Alors qu’il pleuvait modérément ces derniers jours dans l’archipel des Comores, depuis vendredi, de fortes pluies se sont abattues sur la Grande-Comore, Anjouan et Mohéli provoquant des inondations dans certaines régions.
Par MiB
Les fortes pluies qui ont commencé vendredi aux Comores ont eu pour conséquences de grossir les cours d’eau, de les faire déborder et inonder les routes, les infrastructures publiques et même les maisons habitées par des familles. L’eau a envahi de nombreuses habitations et a contraint les occupants, au moins à la Grande-Comore à fuir, évacués par les pompiers et logés grâce à la solidarité communautaire. Un communiqué de la Direction Générale de la Sécurité civile (DGSC) évoquait dimanche les interventions des pompiers comoriens pour évacuer plus de 160 personnes dans des familles d’accueil.
Des dégâts matériels
Les dégâts matériels et économiques sont importants : puits et champs inondés, animaux emportés par les courants qui traversent les villes et villages. Dans les villes, souvent sans système d’évacuation des eaux de pluie, même les commerces ont pris l’eau et les marchandises ont été parfois rendues irrécupérables. Cela n’arrangera pas la hausse des prix constatée depuis plusieurs années, surtout que peu de commerçants sont assurés contre les intempéries.
À la Grande-Comore, la capitale, Moroni, a subi des inondations et la pluie a déstabilisé le travail dans les administrations et les commerces, notamment dans l’hôpital de référence, l’hôpital Al-Maaruf. Mais, les conséquences des pluies diluviennes ont été remarquées surtout au sud de la capitale, dans le Hambou, comme souvent dès qu’il y a de fortes précipitations dans l’île. Les inondations ont touché plusieurs villes, dont Bangoi Hambou, Mitsudjé (la ville de naissance du chef de l’État), Singani et Mdjoiyezi.
C’est dans cette région que les pompiers, et même leur chef, le colonel Rafick Abdallah ont eu le plus à intervenir, avec des moyens dérisoires, malgré ce qu’il affirme dans l’interview qu’il a accordée à Masiwa. C’est dans cette même région que samedi, sont arrivés Fakriddine Mradabi, ministre de l’Intérieur et Youssouf Mohamed Belou, chargé de la Défense et Secrétaire national du parti au pouvoir, alors que la ville est complètement inondée. Les deux ministres ont mis les pieds dans l’eau, les mains dans les poches et ont été photographiés, puis sont repartis. Tout cela en pleine intervention des hommes de la DGSC. Quant au chef de l’État, il est encore une fois en voyage et il n’est pas question pour lui de rentrer plus tôt.
Un enfant mort, emporté par les eaux
Dans la plus petite des îles, Mohéli, le chef-lieu Fomboni a subi les inondations, particulièrement dans l’hôpital de référence, qui a tout de même été remis en état de fonctionnement. Selon le communiqué de la DGSC, en plus de Fomboni, trois autres villes de l’île ont été inondées : Wanani, Boingoma et Hoani.
À Anjouan, c’est surtout l’ouest de l’île qui a connu les plus fortes pluies, la région de Sima et à Vassi, Vouani et Mjamawe où l’on compte la seule victime de ces intempéries, un enfant mort après avoir été emporté par les eaux.
Encore une fois, alors que de fortes pluies tombent dans les trois îles de la Grande-Comore, d’Anjouan et de Mohéli, la quatrième île de l’archipel qui continue à souffrir d’un manque d’eau ne connait pas le même sort, même si ces derniers jours il est tombé un peu plus de pluies.
Encore des superstitions
Une semaine après la proclamation des victoires d’Azali Assoumani et de « ses » gouverneurs par la Cour Suprême qui a refusé de prendre en compte les fraudes massives et évidentes, le choléra a fait son apparition fin janvier à la Grande-Comore, puis s’est répandu dans les autres îles en se fortifiant. Dans un pays où la superstition est une réalité quotidienne, certains Comoriens y ont vu un signe de Dieu. Cela peut expliquer que le gouvernement, mais aussi des citoyens, pour des raisons complètement différentes, ont minimisé au départ l’apparition de la maladie (le gouvernement aurait même refusé la vaccination envisagée par l’Organisation mondiale de la Santé). Après ces intempéries et inondations qui touchent notamment la région de naissance du chef de l’État, certains, en particulier dans des commentaires dans les réseaux sociaux y voient encore une malédiction à quelques semaines de l’investiture d’Azali Assoumani, un signe de la colère de Dieu.
En réalité, presque chaque année, il y a de fortes pluies suivies d’inondations plus ou moins importantes dans la région du Hambou. La seule malédiction des Comores est d’avoir des dirigeants qui ne prévoient pas les moyens de faire face aux dangers et notamment aux risques naturels prévisibles.
Le Directeur Général de la Sécurité civile laisse entendre qu’un travail de prévention des risques et de préparation de la population a été mis en place depuis quelque temps et qu’il devrait commencer à porter ses fruits.