Du 9 au 12 juin 2025, le Système des Nations Unies (SNU) aux Comores a tenu sa retraite annuelle à Ngazidja. Cet événement a rassemblé les représentants des agences onusiennes, les autorités comoriennes, le secteur privé et la société civile, autour d’un objectif commun : renforcer les synergies pour accélérer les progrès vers les Objectifs de Développement Durable (ODD).
Par Naenmati Ibrahim
Un rendez-vous annuel pour faire le point et aller plus loin

Cette retraite 2025 a permis une réflexion stratégique sur les actions en cours et les priorités à venir. Pendant quatre jours, les échanges ont porté sur l’état de la coopération, les résultats obtenus et les défis à relever pour atteindre les ODD d’ici 2030.
La rencontre s’est ouverte par une session de dialogue avec le gouvernement comorien, en présence du Secrétaire général du gouvernement, Nour El-Fath Azali, de cinq ministres et de hauts cadres de l’administration. Cette première journée a permis de dresser un état des lieux des actions menées dans les secteurs prioritaires : éducation, santé, gouvernance, environnement, agriculture, etc.
Les agences onusiennes en soutien aux priorités comoriennes
La retraite a également mobilisé des représentants, des chefs de mission et des chefs de bureau des agences du Système des Nations Unies présentes aux Comores. Leur participation a couvert des thématiques variées : santé, éducation, migration, emploi, développement local, sécurité humaine, autonomisation des femmes et agriculture durable.
Certains représentants sont basés aux Comores et travaillent au quotidien avec les institutions nationales, comme Snehal Sonedji (PNUD) ou Mustapha Ben Messaoud (UNICEF). D’autres, comme Mbuli Charles Boliko (FAO) ou Frédérick Muia (OIT), ont une portée régionale mais connaissent bien les réalités du pays et y interviennent régulièrement.
Le secteur privé au cœur des enjeux économiques
Une journée de la retraite a été dédiée au secteur privé, en tant qu’acteur majeur du développement économique national. Puisque les décisions qui portent notamment sur la chaîne de valeur agricole, la transformation locale, et les obstacles à l’investissement, car cela relève de leur ressort. À savoir que les producteurs comoriens expriment souvent leurs préoccupations quant aux décisions prises sans leur implication, notamment sur les prix de commercialisation du girofle ou de l’ylang-ylang.
Une société civile dynamique mais à structurer
Le mercredi 11 juin a été consacré à la société civile. Des représentants d’organisations issues des trois îles de l’Union ont pris part aux échanges avec les agences onusiennes. Cette session visait à renforcer leur rôle dans le suivi et l’évaluation des politiques publiques, mais aussi à identifier les obstacles qui freinent leur impact sur le terrain.
Le Coordonnateur-résident du SNU, James Bot, a souligné l’importance d’une société civile forte, structurée et capable de jouer pleinement son rôle dans le développement. Il a invité les OSC comoriennes à s’inspirer de modèles régionaux réussis, comme celui du Sénégal, pour améliorer leur coordination.
La Dre Nkurunziza Triphonie, représentante de l’OMS, a pris la parole pour saluer le travail de Zahara Abdallah, qui représentait l’Association Comorienne de lutte contre le Cancer chez la Femme (ACCF). Elle a exprimé sa solidarité face aux défis rencontrés et a rappelé l’importance d’un accompagnement durable pour les structures locales engagées sur les questions de santé publique.
De son côté, Mbuli Charles Boliko, représentant de la FAO, a tenu un discours fort : « Répéter les mêmes gestes produit les mêmes résultats ». Il a mis en garde contre la dispersion des énergies au sein de la société civile et plaidé pour une convergence des efforts : « Le chacun pour soi freine gravement le développement dans beaucoup de pays africains », a-t-il insinué.
Une désorganisation révélée au grand jour
Un exemple frappant de cette désorganisation a été mis en lumière par Anzaouir Ben Alioiou, Chargé de la Coordination du développement, partenariats et financement du développement au Bureau du Coordinateur-résident. Il souligne qu’alors même que la réunion officielle entre le SNU et la société civile se tenait à Itsandra, une autre rencontre avec des membres de la société civile se déroulait au même moment au sud de Moroni. Or, plusieurs figures centrales de la société civile comorienne, comme les présidents des Maisons des Organisations de la Société Civile, MOSC Ngazidja et MOSC Anjouan et la FADESIM (Fédération des acteurs du Développement Économique et Social de l’île de Mohéli) n’avaient pas été informées de cette autre rencontre.
Cela témoigne d’une grave carence de coordination entre les organisations. Il met en évidence le besoin urgent de structurer les OSC, de renforcer la communication interne et de professionnaliser leur gestion afin d’éviter de tels chevauchements qui nuisent à leur crédibilité.
Un cadre renforcé pour des actions concrètes
Cette retraite a été un moment fort de dialogue franc et constructif entre les Nations Unies et les différents acteurs du développement aux Comores. Elle a permis de partager les réalités du terrain, d’identifier les priorités communes et de consolider les partenariats pour aller plus loin ensemble.
Le défi, désormais, est de transformer ces engagements en actions tangibles, ancrées dans les réalités locales, capables de répondre aux attentes des populations et de faire progresser durablement le pays sur le chemin des ODD.