Sittina Échat Salim Hafi est responsable de la lutte contre les violences faites aux femmes à Anjouan depuis de nombreuses années. Elle nous parle des actions menées au niveau de l’île, notamment à l’occasion de la Journée Internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
Propos recueillis par MiB
Masiwa – Quelles sont les actions prévues au niveau national et à Anjouan pendant la journée mondiale de Lutte contre les violences faites aux femmes ?
Sittina Échat Salim Hafi – Tout dépend de l’île qui célébrera la journée officielle. Cette année, à Anjouan, avec la Croix Rouge française, nous allons organiser une table ronde avec les parties prenantes, dans le cadre des 16 jours d’activisme pour la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles.
Masiwa – Quelles sont les statistiques disponibles sur les violences contre les femmes au niveau national et local ?
Sittina Échat Salim Hafi – Pour tout vous dire, les données sont envoyées à la délégation des droits de l’Homme. Ce que je peux vous dire c’est que selon les données recensées au niveau du Service d’écoute, un service qui est sous ma responsabilité, les victimes de violences sont à 90% des femmes et des filles.
Masiwa – Est-ce que vous estimez que les autorités, notamment le ministère de l’Intérieur et celui de la Justice, sont efficaces dans la répression contre les hommes violents ?
Sittina Échat Salim Hafi – Depuis 2019, le Code pénal a été modifié et toute agression sexuelle d’une mineure est considérée comme crime.
Masiwa – Existe-t-il au niveau national un plan de lutte contre ces violences ?
Sittina Échat Salim Hafi – Il y a le Code de la famille et le Plan national Équité et Égalité du Genre (PNEEG)
Masiwa – Depuis quand êtes-vous en poste à Anjouan ? Quel bilan faites-vous de vos actions dans l’île ?
Sittina Échat Salim Hafi – Je suis en poste depuis 2016.
Avec les programmes sur la prévention de lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles, on est arrivé à lever le tabou qui persistait dans la communauté. Maintenant les femmes et les familles dénoncent leurs agresseurs.
Nous sensibilisations aussi sur l’autonomisation de la femme, car une femme qui ne travaille pas est plus facile à violenter par rapport à celle qui ne dépend pas totalement de son mari.
Nous faisons également de la prévention et la prise en charge des victimes à travers le service d’écoute, une prise en charge médicale, juridique et psychologique notamment.
Nous mettons aussi en place les clubs « des hommes alliés », dont le but est d’amener les hommes à accompagner les femmes à leurs activités, et surtout à comprendre et soutenir la femme qui veut réaliser un rêve.
Nous partons du principe que si un homme comprend que la femme est aussi un être humain avant de regarder sa physiologie, il va participer à la sensibilisation des autres hommes pour soutenir les femmes