L’Union des Comores est frappée par une série d’actes de violence qui bouleversent la population. En l’espace d’un mois, à Anjouan, plusieurs agressions à la machette ont été recensées notamment dans la région de Bambao-Mtruni faisant trois victimes, un mort et deux blessées.
Par Naenmati Ibrahim
La dernière agression à la machette s’est produite ce jeudi 6 février à Chandra, où un homme d’une trentaine d’années, Salim Ali, a agressé violemment deux personnes, laissant derrière lui une scène d’horreur.

Le témoignage poignant d’une victime
Djamaldine El Hassad, 37 ans , marié et père de trois enfants, fait partie des victimes de cette attaque. Il revient sur ce moment tragique : « Je venais de mon champ à moto vers 16 heures lorsque j’ai croisé l’agresseur, un homme que je connais bien puisqu’il est de la même localité que moi. Je ne m’attendais pas à être attaqué. Sans prévenir, il m’a lancé une machette et m’a blessé à la main. Le sang coulait abondamment et je suis tombé de ma moto et j’ai demandé à une jeune fille de 12 ans de me prêter son châle pour comprimer la plaie. Et la jeune fille était terrorisée par la scène. »
Djamaldine s’est rendu au dispensaire le plus proche, mais il n’a trouvé personne. Il a alors demandé à sa voisine qui est sage-femme d’appeler l’ambulance. Mais, c’est la gendarmerie qui est arrivée en premier, alertée par un chauffeur de bus témoin de la scène.
L’agresseur s’en est pris aussi à une femme d’une soixantaine d’années, appelée Échat Bacar. Elle a reçu plusieurs coups de machette jusqu’à ce que son bras soit tranché.
Une attaque préméditée
Selon plusieurs témoignages. Salim Ali aurait d’abord tenté de s’introduire dans une agence de transfert d’argent ( RIA), mais la responsable a eu le réflexe de verrouiller la porte. Ne pouvant atteindre sa cible initiale, il s’est alors attaqué à la vieille femme qui vendait des légumes à proximité.
Alertés, les habitants de Chandra sont sortis en masse pour lyncher l’agresseur avant que les forces de l’ordre ne le récupèrent. Il est actuellement hospitalisé à Hombo après avoir reçu plusieurs coups de pierre.
Un climat d’insécurité qui inquiète
Cet incident intervient dans un contexte de violences récurrentes aux Comores. Il y a un mois, à Tsembehou, un jeune homme a tué un autre individu à coup de machette pour une simple querelle liée à des chiens. Dans le même temps, à Ngazidja, une femme a été assassinée et un homme a attaqué sa femme et sa fille à l’arme blanche.
Ces événements ravivent le débat sur la gestion de l’insécurité dans le pays. Djamaldine El Hassad accuse directement les autorités en disant : « Cet homme est un drogué connu de la gendarmerie. À chaque fois qu’il est arrêté pour des violences, il est relâché après intervention de ses parents. La gendarmerie porte une part de responsabilité dans ce qui s’est passé. »
Une femme témoigne que ce jeune homme qui a commis l’agression est très aimé par sa famille. Il avait depuis sa naissance un très joli visage, une beauté très appréciée, mais hélas très jeune il a commencé à se droguer et à boire de l’alcool. Il a même quitté l’école pour finir dans la délinquance.
Peine de mort ou réforme judiciaire?
Face à cette montée de la violence, la population est divisée. Certains réclament la peine de mort pour les criminels, estimant que la justice actuelle est trop laxiste. D’autres s’interrogent sur l’efficacité d’une telle mesure et plaident plutôt pour un renforcement des lois et un meilleur encadrement des jeunes en difficulté.
Alors que les victimes et leurs familles tentent de se reconstruire après ces agressions brutales, une question demeure : comment lutter efficacement contre cette spirale de la violence qui secoue l’Union des Comores ?