Le système éducatif comorien est encore en deuil. Il vient de perdre un des enseignants les plus dévoués. En cette matinée du 18 septembre 2024, nous apprenons le décès d’Ali Ben Ali, qui durant sa longue carrière, était un éducateur hors pair : instituteur, conseiller pédagogique, inspecteur et aussi encadreur ou plutôt formateur.
Par Abdillah Mohamed, ami et enseignant à la retraite.
Ben Ali et moi nous nous sommes connus à l’école primaire des Garçons, future Moroni Application, aujourd’hui École Saïd Mnémoi, en hommage à celui qui, des décennies durant, était enseignant et directeur de cet établissement situé en allant à l’ancien aéroport de Moroni, face à la société comorienne des hydrocarbures.

Bien qu’issus de différents quartiers, nous avions rapidement sympathisé. Et au début des années 1970, j’ai intégré un groupe d’adolescents cinéphiles de son quartier dont il faisait partie. Ensemble, pendant les vacances de Pâques, nous grimpions les hauteurs de Mkazi jusqu’à un lieu de villégiature appelé “Belvédère”. Aussi Boboni, un endroit superbe et riche en fruits sauvages.
Ensuite en 1974 et 1975 (veille de la proclamation de notre indépendance) nous avions fait le tour de notre ile (Ngazidja), évidemment à pied avec une montée au Karthala, à partir d’Idjinkoundzi dans le Dimani, début juillet 1975.
En septembre 1976, c’était le tour de Mwali qui, durant une demi-dizaine de jours, nous avions parcouru les sentiers et les routes non goudronnées. Dans notre groupe, Ben Ali était à la fois l’animateur et le comédien et on l’appelait familièrement ”Bebel” (référence à l’acteur français Belmondo)
En 1977-1978, avant la chute du régime révolutionnaire, il fréquentait l’école normale de Mvouni. Au retour d’Abdallah au pouvoir, Ben Ali entama sa longue carrière dans l’enseignement.
Tour à tour instituteur, puis directeur et après des formations et examens, il devient conseiller pédagogique, ensuite inspecteur jusqu’à sa retraite, il y a environ huit ans.
Remarqué pour ses compétences pédagogiques, il était en permanence engagé à l’Alliance française de Moroni pour former les apprenants de la langue de Voltaire et en même temps, il s’occupait de certains établissements notamment ENOUMECO à Magoudjou (Moroni Nord) de l’encadrement des enseignants.
D’ailleurs, 48 heures à peine avant son décès, il vantait les succès de cet établissement, à la télévision. En somme, une vie consacrée dans l’ensemble à l’éducation et à la formation des enfants et des adultes.
Il est à noter que le corps enseignant constitué d’instituteurs, de conseillers et d’inspecteurs a fait un grand hitma en son honneur à l’école publique Saïd Mnemoi dans la matinée du samedi 28 septembre.
Puisse le bon Dieu lui accorder sa miséricorde ! Adieu vieux compagnon !