Quand, après les assises nationales de 2018, Azali Assoumani, élu en 2016 président de l’Union des Comores pour cinq ans, dans la confusion totale, décide de changer la Constitution et mettre un terme à son mandat pour organiser d’autres élections en mars 2019, tout cela dans l’illégalité, il devient automatiquement illégitime. Pire encore, lors du référendum de 2018 et des élections présidentielles de 2019, il s’est appuyé sur l’armée pour transformer des scrutins en mascarades électorales.
Par Djo Bacari
L’histoire politique récente retient que l’ex-président Azali Assoumani est le premier destructeur de notre pays. Il est le chef d’état-major qui a abandonné ses subalternes pour se réfugier à l’Ambassade de France au moment où ils avaient besoin de lui pour défendre la patrie en danger, sous la menace du mercenaire Bob Denard, qui a fini par renverser le président Saïd Mohamed Djohar en 1995.

Notre histoire politique retient aussi que l’ex-président Azali Assoumani arrive pour la première fois à la tête des Comores après le coup d’État du 30 avril 1999. Les Comoriens n’oublieront jamais que pour réussir son coup d’État il a poussé des bandes de jeunes Grand-comoriens à malmener leurs compatriotes Anjouanais résidant en Grande-Comore.
Notre histoire politique retient que l’ex-président Azali Assoumani est le dirigeant politique qui a failli provoquer une guerre civile dans notre pays juste pour atteindre le pouvoir. Les Comoriens se rappellent encore aujourd’hui des tensions qui ont envahi Moroni et ciblaient ceux qui prononceraient « ndrimu » au lieu de « ndimu ». Trois jours sombres dans notre histoire.
Notre histoire politique retient que c’est l’ex-président Azali Assoumani qui a fortifié et installé de manière durable la culture de la fraude électorale. En 2002, avec son ex-Premier ministre, Hamada Madi Boléro, devenu président par intérim, chargé d’organiser des élections libres, démocratiques et transparentes, ils décident de manipuler à leur guise les scrutins dans le but de décourager ses adversaires de poursuivre le processus électoral. Ils réussissent leur coup, car Mahamoud Mdradabi et Saïd Ali Kemal préfèrent se retirer de la course après les nombreuses irrégularités du premier tour.
Notre histoire politique retient que l’ex-président Azali Assoumani est le dirigeant comorien qui a le mieux appris aux jeunes cadres et intellectuels que quand on a le pouvoir, on est au-dessus de la loi, et qu’on peut faire ce que l’on veut sans craindre la justice.
Notre histoire politique retient que c’est sous le règne de l’ex-président Azali Assoumani qu’il y a eu plusieurs meurtres et assassinats sans qu’il n’y ait des poursuites des meurtriers et assassins. Les Comoriens et familles des victimes se rappellent encore du procureur Ahmed Abdou puis Djouneid qui disaient toujours avoir ouvert des enquêtes sans jamais aller jusqu’au bout. Des procureurs au service d’un régime qui maltraite son peuple.
Notre histoire politique retient que c’est sous le règne de l’ex-président Azali Assoumani que des militaires ont été froidement assassinés dans les casernes sans que les responsables ne soient arrêtés, jugés et condamnés. Major Moutu, commandant Faysoil, et Nassor, un civil, tous les trois tués par balles au camp militaire de Kandani. Major Bapalé, torturé et assassiné au camp militaire de Sangani, puis enterré au cimetière de Mirontsi/Anjouan dans un sachet noir avec ses habits avant que des habitants de la ville viennent déterrés son corps pour lui organiser un enterrement digne d’un mort musulman. Le jeune gendarme Ahmed Abdou, alias Fanou, arrêté et torturé jusqu’à la mort. Son corps sans vie est déposé chez sa mère le lendemain. Encore une fois, le procureur Djouneid, actuel président du tribunal, dit avoir ouvert une enquête qui n’aura jamais de suite.
Les Comoriens retiennent tous ces basses manœuvres et attendent le moment opportun sous un régime démocratique pour demander justice. La justice est nécessaire pour la paix dans tout pays. Sous Azali Assoumani, la justice est piétinée, l’impunité devient monnaie courante. Mais cela ne va pas durer longtemps. Aucun pouvoir n’est éternel, quelle que soit sa force. De grandes dictatures sont tombées, les dirigeants à la tête de celles-ci, sous la pression de leur peuple, ont pris la fuite pour se réfugier à l’étranger pendant que d’autres sont attrapés et exécutés. Que les membres du régime d’Azali Assoumani comprennent enfin que dans les affaires publiques, les hommes passent toujours, mais le nécessaire demeure. Qu’ils sachent que la justice, la démocratie, la liberté, bref, un État de droit est nécessaire pour la stabilité de tout pays. Très bientôt, ils seront face à leur histoire chaotique, voire macabre qui marque leur passage au pouvoir.
De jeunes politiques qui n’ont aucune honte n’hésitent pas à fêter des résultats entachés par les bourrages constatés partout. Ce pays se relèvera sans vous. Avec tous ces dérapages, le peuple comorien souffrant, pris en otage depuis huit ans, doute de la soit-disant amitié avec les pays tels que la France, les Etats-Unis, la Tanzanie, l’Afrique du Sud, le Kenya qui connaissent la situation politique anarchique de leur pays via leurs ambassades respectives sans dire un mot.
Notre histoire politique retient que c’est sous les yeux des dirigeants actuels de tous ces pays amis qu’Azali Assoumani brutalise son peuple, en commençant par piétiner toutes les libertés et la démocratie. Que ces pays dits amis sachent que des opposants politiques pourrissent dans les prisons et risquent de mourir. L’adage nous dit que « celui qui ne dit rien consent ». N’est-il pas Jean Jacques Rousseau qui a écrit que « celui qui reste muet au mal assiste le mal » ? Ne laissez pas un peuple ami, paisible, accueillant malgré sa pauvreté, fortifiée par le régime en place, sombrer dans le chaos. Comme vos peuples autrefois, les Comoriens ont besoin de la paix, maintenant.
Les injustices dans tous les domaines doivent cesser enfin.