Par Khaled Simba
Les Cœlacanthes ont réussi là où nos hommes politiques échouent depuis des années. Ils ont réussi à unir le peuple derrière le drapeau de l’Union. Le temps d’un match et d’une nuit de célébration, nos origines villageoises et insulaires s’effacent devant la joie partagée, et des cœurs comoriens se sont mis à battre à l’unisson.
Au cœur de l’océan Indien, là où le bleu des vagues se mêle au ciel, les Cœlacanthes des Comores ont déclenché un raz-de-marée d’émotions, réunissant un peuple dans une célébration vibrante et passionnée. Ces victoires transcendantes ne sont pas simplement des triomphes sur le terrain de football, mais des moments qui réveillent la fierté nationale et unissent nos îles. Les Cœlacanthes sont devenus le symbole d’une nation, et chaque exploit est une invitation à la danse. Lorsque les Cœlacanthes marquent, les chants d’allégresse s’élèvent, les drapeaux flottent fièrement, et l’air est chargé d’une énergie contagieuse. Les différences qui pourraient diviser en temps ordinaire se fondent dans un amour partagé pour ces représentants intrépides de la nation. C’est dans ces moments de liesse collective que l’on réalise que la vraie richesse des Comores réside dans la force de son peuple. Un peuple jeune empli de patriotisme et d’amour qui continue d’espérer des lendemains meilleurs, malgré tout.
Le réveil de la fierté nationale
« Udombowa ndziaya keyishashih, yowu shashiha hawu renga wusoni ». Ce proverbe comorien résonne avec une vérité poignante à travers les performances de nos vaillants Cœlacanthes. À chaque match, à chaque victoire comme à chaque défaite, à chaque but marqué ou encaissé, ils tracent un chemin où la persévérance et la détermination sont les boussoles. Le parcours à la CAN, les victoires face aux grandes écuries africaines du football, les cuisantes défaites aussi, ont permis au peuple de vivre. Vivre le temps d’un match. S’attribuer le droit de rêver. L’écho de l’hymne national, porté par les supporters enflammés, résonne dans les rues, rappelant à tous que les Comores ne sont pas simplement une série de crises politiques, mais une nation vibrante et pleine de potentiel.
Les Cœlacanthes ont réussi là où nos hommes politiques échouent depuis des années. Ils ont réussi à unir le peuple derrière le drapeau de l’Union. Le temps d’un match et d’une nuit de célébration, nos origines villageoises et insulaires s’effacent devant la joie partagée, et l’on observe des cœurs comoriens battre à l’unisson. Les rues résonnent aux rythmes enjoués des chants des supporters, tantôt en shiNdzuani, tantôt en shiNgazija, et les enfants des îles célèbrent la victoire, ensemble. Des fêtes populaires qui ne sont pas seulement des célébrations sportives, mais des manifestations éclatantes de l’unité de notre nation. Une joie immense pour les patriotes que nous sommes, car c’est dans la diversité de nos origines insulaires que se forge une unité indestructible.
Pourtant, derrière les célébrations, il y a une réalité amère. Nos talents, dispersés à travers le monde, sont éclipsés par des dirigeants qui semblent oublier que les Cœlacanthes ne nagent pas seuls. Les décisions politiques actuelles et passées laissent la diaspora comorienne dans l’ombre, incapable de participer pleinement à la vie de la nation. L’histoire de ce jeune prometteur, contraint de retourner en occident en raison d’un salaire dérisoire offert par la SONELEC, est un exemple frappant des obstacles que nos compatriotes doivent surmonter. Le gouvernement doit réaliser que la richesse d’une nation réside dans la diversité de ses talents, disséminés aux quatre coins du globe. Il est impératif que le gouvernement élabore un plan concret pour encourager le retour des cerveaux comoriens expatriés. L’ouverture aux compétences de la diaspora est l’une des clés pour élever notre nation vers de nouveaux sommets.
Les Cœlacanthes, unité du peuple comorien
Pour y arriver, on devrait commencer par attribuer réellement à la diaspora le droit de vote et arrêter de jouer avec des histoires de calendrier qui ne convainquent que les laquais du palais. Nous devrions aussi accorder aux binationaux le droit d’être élus à la magistrature suprême en revenant sur cette décision du gouvernement de les exclure. Nous devons faire nation et nous n’y arriverons pas en mettant à l’écart une partie de ce qui fait de nous un peuple. Et nous aurons du mal à les convaincre de revenir si nous ne leur accordons pas les mêmes droits que tous les autres Comoriens. Les victoires des Cœlacanthes devraient être le catalyseur d’une prise de conscience. Il est temps que nos dirigeants comprennent que l’unité nationale ne peut pas être réalisée sans une inclusion totale, que le talent de la diaspora ne peut être ignoré sans conséquences.
Les Cœlacanthes sont plus que des joueurs de football ; ils sont l’incarnation de l’unité et du potentiel comorien. Leur parcours doit être une source d’inspiration pour un avenir meilleur, mais il est également le reflet d’une nation qui mérite des dirigeants à la hauteur de ses aspirations. L’espoir est là, dans les sourires des supporters, mais il est temps que nos dirigeants comprennent que l’unité et la prospérité ne peuvent être atteintes qu’ensemble, à la manière des vagues qui se rejoignent pour former une mer puissante.
Au milieu de l’euphorie de la dernière victoire contre le Ghana, il est crucial de reconnaître que l’enthousiasme du peuple n’est pas une simple ferveur passagère. C’est une déclaration ferme de reconnaissance envers ceux qui font honneur aux Comores. Les Cœlacanthes, enfants de la diaspora comorienne, ont réussi là où nos dirigeants échouent : ils ont uni les cœurs, ont effacé les divisions et ont montré que le talent, lorsqu’il est cultivé et célébré, peut être une force motrice pour le progrès. Chaque victoire des Cœlacanthes est une affirmation puissante que le peuple comorien, dans toute sa diversité, sait reconnaître et célébrer ceux qui portent haut les couleurs nationales.
Que cette unité éclatante inspire nos dirigeants à regarder au-delà des différences politiques et régionales pour construire un avenir où la fierté comorienne est synonyme de prospérité partagée. Les Cœlacanthes ne sont pas seulement des joueurs de football ; ils sont d’abord nos frères, et on l’espère aussi, les architectes d’une harmonie nationale qui transcende les frontières et unit les îles des Comores dans une danse éternelle de célébration et d’espoir.
En attendant, soyons intègres, soyons citoyens, soyons Comoriens, et le meilleur suivra.