Le 9 novembre prochain à Nanterre, en région parisienne, aura lieu un salon de la culture et de la littérature comorienne. C’est la première fois qu’un évènement d’une telle envergure est organisé par la communauté comorienne de France. Masiwa s’est entretenu à ce propos avec Youssouf MDAHOMA, un des organisateurs de ce salon, secrétaire général de Comorimpact, association des étudiants comoriens en France, et gérant de l’agence PRESCO.
Par Propos recueillis par Natidja HAMIDOU
Masiwa – D’où vient l’initiative d’organiser le Salon de la culture et de la littérature comorienne en Région parisienne ?

Youssouf MDAHOMA – Le salon de la culture et de la littérature comorienne est un projet qui est porté par plusieurs structures. Il s’agit d’un projet qui met à l’honneur la richesse culturelle des îles, notamment l’artisanat, l’art culinaire, la littérature, la musique traditionnelle… C’est aussi une invitation à réfléchir sur les enjeux et les perspectives de la Culture comorienne telle qu’elle se profile à l’horizon, particulièrement ici en France où ces dernières années, les cultures minorées sont décriées et écartelées de toutes parts.
Masiwa – En quoi un tel événement est-il bénéfique pour les Comores ?
Youssouf MDAHOMA – Malgré une forte présence de Comoriens en France depuis plusieurs années, notre pays continue à subir une forme de marginalisation dans beaucoup de domaines. Il subsiste une forme de bégaiement sur tout ce que nous réalisons dans ce pays. Il nous semble aujourd’hui possible de comprendre les raisons de cet état de fait. Quand un peuple traite son identité comme quelque chose de marginale, il se traite lui-même comme un personnage secondaire, il renonce à sa place et la cède à d’autres. Nous pensons que la valorisation et la promotion de notre culture sont un puissant vecteur pouvant nous aider à sortir de cet isolement. Nous avons un riche patrimoine culturel qu’il faut mettre en lumière.
Masiwa – Quel est l’objectif à atteindre ?
Youssouf MDAHOMA – Cet événement a pour objectif à terme de mettre sur pieds une structure indépendante, un collectif capable de mobiliser plusieurs leviers pour promouvoir la culture et la littérature comoriennes. Cette première édition pose les jalons qui doivent nous conduire dans la réalisation de plusieurs projets culturels.
Masiwa – Quel est le programme de cet événement ?
Youssouf MDAHOMA – Le programme de l’événement est très dense, car nous voulons représenter la diversité de notre culture.
Un voyage culinaire sur la gastronomie comorienne, une invitation à entendre, à sentir et à gouter les saveurs et les délices des îles de la Lune. On ne peut pas célébrer la culture comorienne sans mettre en valeur le savoir-faire millénaire du pays à travers l’artisanat, la couture et la broderie traditionnelle. Des stands seront présentés pour faire découvrir au public les joyaux des îles. La littérature comorienne sera particulièrement représentée au cours de cet événement avec la participation de plusieurs auteurs et de toutes les maisons d’édition comoriennes. Des portraits des auteurs comoriens seront projetés dans la Salle du Congrès permettant au public de découvrir leurs parcours et leurs œuvres. Une conférence sera animée par Soeuf Elbadawi, auteur et artiste sous le thème : « Culture et brisure(s) en pays de Lune ». Cette conférence est une invitation à réfléchir sur le sens des mots qu’on emploie pour dire notre « Culture ». Utamaduni ? Ulimizi ? Quel terme faut-il employer pour saisir le réel ? Des panels seront organisés pour discuter, échanger autour des thématiques en lien avec la promotion et la préservation du patrimoine culturel comorien. Il y aura également du théâtre, des danses traditionnelles et un concert qui viendra clôturer l’événement.
Masiwa – Quelles sont les conditions pour pouvoir y participer ?
Youssouf MDAHOMA – En vue d’organiser un événement digne de son nom, les organisateurs ont engagé un certain nombre de dépenses, notamment la location de la salle des Congrès de Nanterre, le déplacement et le paiement des artistes qui vont assurer les différentes prestations. Ainsi, un système de billetterie est mis en ligne sur le site de l’événement pour faciliter les réservations. Celles et ceux qui ne peuvent pas réserver en ligne auront toujours la possibilité de se procurer des billets à l’entrée de l’événement. Celui-ci sera honoré par la présence de plusieurs associations, des entreprises et des particuliers qui vont disposer des stands pour faire la promotion de leurs activités. À cet effet, une contribution symbolique est prévue pour la gestion de leurs stands.
Masiwa – La ville de Marseille abrite une forte population de notre communauté comorienne, pourquoi le choix d’organiser la première édition en Île-de-France ?
Youssouf MDAHOMA – Il se trouve que la plupart des associations organisatrices de l’événement ont leurs sièges en Île-de-France. D’où le choix de l’organiser en région parisienne. Mais ce salon a vocation à mobiliser au-delà de la région. La preuve est que, parmi les participants, nous aurons des associations, des artistes et des personnes qui viendront d’autres villes de France.
Masiwa – Quelles sont les difficultés rencontrées dans l’organisation d’une activité d’une telle envergure ?

Youssouf MDAHOMA – Tout événement génère des difficultés inhérentes à son mode d’organisation. Celui-ci est semé d’embuches en raison particulièrement de sa forme inédite. On a l’habitude, nous les Comoriens, d’organiser des journées culturelles, des conférences ou des concerts, mais on organise rarement des événements d’une telle envergure. Mais on parviendra à contourner les obstacles tant on est persuadé que les finalités du projet dépassent les contraintes et les aléas, aussi imposants soient-ils.
Masiwa – Avez-vous pu obtenir des subventions ?
Youssouf MDAHOMA – Nous avons contacté un certain nombre de sponsors et de partenaires pour nous soutenir. Certains nous ont répondu favorablement, d’autres vont le faire incessamment, du moins on l’espère. Le plus important au-delà de l’aspect financier, c’est surtout la reconnaissance de la nécessité d’organiser un tel événement pour la promotion de notre culture. En ce sens, nous saluons les institutions qui ont répondu présentes à notre appel, notamment le ministère de la Culture comorienne qui a pris fait et cause pour notre initiative avec l’envoi probable d’un(e) représentant(e) pour assister à l’événement. La délégation permanente des Comores à l’UNESCO a accepté de nous accompagner dans ce projet. Nous avons aussi un certain nombre d’élus franco-comoriens qui sont agréablement surpris de notre engagement. Gageons que cet élan de solidarité se poursuivra avec force et que nos compatriotes se mobiliseront massivement comme il se doit pour honorer cet événement.