Le 27 octobre, 66 Congolais, hommes, femmes et enfants, à destination de Mayotte, ont été débarqués dans l’île de Ngazidja par des passeurs. En attendant leur prise en main par les autorités, ce sont les femmes de Mitsamihuli qui les ont dignement accueillis pendant cinq jours.
Par MiB
Il y avait beaucoup d’émotion, de part et d’autre, dans la ville de Mitsamihuli, au nord de Ngazidja, lorsque les bus de l’État sont venus récupérer les derniers migrants congolais ce vendredi 31 octobre. Deux jours auparavant, 22 des 66 Congolais avaient été conduits par des voitures du gouvernement vers Moroni. Les autorités nationales, par la déclaration du ministre de l’Intérieur par intérim, Oumouri Mmadi Hassani, ont refusé de dire quelle était leur destination. De même, le préfet Mchangama Abbasse dit Razida, qui a assumé l’opération au nom de l’État, n’a pas voulu révéler la destination du dernier contingent, se contentant de dire qu’ils allaient rejoindre les 22 autres. Cela laisse entendre que les Congolais ne quittent pas l’île, du moins pas encore. Depuis quelques jours, le préfet ne cessait de dire que, malgré l’accueil chaleureux des Mitsamihuliens, les migrants ne pouvaient pas rester sur place, dans des foyers destinés à des actions culturelles.

La rumeur s’étant répandue qu’ils allaient être conduits en prison, les femmes qui s’occupaient de ces migrants se sont dites prêtes à continuer à le faire pour leur éviter des problèmes. Le préfet Mchangama a toutefois clarifié les choses en rassurant ses compatriotes, ainsi que les Congolais, qu’ils n’allaient pas être conduits en prison. D’ailleurs, aucune prison aux Comores ne serait en mesure de prendre en charge des migrants hommes, femmes et enfants.
Les 66 Congolais avaient été débarqués le lundi 27 octobre à l’aube par un bateau conduit par des passeurs depuis la Tanzanie sur une plage de Mitsamihuli. Les passeurs avaient fui et la population a eu le réflexe d’alerter immédiatement le préfet. Sur les 66 personnes accueillies à Mitsamihuli du 27 au 31 octobre, il y avait 16 enfants à qui il a fallu trouver immédiatement une alimentation adaptée. Cela n’a été possible que grâce aux dons effectués par certaines personnes charitables. De même, pour les premiers repas, les bonnes volontés de la ville ont fourni le nécessaire, avant que le gouvernement, ainsi que les organisations internationales ne prennent le relais, et des femmes volontaires ont cuisiné trois repas par jour pendant les cinq jours du séjour de ces migrants dans les deux foyers de la ville.
Avec les guerres qui ont eu lieu en Afrique de l’Est, la présence de migrants entre les quatre îles de l’archipel va devenir une habitude. Quelle que soit l’île, aucune ne semble prête à l’accueil régulier de migrants. Parfois, les autorités locales ou municipales sont débordées, comme on peut l’observer depuis de nombreuses années à Mayotte, mais aussi à Anjouan le 19 août dernier (lire : « Migrants interceptés au large de Mroumhouli (Anjouan) », Masiwa n°547 du 1er septembre 2025).
Dans ce dernier événement, les observateurs ont noté la solidarité exemplaire de la ville de Mitsamihuli. Les femmes se sont mobilisées pour cuisiner et faire en sorte que les enfants des migrants ne manquent de rien.
Il faut également souligner le travail efficace effectué par le préfet de la région de Mitsamihuli, Mchangama Abasse, car s’il y avait eu des problèmes, notamment entre migrants et locaux, il aurait reçu beaucoup de critiques. Dans cette période où la population comorienne est à cran, prête à se braquer contre les initiatives gouvernementales, le préfet a su éviter les actions trop coercitives (même s’il a su tenir à l’écart les badauds) et n’a pas cherché à réquisitionner les foyers, et a fait appel à la générosité du musulman comorien.
Le préfet a également su mettre en relation les services publics régionaux et les services de l’État en les connectant aux simples citoyens pour aider les migrants. C’est dans ce cadre que les médecins et les infirmiers de l’hôpital de Mitsamihuli ont également apporté les soins nécessaires à ces gens qui avaient passé plusieurs jours en mer.
Ces hommes et femmes avaient pour destination finale le mirage maorais, espérant bénéficier de l’asile de la France. Le chemin de la plupart d’entre eux ne s’arrête donc pas à Ngazidja. Et il faut s’attendre, dans les années à venir, à ce que les trois autres îles de l’archipel deviennent des lieux d’attente avant une migration définitive vers Mayotte.















