« Nous sommes ouverts, avec le président de la République, à une réforme ambitieuse de la zone franc », a déclaré Bruno Le Maire, ministre français de l’économie et des finances à l’issue de la réunion avec les ministres des finances et les gouverneurs des banques centrales des pays de la zone franc qui s’est tenue le 11 octobre dernier à Paris. C’est une première de la part de l’ancienne puissance colonisatrice. Une manière pour les autorités françaises d’essayer d’éteindre le feu des critiques de plus en plus acerbes contre cette zone monétaire regroupant 14 anciennes colonies françaises d’Afrique dont les Comores. En effet, de plus en plus de voix s’élèvent dans les milieux intellectuels africains pour dénoncer cette « servitude monétaire ». Bruno Le Maire s’est d’ailleurs empressé de souligner les atouts de la zone franc « un espace de stabilité et de prospérité ». « Être ensemble, ça protège ! C’est vrai pour les Etats de la zone franc et c’est vrai pour les Etats de la zone euro », a-t-il fait valoir. Par Faïssoili Abdou
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Dans leur livre remarquable L’arme invisible de la Françafrique, une histoire du franc CFA, publié en 2018 aux éditions de La Découverte, la journaliste Fanny Pigeaud et l’économiste Ndongo Samba Sylla, écrivent à propos de la zone franc : « L’esprit et la fonction du dispositif sur lequel repose cette création coloniale demeurent les mêmes qu’à sa naissance en 1945. Plus qu’une simple monnaie, le franc CFA permet toujours à la France d’organiser sur les plans économique, monétaire, financier mais aussi politique ses relations avec un certain nombre de ses anciennes colonies selon ses intérêts. Il est en somme la meilleure arme de la Françafrique, ce système de domination néocolonial si spécial que l’Etat français a mis en place, à la veille des indépendances africaines, dans le but de conserver en sous-main les avantages du pacte colonial ».
Les deux spécialistes poursuivent : « Nul ne sait combien de temps va encore durer cette histoire. Pour des raisons à la fois politiques, économiques et démographiques, l’avenir du franc CFA est cependant de plus en plus incertain. Sans forcément avoir tous les éléments techniques en main, un nombre croissant de citoyens africains sont conscients qu’il leur sera impossible de décider réellement de leur destin sans une souveraineté monétaire effective. Ces dernières années, de plus en plus de voix s’élèvent dans la rue, sur les réseaux sociaux, les milieux intellectuels ou artistique qui demandent la « fin du franc CFA ». Le compte à rebours pourrait bien avoir commencé ».
C’est depuis 1974 que l’Institut d’émission des Comores qui a remplacé la Banque de Madagascar et des Comores, avant de devenir la banque centrale des Comores (BCC) en 1981, a signé avec le ministère français des Finances une convention portant sur l’ouverture d’un compte d’opérations dans le registre comptable du trésor français. C’est ici qu’est déposée la part obligatoire des réserves de change du pays en contrepartie de sa convertibilité.
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