Janvier 2024 – janvier 20025, à un an d’intervalle, des élections sont organisées aux Comores. Les premières ont été « remportées » par le Président en place depuis presque neuf ans ainsi que ses « poulains » aux postes de gouverneurs des iles. Celles du mois en cours, boycottées par une partie de l’opposition qui estime que les conditions ne sont pas réunies pour des élections apaisées et acceptées par tous. D’après ses partisans les plus durs, ils ne sont pas en mesure de prendre part à une mascarade électorale, orchestrée par le régime en place qui s’y accroche désespérément. En revanche, d’autres opposants et non des moindres refusant d’adopter la politique de la chaise vide se sont lancés dans la bataille afin de se pourvoir des places honorables dans l’Assemblée fédérale.
Par Abdillah Mohamed, un citoyen
En vérité la « machine CRC » est toujours prête à broyer ses adversaires, quels qu’ils soient, aussi puissante tant administrativement que financièrement, toujours en marche ne voulant laisser à quiconque occuper l’hémicycle de Hamramba. Raison pour laquelle l’omnipotent Secrétaire général du gouvernement, appelé par ses détracteurs, ministre Premier et également fils du président de l’Union ainsi que des ministres, dont ceux de l’Éducation nationale et des Affaires étrangères, entre autres, ont pris part au scrutin national afin de mieux s’asseoir dans l’appareil de l’État.

Le jour J était pluvieux. Force est de constater que rien n’a changé quant au déroulement du scrutin. Qu’est-ce qu’on n’a pas vécu et vu en vérité ? Des fraudes massives constatées par-ci, par-là dans toutes les régions et des iles, et surtout au niveau de Ngazidja. D’une part, un candidat indépendant de Moroni sud a été l’objet d’actes injustes et injustifiés, car ses assesseurs ont été exclus des bureaux, d’ailleurs il n’était pas le seul, des bourrages d’urnes effectués et des procurations vierges signées par le procureur de la République et non du préfet du centre comme on l’avait dit, circulaient comme de petits pains et en guise de justification. Ce candidat était en possession d’un exemplaire qu’il avait arraché d’un électeur du pouvoir. Et il a été arrêté et embarqué par les gendarmes pour le faire taire. Un autre candidat de Moroni-Nord, lui aussi « indépendant », poussait le même cri de désespoir après tout ce qu’on lui avait fait dans sa circonscription.
Un autre candidat d’Itsandra yambwani et celui de Hamahame au nord de l’ile, ont été victimes de tant d’irrégularités exorbitantes, car leurs rivaux du régime se sont servis des procurations des morts et d’expatriés pour voter en toute tranquillité. Autant d’actes d’une époque révolue ont pu se produire dans plusieurs localités, filmés grâce aux téléphones portables.
D’autre part, dans la capitale, vu la faible mobilisation des votants, de même dans plusieurs localités, par désintérêt pour les uns alors que pour d’autres les jeux sont faits d’avance à quoi bon de se déplacer. Quelques électeurs, aussi curieux soient-ils, voulant se rendre pour accomplir leur droit civique, ont pu constater que c’était inutile, car « on leur avait déjà voté ». À leur grand étonnement, ils ne savaient quoi dire ! Cependant le ministre de l’Intérieur Fakriddine Mradabi déclare qu’au niveau de Ngazidja, là où il y avait un problème, tout a été réglé permettant aux électeurs de faire leur devoir en toute quiétude.
Une chose est sûre : le camp du « Renouveau » sera très majoritairement représenté à l’Assemblée de l’Union permettant à son chef de continuer à gouverner comme bon lui semble. À en croire certains, des gens de mauvais augure, dans si peu de temps il serait procédé à une modification de la Constitution par le chef de l’État en faveur de son fils ainé afin de lui succéder, en cas de…
D’autres détracteurs, loin de partager ce point de vue, avancent que « nous ne sommes pas en monarchie, même si tout était possible d’après tout ce que nous avons vécu depuis une bonne décennie »
Ainsi se dégage un constat général aussi amer soit-il : aux Comores qu’on soit présent, absent ou disparu, on continuera à voter jusqu’au jugement dernier. À bon entendeur, salut !