Mouayad Ahmed revient ici sur les multiples dimensions du drame causé par CHIDO : les bilans humains et matériels, mais aussi les répercussions économiques et sociales qui continuent de hanter les habitants.
Par Mouayad Ahmed
Le samedi 14 décembre 2024 restera gravé dans l’histoire de l’archipel des Comores comme un jour de désolation et de pertes irréparables. Le cyclone CHIDO, portant un nom désormais synonyme de désastre, s’est abattu sur les îles avec une violence inouïe. Mayotte, en première ligne face à la fureur de cet événement climatique, en ressort particulièrement meurtrie. Cependant, les conséquences de cette catastrophe ne se limitent pas à cette île. Les autres îles soeurs, Mohéli, Ngazidja et Anjouan ont ressenti également l’onde de choc de cet épisode tragique.
Mayotte, l’épicentre de la tragédie
Le cyclone CHIDO a frappé Mayotte de plein fouet, laissant derrière lui un bilan humain et matériel apocalyptique. Les chiffres, en constante évolution depuis samedi, révèlent des pertes considérables : des habitations emportées, des infrastructures réduites à néant et des vies brisées. Cette île, souvent perçue comme un havre de paix malgré ses défis, est aujourd’hui en lambeaux. Les secouristes, dépassés par l’ampleur des dégâts, peinent à répondre aux besoins urgents des survivants.
Outre les maisons détruites, Mayotte est confrontée à une crise sanitaire. Le manque d’eau potable et les infrastructures endommagées aggravent la situation des sinistrés. Les hôpitaux, débordés, peinent à offrir des soins à toutes les victimes, tandis que les organismes humanitaires lancent des appels à l’aide internationale.
La diaspora comorienne de Mayotte, pilier économique et social pour les familles restées sur les autres îles, est durement affectée. Pour beaucoup, la solidarité qui s’exprimait à travers l’envoi d’argent et de colis alimentaires semble compromise, ajoutant une nouvelle couche de désarroi aux insulaires.
Anjouan et les répercussions morales de la catastrophe
L’île d’Anjouan, étroitement liée à Mayotte par des liens familiaux et économiques, ressent profondément les retombées de cette tragédie. De nombreuses familles ont perdu des proches à Mayotte, emportés par la force implacable de CHIDO. Ces pertes humaines laissent un vide immense dans les cœurs et les foyers.
El-Nadjad Rachad, habitant de Patsy, résume bien la situation : “Nous vivons une double peine. Nous pleurons nos morts et, en même temps, nous nous interrogeons sur notre avenir.” Les Anjouanais, habitués à recevoir un soutien financier régulier de leurs proches vivant à Mayotte, se retrouvent désormais dans une position de fragilité.
Le mois sacré du Ramadan approche à grands pas, un moment traditionnellement marqué par un élan de solidarité. Mais cette année, les perspectives sont sombres. Les colis de nourriture et les dons d’argent, autrefois synonymes d’abondance pour beaucoup de familles, risquent de ne pas arriver. Anjouan doit désormais envisager un Ramadan sous le signe de l’incertitude.
Mohéli, l’île nourricière en péril
Mohéli, souvent considérée comme le grenier des Comores, a également subi les assauts de CHIDO. L’agriculture, secteur vital pour l’économie locale et l’approvisionnement des autres îles, est en lambeaux.
Said Omar Madi Boina Inrbadhwi, fondateur de l’entreprise agricole WANANI-FARM SARL, témoigne de l’ampleur des dégâts : « Nous avons perdu 1376 bananiers, dont 976 en pleine production. Ces cultures étaient essentielles pour nourrir des milliers de familles. » À cela s’ajoute la destruction de maniocs, fruits et légumes, réduisant considérablement les stocks alimentaires disponibles pour les mois à venir.
Cette situation met en lumière la fragilité du système économique et agricole des Comores, où chaque perte peut avoir des répercussions en cascade. Les mois de Miradj et de Ramadan, traditionnellement marqués par une hausse de la consommation, s’annoncent particulièrement difficiles.
Un appel à la résilience
Le cyclone CHIDO, par sa violence et ses conséquences, a marqué un tournant dans l’histoire récente des Comores. Cette tragédie met en lumière la nécessité d’unir les forces pour bâtir un avenir plus sûr et plus résilient.
Les défis sont nombreux, mais l’esprit de solidarité qui caractérise les Comores peut permettre de surmonter cette épreuve. En honorant la mémoire des victimes et en soutenant les survivants, l’archipel pourra, peu à peu, se relever de cette page sombre de son histoire.