Le gouvernement comorien a organisé une célébration officielle à Anjouan, dans la ville de Mirontsi, le mercredi 22 janvier, pour marquer la victoire de certains de ses candidats dès le premier tour des élections législatives qui se sont tenues le 12 janvier.
Par Naenmati Ibrahim
La célébration des victoires de la Convention pour le Renouveau aux Comores (CRC) aux législatives à Anjouan, bien que perçue comme une démonstration de force politique, a suscité des critiques. Certains estiment qu’elle était prématurée, car le processus électoral n’est pas encore achevé. En effet, un second tour est prévu le 16 février dans trois circonscriptions, où des candidats du parti au pouvoir sont toujours en lice. Ce jour-là se tiendront également les élections municipales, un rendez-vous électoral crucial pour le pays.

La cérémonie, qui s’est déroulée dans une ambiance festive, a réuni le président Azali Assoumani, la première dame Ambar Assoumani, ainsi que d’autres hauts responsables, dont Youssoufa Mohamed Ali, alias Belou, directeur de cabinet chargé de la défense. Lors de cet événement, le ministre Miroidi, le gouverneur et le président Azali ont exprimé leur gratitude envers leurs partisans et tous les Comorioriens. Le président Azali, fidèle à sa devise : « Quand Azali dit, il le fait », a exhorté ses partisans à tenir leurs engagements pour garantir un avenir prospère aux générations futures.
La CRC affirme son hégémonie à Anjouan
Le parti CRC a démontré sa domination sur l’échiquier politique anjouanais en s’imposant dans neuf des douze circonscriptions dès le premier tour, obtenant ainsi la majorité absolue. Ce triomphe, que les partisans du chef de l’État appellent le « Gwadzima », reflète la stratégie du parti visant à conclure le processus électoral dès le premier tour pour éviter un second tour souvent source de tensions.
Le président Azali Assoumani s’est montré particulièrement satisfait de ces résultats. Lors de son discours à Mirontsi, il a salué la confiance renouvelée de la population envers la CRC et ses orientations politiques. Il a également souligné l’importance de la stabilité et de la continuité pour le développement national, tout en promettant de poursuivre les réformes amorcées sous son mandat.
Cependant, cette victoire éclatante ne fait pas l’unanimité. Des opposants politiques et des observateurs indépendants ont exprimé des réserves quant à la transparence du scrutin. Des accusations de manipulation et d’intimidation ont été soulevées, bien qu’aucune preuve formelle ne soit encore disponible. Ces critiques nourrissent un débat récurrent sur la crédibilité des processus électoraux aux Comores.
Un succès controversé
Pour les partisans de la CRC, ces résultats représentent une preuve de la confiance du peuple envers la vision et le leadership du président Azali Assoumani. Toutefois, pour ses détracteurs, ils reflètent un affaiblissement inquiétant du pluralisme démocratique. Certains qualifient la stratégie du « Gwadzima »de manœuvre visant à étouffer toute opposition, renforçant ainsi le contrôle de la CRC sur le paysage politique.
Cette célébration prématurée a également été marquée par les propos du ministre Miroidi, élu dès le premier tour, devenant ainsi ministre et député. Il a affirmé que les électeurs avaient reconnu et soutenu la politique menée par le gouvernement. Ses déclarations ont suscité l’enthousiasme des partisans présents, renforçant l’élan en faveur du régime.
Le gouverneur d’Anjouan reconnaît une défaite partielle.
Le gouverneur d’Anjouan, Dr Zaidou Youssouf, membre de la CRC, a adopté une approche plus nuancée. Il a reconnu la défaite d’un candidat du parti au premier tour, affirmant que ce revers reflète la vitalité de la démocratie comorienne. « Nous avons enregistré une défaite, mais c’est une victoire pour la démocratie », a-t-il déclaré, se montrant optimiste quant à l’avenir.
Malgré les festivités, certains acteurs politiques et citoyens estiment que cette célébration aurait dû attendre la fin du processus électoral. Le second tour prévu en février, couplé aux élections municipales, reste une étape cruciale qui pourrait redistribuer les cartes entre les différents camps politiques.
Pour l’heure, le gouvernement semble déterminé à consolider son emprise sur le paysage politique d’Anjouan. Lors de son allocution, le président Azali a insisté sur la nécessité de transformer les promesses en actions concrètes, répondant ainsi aux aspirations démocratiques des Comoriens. Le dénouement des élections reste attendu avec une attention particulière, alors que le pays se trouve à un carrefour décisif de sa vie politique.