Ce dimanche 16 février, les électeurs comoriens étaient appelés aux urnes pour élire leurs conseillers municipaux, un scrutin essentiel pour la gestion locale et le développement des communes.
Par Naenmati Ibrahim
Les élections communales à Anjouan ce dimanche ont été marquées par un certain contraste entre les régions.

Si dans la 35ᵉ circonscription d’Anjouan, Bambao-Mtruni, l’élection s’est déroulée sans grand engouement, avec une participation qui était faible, dans d’autres localités comme Mirontsi et Domoni, l’élection municipale a suscité plus d’intérêt que les législatives de janvier dernier.
L’engouement observé dans certaines circonscriptions s’explique par une meilleure compréhension des enjeux municipaux. « Ici, les gens savent à quel point une bonne gestion communale peut impacter leur quotidien », affirme un électeur de Mirontsi.
À l’inverse, à Chandra, une membre du bureau de vote (MBV) se dit étonnée de l’apathie ambiante : « C’est comme si les gens dehors n’étaient même pas au courant qu’il y a une élection aujourd’hui. »
Un scrutin marqué par des irrégularités
Le candidat indépendant Soidik Ahmed a dénoncé plusieurs dysfonctionnements dans la région de Bambao-Mtruni. À Tsembehou, un bureau de vote a ouvert avec plus de deux heures de retard en raison de l’absence des membres du bureau de vote. Dans un autre, c’est le président du bureau lui-même qui était absent.
Selon Soidik Ahmed, certains bureaux de vote à Tsembehou manquaient d’agents électoraux, et d’autres n’étaient tout simplement pas ouverts au début du scrutin. Il accuse la Commission électorale Nationale indépendante (CENI) d’avoir envoyé la liste des MBV trop tard, rendant impossible le remplacement des absents. Ces problèmes ont également été observés dans les bureaux de Chandra et Dindri.
De son côté, le candidat de la CRC dans cette même circonscription, Anzidou Saendou, minimise ces accusations. Il affirme que les électeurs se sont déplacés normalement et que l’élection s’est déroulée sans encombre. Toutefois, les témoignages recueillis et la situation sur le terrain contredisent cette version.
Un désintérêt grandissant pour la politique ?
Si aucun incident majeur n’a été signalé et que la météo était clémente, contrairement à ce qui s’est passé pendant les législatives marquées par la pluie, le taux de participation reste un sujet d’interrogation. Certains habitants de Bambao-Mtruni se disent fatigués de la politique et du cycle incessant des élections. « Les gens ne croient plus aux promesses. On enchaîne les scrutins alors que même l’électricité est devenue un problème quotidien », confie un électeur déçu.
Pourtant, les élections municipales aux Comores revêtent une importance particulière dans un pays où la gouvernance locale joue un rôle crucial dans le développement des communautés. Les communes sont responsables de la gestion des services de base tels que l’eau, l’électricité, l’éducation et la santé. Une administration municipale efficace peut donc améliorer significativement la qualité de vie des citoyens.
Cependant, la faible participation électorale à Bambao-Mtruni soulève des questions sur l’engagement civique et la confiance du public envers les institutions locales. Les irrégularités signalées, telles que l’absence de personnel électoral et les retards dans l’ouverture des bureaux de vote, peuvent également entamer la crédibilité du processus électoral et décourager les électeurs potentiels.
Le rôle de la CENI dans le processus électoral
La Commission électorale Nationale indépendante (CENI) est chargée d’organiser et de superviser les élections aux Comores. Sa mission est de garantir la transparence, l’équité et la crédibilité des scrutins. Les accusations portées par le candidat indépendant Soidik Ahmed concernant la gestion des bureaux de vote à Bambao-Mtruni mettent en lumière des défis organisationnels persistants.
La distribution tardive des listes de membres des bureaux de vote et le manque de formation adéquate du personnel électoral sont des problèmes récurrents qui nécessitent une attention particulière. Pour restaurer la confiance du public, la CENI doit renforcer ses capacités logistiques et assurer une communication efficace avec toutes les parties prenantes du processus électoral.
Perspectives d’avenir pour les communes comoriennes
Reste à voir si cette élection municipale apportera des changements concrets ou si elle renforcera le désenchantement d’une partie de la population comorienne. Les nouveaux conseillers municipaux auront la responsabilité de répondre aux attentes des citoyens en matière de services publics et de développement local.
Pour réussir, ils devront adopter une approche transparente et inclusive, en impliquant les communautés dans la prise de décisions et en assurant une gestion efficace des ressources. La collaboration entre les différentes instances gouvernementales, la société civile et les partenaires internationaux sera également essentielle pour surmonter les défis et promouvoir un développement durable aux Comores.
Les élections municipales de ce 16 février mettent en évidence des disparités régionales en termes de participation et de confiance envers le processus électoral. Pour renforcer la démocratie locale et favoriser le développement des communes, il est impératif d’aborder les problèmes organisationnels, de restaurer la confiance du public et de promouvoir une gouvernance participative et transparente.