Lire simple et efficace
L’été bat son plein, et le soleil avec ! Juillet et août sont arrivés avec leurs nouvelles destinations, leurs activités et leurs mariages innombrables ! Vous cherchez un livre à mettre entre les mains de vos adolescents (et de vous-même !), notamment pour ces dernières semaines.
Rien qui ne soit long, compliqué ou onéreux, bien au contraire ! Ergonomique, léger et économique, il se partage ! vous pouvez l’emporter partout, car, on n’y pense pas toujours, mais, le livre est un véritable compagnon de voyage, un ami de choix pour les vacances !
Alors, pour vous garantir un moment sympathique, un petit détour du côté d’Ilina, la clandestine (Cœlacanthe, 2015) fera l’affaire. Quelques 75 pages écrites dans une langue simple vous emporteront par de brèves touches pratiques, pudiques et réalistes dans l’Insouciance qui avance, tranquillement, au gré d’une narration assez scolaire, vers son destin. C’est un peu ça Ilina, la clandestine, une trajectoire parmi tant d’autres trajectoires, celle d’une fillette de huit ans, emmenée par la vie et sa mère, dans la traversée en kwasa-kwasa pour rejoindre Mayotte et fuir la misère d’Anjouan, des Comores. La nouvelle se concentre ensuite sur le parcours de l’enfant que l’on suit jusqu’à sa réussite, alors adulte. Un parcours clair, énoncé brièvement, imprimé avec sobriété – par l’écriture d’un instituteur dont l’éloge à la profession est sensible -, et marqué surtout par, la littérature. La jeune anjouannaise, lit beaucoup, au point d’être « considér[ée] comme une folle » et d’être « surnomm[ée] la Fille aux livres » (p.64). Elle dévore les œuvres, s’enferme avec elles et parvient ainsi à tracer son bout de chemin dans un environnement pas toujours bienveillant. Tel est le dernier atout intéressant de la nouvelle, la mise en situation du message phare du récit : « il faut lire ! » Message subliminal, clignotant à des kilomètres sur toutes les pages : il faut lire ! Car, selon Faïzina, la jolie maîtresse d’Ilina, « La lecture est l’une des clés de la réussite. » Ainsi, comme l’incarne l’héroïne, le livre permet de côtoyer de nouveaux personnages, survoler de nouveaux horizons, il instruit et mène au succès. Ici, le récit ouvre les portes de la terre d’Ilina, et de toutes les clandestines de la terre.
Soit, pour nous lecteurs, ce ne sera pas les montagnes russes émotionnelles, pas de pleurs, pas de rires non plus, pas de peurs ni même d’angoisses, pas de soulagement, ni de grands bonheurs, mais, peu importe, le livre est sympathique à découvrir. Il est avant tout, efficace, car optimiste, simple et rapide, ce qui ne déplaira pas à vos jeunes ! Et au-delà de ces remarques apparemment légères, voire triviales, c’est peut-être dans cette simplicité et dans le personnage-prétexte que réside le charme de cette nouvelle. Ilina est un prénom ; la clandestine, une réalité. Celle de beaucoup, à travers le monde. Cette réalité, plutôt brûlante pour les adultes que nous sommes, est mise en lumière, certes, en surface, sans détails ni fioritures, quelques précisions de circonstance, tout au plus ! En cela, le texte pourrait laisser une impression d’inabouti, un peu facile même. Mais n’est-ce pas là une des clés de lecture ?
Ce qui est certain c’est l’idée d’un récit appartenant bien à une littérature jeunesse, permettant d’éveiller les plus jeunes aux questions de notre temps, dont celle du déracinement forcé, de la migration/immigration, de l’exil. Il fera naître des débats autour de cette question que se pose Ilina elle-même : « Notre île est-elle misérable, si misérable que les gens n’ont pas peur d’affronter la mort pour une autre vie que l’on dit meilleure ? »
Interrogation subsidiaire, mais sensible, qui poussera, sans en avoir l’air, vos enfants à réfléchir sur les Comores comme monde, et plus largement, le monde de tous les déracinés.
Thoueïbat Djoumbe
Docteur en Lettres
Enseignante
Pour vous procurer le livre : https://www.editions-coelacanthe.com/product-page/ilina-la-clandestine-maliki-mihidja%C3%A9