Dans un monde en constante évolution, où les nouvelles techniques de construction marquent notre époque, il est essentiel de préserver l’histoire et les racines de chaque civilisation. Aux Comores, un riche patrimoine mérite d’être mis en valeur et sauvegardé. C’est pourquoi le pays s’engage activement à faire inscrire plusieurs de ses villes au patrimoine mondial de l’UNESCO, un projet d’une grande importance pour la préservation de son histoire pour les générations futures.
Par HOUDAIDJY SAID ALI, Juriste Publiciste et Internationaliste. Paris – France
Les Comores abritent des sites emblématiques comme l’ancien Palais Royal à Ikoni, les villes historiques de Mutsamudu, Domoni, Ntsoudjini, Itsandra et Foumbouni, ainsi que les quartiers chargés d’histoire de Moroni, tels que Mtsangani et Badjanani, témoignent du passé glorieux des Comores.

L’Union des Comores a déployé d’importants efforts pour faire reconnaître ce patrimoine. Le 30 janvier 2025, une délégation officielle a déposé à Paris la candidature de plusieurs villes comoriennes à l’UNESCO, notamment Ikoni, Moroni, Ntsoudjini, Itsandra, Mutsamudu et Domoni. Ces localités sont au cœur de l’histoire et de l’identité comoriennes.
Le gouvernement était représenté dans cette cérémonie par le gouverneur de l’île de Ngazidja et deux ministres : Fatima Ahamada, ministre de la Promotion du Genre, de la Solidarité et de l’Information et Porte-parole du gouvernement.
Les Comores : un carrefour culturel au cœur de l’océan Indien
L’archipel, situé au cœur de l’océan Indien, constitue un véritable carrefour des cultures. Sa population et sa culture métissées témoignent de siècles d’échanges et d’influences diverses qui ont façonné son identité unique.
D’un point de vue historique, les Comores s’enracinent profondément dans l’Afrique, comme en attestent leurs origines bantoues, illustrant leur appartenance au continent. Parallèlement, l’empreinte arabe y est indéniable, particulièrement visible au sein de certaines familles de Moroni, Iconi et Itsandra, Mutsamudu… Cette arabité se reflète dans l’organisation politique d’autrefois, où l’institution du sultanat rappelait celle des souverains du monde arabe. Le mode de gouvernance des anciens sultans comoriens présentait ainsi des similitudes avec celui du sultanat d’Oman ou de l’Empire ottoman, renforçant l’idée d’un brassage culturel ancré dans le temps.
L’influence européenne aux Comores ne saurait être ignorée, tant elle s’inscrit dans une dynamique plus large de découvertes maritimes. Des preuves tangibles du passage des navigateurs européens subsistent encore aujourd’hui aux Comores. Des tombes portugaises, vestiges de cette époque, jalonnent l’archipel. De même, certaines anciennes habitations conservent une architecture d’influence ibérique. À Iconi, l’imposante Fortaleza demeure un témoin emblématique de cette période, attestant de la présence portugaise aux Comores.
En tant qu’ancienne colonie française, les Comores ont vu leur histoire et leur culture se mêler à celles de la France. Ce passé colonial a contribué à enrichir la diversité culturelle du pays, qui se trouve aujourd’hui à la croisée de trois influences majeures : africaine, arabe et européenne.
Ainsi, les Comores illustrent parfaitement le concept de métissage culturel. Leur patrimoine, façonné par des siècles d’échanges et d’interactions, mérite d’être valorisé et préservé. C’est dans cette optique que l’inscription de plusieurs villes comoriennes au patrimoine mondial de l’UNESCO prend tout son sens : elle garantirait la protection de cet héritage inestimable et assurerait sa transmission aux générations futures.
Un patrimoine à préserver pour les générations futures
La richesse culturelle et historique des Comores mérite d’être préservée et mise en valeur, notamment par une reconnaissance au patrimoine mondial de l’UNESCO. Une telle inscription offrirait à l’archipel l’opportunité de protéger ses sites historiques tout en stimulant le secteur touristique, véritable levier de développement économique.
En attirant davantage de visiteurs, cette reconnaissance créerait de nouvelles opportunités d’emploi, notamment dans les domaines du guidage, de l’artisanat, de l’hôtellerie et de la restauration. En outre, elle pourrait ouvrir la voie à des partenariats financiers avec des pays partageant une culture similaire, tels que le Maroc ou le Sénégal, qui ont déjà bénéficié de soutiens internationaux pour la préservation de leur patrimoine.
La perspective d’une intervention du président Azali Assoumani pour finaliser le dossier témoigne de l’engagement du gouvernement comorien en faveur de cette démarche. Cette initiative s’inscrit dans une volonté plus large de renforcer l’identité culturelle des Comores et de promouvoir leur rayonnement à l’international.
Aujourd’hui encore, les agences touristiques constatent un regain d’intérêt pour les circuits de découverte à travers les îles. Moroni et ses environs, riches en histoire et en paysages préservés, restent des destinations privilégiées pour les voyageurs en quête d’authenticité. Cette dynamique souligne l’importance de poursuivre les efforts en faveur du développement touristique, notamment à travers la préservation et la mise en valeur du patrimoine comorien.
L’inscription des villes des Comores au patrimoine mondial de l’UNESCO constituerait ainsi une étape cruciale dans la sauvegarde de son héritage, tout en favorisant son attractivité touristique et son essor économique.