Le village de Diboini, situé dans la région de Hamanvou, a accueilli le 14 mai, Dr Abdou Djohar, éminent linguiste comorien, participant à la défense et à la valorisation de la langue comorienne.
Propos recueillis par Mohamed Issihaka, Médiateur culturel
Docteur Djohar est une figure respectée dans le monde académique. Linguiste de formation, il a consacré l’essentiel de sa carrière à l’étude, à la promotion et à la transmission du shikomori. Après des études supérieures en linguistique, il a publié de nombreux travaux sur la langue comorienne. Son engagement pour que cette langue soit reconnue et enseignée à tous les niveaux du système éducatif fait de lui un véritable ambassadeur culturel.

Un accueil populaire et solennel
L’arrivée du Dr Djohar à Diboini a été marquée par une immense ferveur populaire. À la place publique du village, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, personnalités locales, cadres originaires de Diboini, ainsi que le maire de la région, ont répondu présents pour saluer le linguiste. L’événement a été ouvert par la lecture du Saint Coran, récité avec solennité par un jeune de Diboini.
Des élèves de l’école Amani de Diboini-Mbambani ont pris la parole à travers des textes écrits pour l’occasion, exprimant avec enthousiasme leur fierté d’accueillir un homme de science qui milite pour leur propre langue. Le Directeur de l’établissement a également salué cet instant historique et encouragé les élèves à suivre l’exemple de ces pionniers engagés pour leur culture.
Discours et engagement pour l’avenir
Les interventions se sont succédé, riches et inspirantes. L’ancien maire de Diboini a pris la parole pour rappeler brièvement l’histoire du village, soulignant l’attachement ancestral à l’identité culturelle et linguistique.
Dans son discours, le Dr Djohar a tenu à exprimer avec une profonde reconnaissance sa gratitude envers l’association Uoni, soulignant que sans son appui constant – notamment pour l’organisation de ses déplacements, la logistique des événements et la mobilisation sur le terrain – ses actions seraient très limitées, voire impossibles à réaliser. Il a salué l’engagement désintéressé de ses membres, qui œuvrent avec détermination pour la promotion de la langue comorienne et de la culture locale.
Le Dr Djohar a ensuite insisté avec force sur l’urgence de préserver et transmettre la langue comorienne. Il a illustré ses propos par des exemples marquants, citant notamment le cas du jeune Salim Hatubou, un modèle d’attachement à la culture nationale. Il a aussi rappelé qu’il est grand temps que l’État intègre davantage la littérature et l’histoire comoriennes dans les programmes scolaires, en complément – voire en priorité – des auteurs étrangers.
Lors de la conférence, il a également exprimé sa conviction que Diboini est un village profondément attaché à sa langue, donnant pour preuve la signalisation en shikomori dans les ruelles du village, et même sur un poste local où les villageois ont préféré écrire en shikomori plutôt qu’en français.
Une visite à la bibliothèque et un engagement pour la jeunesse
Après avoir terminé la conférence, le Dr Djohar s’est rendu à la bibliothèque de Diboini, en compagnie du Directeur et de plusieurs cadres du village. De nombreux sujets y ont été abordés, notamment l’avancement et l’évolution de l’enseignement sous ses différentes formes. Le Dr Djohar s’est montré disponible pour accompagner les élèves et les bibliothécaires, afin qu’ils puissent atteindre les niveaux qu’ils méritent en tant que futurs professionnels du savoir.
Il a également été interviewé par la télévision locale, PLA TV, où il a exprimé sa joie face à l’accueil chaleureux qui lui a été réservé, tant par le village que par les jeunes cadres et les élèves de l’école Amani School.
Un dernier geste de reconnaissance
Avant de quitter Diboini, une visite pleine de respect et d’émotion a été rendue à Hassani Mlanaoindrou, premier instituteur de Diboini et ancien député de la région de Hamanvou. Véritable baobab du village, il incarne l’engagement, la transmission du savoir et le dévouement à l’éducation. Grâce à ses efforts inlassables, de nombreuses générations ont pu réussir et s’élever.