L’état des infrastructures routières d’Anjouan devient de plus en plus préoccupant. Routes accidentées, ponts fissurés et trajets périlleux sont désormais le quotidien des habitants. À cela s’ajoute le danger lié à l’emplacement de certaines routes, comme en témoigne le récent éboulement de terrain à Mutsamudu, qui a causé un mort et trois blessés. Alors que les fortes pluies aggravent la situation, les autorités tardent à apporter des solutions durables. Face à des réhabilitations partielles et des projets controversés, la population s’interroge : pourquoi les routes existantes ne sont-elles pas une priorité ?
Par Naenmati Ibrahim
Des routes en ruine, un danger omniprésent

L’île d’Anjouan connaît une détérioration alarmante de son réseau routier. Depuis plusieurs années, la situation ne cesse d’empirer, rendant les déplacements difficiles et dangereux. Chauffeurs de bus, conducteurs de camions et piétons doivent redoubler de prudence pour éviter les nombreux obstacles.
« Il faut rouler au ralenti pour ne pas abîmer le véhicule ou risquer un accident », explique Salim Ahmed, chauffeur de bus reliant Mutsamudu à Domoni. « Parfois, on met deux fois plus de temps à cause des trous et des crevasses. »
Les fortes pluies, combinées à l’absence d’entretien, ont transformé certaines routes principales en véritables parcours du combattant. Par endroits, le goudron a totalement disparu, laissant place à des pistes boueuses et rocailleuses, souvent impraticables pour les véhicules légers.
Dans la région du Nyumakele la frustration est encore plus grande. Les habitants dénoncent l’état déplorable de leurs routes depuis des années, sans aucun espoir de réhabilitation.
« On plaisante souvent en disant que cette route sera enfin refaite en 2029, lorsque le pouvoir reviendra à Anjouan », ironise un habitant.
Le pont de Trantingua : un danger imminent
Parmi les infrastructures les plus préoccupantes figure le pont Trantringa, un passage essentiel reliant Mutsamudu, chef-lieu de l’ile et plusieurs localités du centre à Bambao-Mtsanga, Domoni et Nioumakélé. Aujourd’hui, ce pont est en piteux état : fissuré, troué, il menace de céder à tout moment.
« On ne sait jamais si on arrivera de l’autre côté en un seul morceau », confie un commerçant qui l’emprunte régulièrement pour approvisionner son magasin.
Pour l’instant, seules des réparations de fortune ont été réalisées, notamment l’ajout de chevrons pour renforcer la structure. Mais ces mesures restent précaires et temporaires.
Selon des témoignages,les autorités ont annoncé la fermeture prochaine du pont une fois les travaux de la nouvelle route reliant Tsembehou à Trantringa terminés. Un projet, financé par l’Agence Française de Développement (AFD).
Le financement de la nouvelle route par l’AFD divise l’opinion. Si certains y voient une opportunité de désenclavement, d’autres estiment que cela aurait été plus utile à la réhabilitation des axes existants, qui sont aujourd’hui dans un état critique.
Des solutions tardives et une population excédée
Face à la colère grandissante, les autorités peinent à apporter des solutions concrètes. Les travaux avancent lentement et, lorsqu’ils sont réalisés, ils se limitent souvent à des réparations superficielles.
Les habitants dénoncent ces « pansements » comme ils les appellent, appliqués sur des routes en fin de vie.
« Boucher un trou ici et là ne règlera pas le problème », déplore un riverain.
Dans certaines zones, les routes sont tellement endommagées que les piétons préfèrent marcher sur les bas-côtés, plus sûrs que la chaussée elle-même.
Un avenir incertain pour les infrastructures d’Anjouan
L’avenir du réseau routier d’Anjouan reste incertain. Si la construction d’une nouvelle route peut soulager une partie des usagers, elle ne suffira pas à résoudre la crise des infrastructures.

Sans un programme de réhabilitation sérieux et durable, la situation continuera de se dégrader, mettant en danger la population et freinant le développement économique de l’île.
En attendant, les habitants d’Anjouan continuent de subir chaque jour les dangers des routes en ruine et des ponts fragilisés, dans l’espoir que, bientôt, leurs doléances seront enfin entendues.
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« Glissement meurtrier à Mutsamudu. Un mort et deux blessés », https://masiwa-comores.com/societe/glissement-de-terrain-meurtrier-a-mutsamudu-un-mort-et-deux-blesses/