Personnalité de la diaspora comoro-zanzibarite à Londres, Ahmed Radjab est décédé ce 4 février des suites d’une maladie. Il laisse derrière lui un héritage intellectuel et journalistique considérable.
Par Fahmy Nassor
Ahmed Radjab est décédé le 4 février 2025 à Londres. Philosophe de formation, auteur de plusieurs livres, il était connu surtout comme journaliste de la presse africaine. Il était à la fois Comorien et Tanzanien de Zanzibar.

Il était né à Zanzibar d’une mère comorienne originaire de Mitsamihuli (Ngazidja). Ahmed Radjab était bien plus qu’un simple journaliste, il était un véritable msomi, un intellectuel accompli dont la plume et la pensée ont marqué le paysage médiatique et littéraire est-africain.
Peu connu aux Comores, il jouissait pourtant d’une grande reconnaissance à l’échelle internationale. Son expertise lui a valu d’être membre de prestigieux jurys, notamment pour le Prix Mabati-Cornell Kiswahili en 2019, le Prix Caine de l’écriture africaineen 2018 et lePrix du journaliste africain de l’année de CNN en 1999. Ces distinctions témoignent de son influence et du respect qu’il inspirait parmi ses pairs.
Diplômé en philosophie de l’Université de Londres et titulaire d’un master en littérature africaine modernede l’Université de Sussex, Ahmed Rajab avait consacré son mémoire au poète de la négritude David Diop. Cette double formation, alliant rigueur philosophique et passion littéraire, nourrissait son approche du journalisme et de l’écriture.
Son parcours professionnel l’a mené à collaborer avec de grands médias comme la BBCetl’Agence d’information des Nations Uniesà Dubaï. Il a également occupé le poste dedirecteur de la stratégie d’Universal TV à Nairobi, prouvant ainsi sa polyvalence et sa capacité à évoluer dans des sphères médiatiques variées.
Parallèlement à sa carrière de journaliste, Ahmed Rajab était aussi un homme de Lettres. Son amour pour la langue swahilie l’a poussé à éditer plusieurs ouvrages, notamment des traductions d’ouvrages pour enfants. Il a également laissé sa marque dans la poésie. Ses poèmes figurent dans l’anthologie « African New Voices », publiée en 1997.
Son décès est une perte immense pour le journalisme, la littérature et la culture africaine. Mais son œuvre et son engagement intellectuel continueront d’inspirer les générations futures.