Depuis plusieurs mois, les automobilistes comoriens se plaignent des nombreuses pannes survenues à leurs voitures. Ils les attribuent à l’essence vendue aux Comores, mais la Société Comorienne des Hydrocarbures (SCH) continue de nier que la qualité de l’essence qu’elle vend soit impliqué dans ces pannes.
Par Riyad Mubarak
Dans l’île d’Anjouan un sentiment de mécontentement grandit parmi les habitants et la cause en est la qualité du carburant disponible. De nombreux automobilistes constatent des traces de rouille autour de la trappe à carburant de leurs véhicules, traces qu’ils attribuent aux éclaboussures lors des pleins effectués dans les stations-service locales. Ces observations sont renforcées par la couleur foncée et l’odeur suspecte du carburant, alimentant les suspicions sur sa qualité.

La qualité du carburant mis en cause
Un chauffeur de taxi témoigne : « Nous n’avons pas le choix, nous devons utiliser ce carburant, même si nous doutons de sa qualité. Au début, nous pointions du doigt certaines stations véreuses, mais avec le temps, nous constatons que presque toutes les stations sont concernées. Cela nous pousse à penser que le problème vient peut-être de la société qui importe le carburant. »
Les conséquences de cette situation sont lourdes pour les automobilistes. Il n’est pas rare qu’un véhicule tombe en panne juste après un plein, obligeant le propriétaire à entamer un parcours coûteux chez le mécanicien : changement de pompe à essence, bougies, injecteurs, nettoyage du réservoir, sans oublier la perte du carburant jugé frelaté. Un mécanicien local confirme : « La qualité du carburant est bien la cause de toutes ces pannes. Je reçois quotidiennement au moins cinq clients pour ce type de problème. Les vendeurs de pièces détachées profitent de cette situation, notamment sur la vente de pompes, bougies d’allumage et injecteurs. »
Rien à signaler pour SCH
Face à ces dysfonctionnements, la responsabilité est renvoyée à la Société Comorienne des Hydrocarbures (SCH), principal importateur, et les stations-service dans une moindre mesure. Pour clarifier la situation, le chef de dépôt de la SCH, Mohamed Elhad, a effectué une descente dans les stations-service, de Patsy à Pagé, en début de semaine. Accompagné de gendarmes et de représentants du syndicat des chauffeurs « Oussoukani wa Massiwa », ils ont mesuré la densité des produits à l’aide d’un densimètre et vérifié que les pompistes effectuent régulièrement la décantation de leurs citernes avant de recevoir de nouvelles livraisons. Aucune irrégularité majeure n’a été signalée lors de ces contrôles.
Cependant, cette situation impacte sérieusement l’économie locale. Selon une enquête internationale menée dans plusieurs pays africains, certaines multinationales fournissent du carburant de mauvaise qualité. Oryx, principal fournisseur de carburant aux Comores, figure parmi les entreprises citées.
Il est impératif que les autorités compétentes prennent des mesures pour assurer la qualité du carburant distribué sur l’île, afin de préserver l’économie locale et la confiance des consommateurs.