Avec la verve et l’humour qu’on lui connait, il a estimé qu’Azali Assoumani est tellement mauvais que s’il était de la génération des militants pour l’indépendance et qu’il savait qu’Ahmed Abdallah cherchait en catimini l’indépendance, il n’hésiterait pas à le contrecarrer.
S’il y avait dans la conférence quelque chose d’insolite qui a fait éclater de rire l’auguste assistance, c’est quand le journaliste Mze Mbaba a posé la question ayant trait à cette « culture de déplacement d’adresse » pour organiser une cérémonie ou recevoir de hautes personnalités. Il a fait remarquer que l’accueil des notables à l’approche de fêtes musulmanes ne se tient plus à Beit-Salam, mais systématiquement à Mitsoudjé, la ville de naissance du chef de l’État.















