Ce jeudi 30 janvier, les habitants de trois circonscriptions d’Anjouan – Nioumakélé 3, Domoni 2 et Domoni 1 – ont été appelés aux urnes pour des législatives partielles. Cette nouvelle consultation fait suite à l’annulation des résultats du premier scrutin tenu le 22 janvier, une décision prise par la Cour suprême en raison de nombreuses irrégularités signalées dans ces circonscriptions.
Par Naenmati Ibrahim
La Cour Suprême avait annulé le premier tour des élections législatives dans les circonscriptions de Nioumakélé 3, Domoni 2 et Domoni 1 (Bambao-Mtsanga et les villages voisins) à cause des nombreuses irrégularités constatées. Le gouvernement avait convoqué les électeurs le jeudi 30 janvier pour un nouveau premier tour. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) avait pour mission de garantir un processus plus transparent afin d’assurer la crédibilité du vote.

Un scrutin sous haute surveillance
Lors du premier tour des élections législatives du 22 janvier à Anjouan, tous les candidats élus sans contestation appartenaient au parti au pouvoir, la Convention pour le Renouveau des Comores (CRC). Cette situation avait suscité des contestations et des accusations de fraudes dans certaines circonscriptions, conduisant à l’invalidation du vote dans les trois zones concernées.
Avec cette nouvelle élection partielle, l’enjeu était de taille, notamment pour le régime en place, qui espérait conserver ses sièges face à une opposition affaiblie. La CENI, critiquée pour sa gestion durant les scrutins, devait donc veiller à un processus plus équitable, sous l’œil attentif des électeurs et des candidats.
Une victoire attendue à Nioumakélé 3
À Nioumakélé 3, l’élection a pris une tournure inattendue avec la victoire de Soultoine Ali, un candidat indépendant. Avant même la proclamation officielle des résultats par la CENI, les habitants ont célébré son triomphe en dansant dans les rues, un signe de l’enthousiasme populaire pour un changement dans la représentation politique locale. Ce succès marque un revers pour le parti au pouvoir, qui espérait conserver tous les sièges . Bien que la fête était prématurée dans la circonscription de Nioumakele 3, l’enthousiasme des électeurs était palpable. Ce soutien populaire manifeste traduit une volonté de changement et un désir d’alternance au sein de la population.
Cela témoigne d’une confiance quasi absolue des partisans de Soultoine Ali en la victoire de leur candidat, mais aussi d’une tension politique dans laquelle les électeurs semblent vouloir exprimer leur opposition au régime en place.
Confirmation du pouvoir à Domoni 1
À Domoni 1, la tendance observée lors du premier scrutin s’est maintenue avec la victoire de Daouidar Aboubacar, candidat de la CRC. Cette victoire permet au parti au pouvoir de sécuriser un siège supplémentaire, confirmant ainsi son influence dans cette circonscription et dans l’ile.
L’élection à Domoni 2 a été marquée par une rivalité singulière entre deux amis issus du même quartier de Tambahi : Ahmed Ali Bacar, alias Listo, et Ibrahim Mouhamed Hanif alias Atrino. Membres de la même association culturelle, Utamaduni Soiffa, ils se sont retrouvés adversaires dans cette bataille électorale, mettant leur communauté face à un choix difficile.
L’ambiance après le scrutin était particulièrement animée : alors que Listo chantait avec ses partisans, Atrino dansait avec les siens, chacun persuadé de sa victoire. Finalement, c’est Listo, candidat du parti au pouvoir CRC, qui a été proclamé vainqueur. Cette élection illustre à la fois l’engagement politique de la population et les liens forts qui unissent les candidats au sein de leurs communautés.
Un scrutin révélateur des tensions politiques
Ces élections partielles témoignent des dynamiques politiques en cours à Anjouan. Si le parti au pouvoir a réussi à conserver deux des trois sièges en jeu, la victoire d’un candidat indépendant à Nioumakélé 3 montre une volonté de changement de la part d’une partie de l’électorat. Cette situation pourrait présager des recompositions politiques à venir et incite à une réflexion sur la transparence des processus électoraux aux Comores.
La CENI, bien que critiquée lors du premier scrutin, est tentée d’apporter plus de clarté à cette élection partielle. Reste à savoir si cette démarche suffira à rassurer l’opposition et à restaurer la confiance des électeurs dans le système électoral du pays.