Le corps de la petite Mounira Damine a été retrouvé dans un sac près de son village de Mromaji à Anjouan, après plusieurs jours de recherche.
Par Naenmati Ibrahim
Il s’agit d’une enfant. Une fillette du village de M’romaji dans la commune de Bambao-Mtsangua. La fillette était portée disparue depuis le mardi 20 août. La découverte de son corps sans vie a choqué sa communauté et le pays tout entier. Le corps de Mounira Damine a été retrouvé le samedi 24 août dans un sac de riz, jeté sur un rond-point tout près de son village. Un acte répugnant qui a suscité l’indignation de la communauté villageoise qui s’est rassemblée le dimanche suivant pour faire un « hitma » à l’encontre du ravisseur.
Aucun suspect
Il n’y a aucun suspect jusqu’à maintenant, ce qui rend la situation éprouvante.
Le pays tout entier est sous le choc par la façon dont cette jeune enfant a été traitée par son agresseur. Dans les réseaux sociaux, des internautes parlent de viol, mais rien ne le confirme puisqu’il n’y a pas eu d’examen médical sur le corps de l’enfant qui était déjà en décomposition. Mais cela reste une possibilité vu les circonstances du crime.
Selon les proches de la petite, elle a été égorgée. L’état du corps n’a pas permis à la famille et aux proches de la victime de procéder aux rituels réservés aux morts et notamment le lavage du corps du défunt.
Cet acte répugnant ressemble beaucoup à une affaire qui avait aussi suscité de vives réactions à Ngazidja et dans la diaspora comorienne. C’était en 2021 et il s’agit de l’affaire Faïna. Faïna Rahim originaire du village de Mwembwadjou dans la région de Mbude. La petite qui avait le même âge que Mounira Damine a été, elle aussi, enlevée, puis violée et assassinée. Mais la différence est que le corps de Faïna n’avait pas subi les mêmes traitements que celui de Mounira qui est en quelque sorte décapitée. Faïna a eu droit à un examen médical, ce qui avait prouvé l’acte de viol et la strangulation.
L’affaire Faïna
Un autre point important c’est que dans l’affaire Faïna, il y avait des suspects et des arrestations même si le procès a été long. Pour Mounira Damine c’est juste un crime atroce sans suites puisqu’il n’y a pas de suspect ni d’enquête proprement dite.
Fa¨na avait fait parler d’elle dans tout Ngazidja et la diaspora de Ngazidja s’était rassemblée pour défendre la cause de la famille et des enfants, et réclamer justice. Les Comoriens partout dans l’archipel et à l’extérieur avaient élevé la voix pour dire NON aux abus sexuels et aux violences faites aux enfants. Durant cette période beaucoup d’affaires de ce genre étaient remontées à la surface. On voyait des pancartes dans les mains des enfants sur lesquelles on pouvait lire « Je suis Faïna » avec le prénom d’autres enfants qui avait subi des violences. L’Association Faïna avait vu le jour.
Pour la dernière affaire, il n’y a eu que l’indignation dans les réseaux sociaux et le hitma de la communauté de M’romaji, comme si les gens avaient compris que dans l’Union des Comores les crimes, même les plus atroces, restent impunis donc le mieux est de demander justice directement à Dieu, le Juste, le Miséricordieux et le Tout-puissant.
Les circonstances exactes de la mort de la petite Mounira restent encore floues, mais il s’agit bien d’un meurtre puisque le corps a été soigneusement mis dans un sac de riz et déposé à un rond-point.
Impunité dans l’Union des Comores
Dans l’Union des Comores, les abus sexuels sur les enfants sont un sujet récurrent, mais qui est malheureusement sans issue puisque la justice reste faible sur ce genre de dossier. Il y a rarement de jugement sévère à l’encontre des agresseurs. C’est pourquoi juste après le meurtre de Faïna, l’Association Faïna a beaucoup lutté contre les violences faites aux enfants et les violences basées sur le genre aux Comores.
La défaillance de la justice comorienne contre les abus sexuels sur les enfants est une réalité qui choque la population et qui crée un sentiment de peur pour les familles qui ont des petites filles. Les enfants eux-mêmes ont peur parce qu’ils ont entendu parler de l’enlèvement de Mounira.
La tragédie que vient de connaître le village de M’romaji est rempli de suspicion. On se pose beaucoup trop de questions sur le ravisseur. Est-il de M’romaji ? Est-il du voisinage ? Est-il jeune ? Est-il normal ? Est-il fou ? Est-il un pédophile ? Est-il un récidiviste ? Est-il seulement un criminel ?
Les autorités n’ont pas réagi et jusqu’à maintenant et même l’Association Faïna qui s’est donnée la mission de défendre la cause des enfants victimes d’abus sexuels et protéger tous les autres n’a pas vraiment réagi. Elle a seulement fait un partage sur son compte Facebook pour informer de la mort de la petite Mounira. Pourtant le cas Mounira est une affaire similaire à celle de Faïna.