Le directeur du Centre Hospitalier Régional Insulaire de Hombo, le Dr Ibrahim Salim a tenu une conférence de presse le 30 mai dernier dans l’enceinte de l’hôpital en présence de cinq autres responsables de l’hôpital pour évoquer le problème de non-fonctionnement du servir de la radiologie pour cause de panne de l’appareil.
Par Naenmati Ibrahim
Le Dr Ibrahim Salim a annoncé la mise sous chômage technique des contractuelles de l’hôpital dont la masse salariale avoisine les 12 millions KMF. La direction présente la solution comme l’ultime option, surtout face à un ministère de tutelle qui ne répond jamais à ses doléances qui ne se résument pas seulement à la radiologie, puisqu’à côté, il y a l’appareil qui servait à produire de l’oxygène qui est également en panne, obligeant l’établissement hospitalier à se fournir à Mohéli.
Une mise en chômage technique comme, un hôpital abandonné par le pouvoir central
D’après le directeur, l’appareil de radiographie sert aussi pour les malades atteints de la tuberculose, pour ceux qui ont des problèmes de cœur, pour ceux qui ont des problèmes au niveau du ventre (péritonite). Il est utile à toutes sortes de maladies parce qu’il permet de visualiser les organes, les os, mais aussi les tissus. Malheureusement, cela va faire déjà un an que l’appareil de radiologie ne fonctionne plus. Cela aurait causé des pertes humaines parce qu’il arrive que les médecins ne puissent pas faire de radio avant un diagnostic. Cette situation a amené la direction du CHRI de Hombo à opter pour le chômage technique. Une solution « en interne », souligne le directeur, face au silence de Moroni.
Certains malades préfèrent déjà prendre le risque de se rendre Mayotte parce qu’ils savent qu’il n’y a pas de radiographie à l’hôpital de Hombo, l’hôpital de référence d’Anjouan. La panne de l’appareil revêt une fonction dissuasive pour certains, considérant cela comme annonçant une mauvaise prise en charge. Selon le directeur et les autres responsables de l’hôpital présents durant la conférence, ils ont lancé beaucoup d’appels au gouvernement pour leur faire part de la situation, mais comme ils n’ont pas eu de réponse jusqu’à maintenant, ils ont pensé que le mieux était de prendre à témoin la population anjouanaise. Le ministère de la Santé a réagi le 1er juin, deux jours après la conférence de presse pour démentir des propos du directeur de l’hôpital.
Reprise à la volée du ministère de la Santé
Le ministère de la Santé a sorti un communiqué qui affirme qu’il a doté l’hôpital de Hombo d’un appareil de radiologie sophistiqué il y a un an. Et que ces efforts du gouvernement concrétisent le rêve de la ministre de la Santé qui n’a de cesse plaider pour le renforcement des plateaux techniques de toutes les structures de santé du pays. Le ministère s’est donc étonné qu’en trois mois l’appareil soit hors service pour des raisons de mauvaise manipulation. Pour la direction de santé de Hombo, ce n’est pas seulement l’appareil de radiographie qui fait défaut à l’hôpital principal de l’île d’Anjouan, il y a aussi un souci avec l’oxygène. Cela va faire déjà quatre mois depuis que la machine de l’oxygène est tombée aussi en panne, depuis le 4 mars 2023. Pour soigner les patients, l’hôpital de Hombo achète de l’oxygène à Mohéli selon les propos du directeur. Ce qui leur coûte vraiment trop cher. En effet, l’hôpital a besoin d’utiliser trois bouteilles d’oxygène par jour. Pour toutes ces raisons, l’hôpital a décidé de chercher des solutions en interne, ce qui signifie qu’ils vont devoir mettre au chômage technique plusieurs de leurs employés bénévoles pour réduire les dépenses et pouvoir acheter un autre appareil. Selon le directeur l’appareil coûterait dans les 10 millions, ce qui n’est pas grand-chose pour le gouvernement puisqu’eux même à l’hôpital de Hombo dépensent 12 millions par mois pour payer les 217 bénévoles. Et pour cette raison ils doivent envoyer une trentaine de leurs employés bénévoles qui travaillent dans le domaine de la radiographie en chômage technique parce qu’ils n’ont rien à faire. Mais, c’est aussi parce qu’il n’y a plus de recettes suffisantes pour assurer la charge de tous ces bénévoles. Pour le directeur c’est mieux de les mettre au chômage que de les garder sans les payer. Le directeur se plaint qu’il a déjà un mois de retard de payement des bénévoles.
Pour la production et la distribution de l’oxygène aussi, le ministère accuse le directeur d’avoir déformé la vérité. Le ministère de la Santé avec l’appui de l’UNICEF a décidé de doter l’hôpital de Bambao Mtsanga et CHRI de Sambakouni et de Fomboni des Unités de production et de distribution autonome d’oxygène médical. D’après le communiqué du ministère de la Santé, les locaux sont déjà construits et tout le matériel est déjà à Moroni et sera acheminé sur les sites au cours de la première quinzaine du mois de juin. Ce projet permettra à tous les hôpitaux de s’approvisionner en oxygène médical.
Aucune partie ne ment
Selon un médecin de l’hôpital de Bambao Mtsanga, le ministère a bien doté l’hôpital de Hombo, il y a un an, d’une radiographie. Un don d’appareils de radiographie en faveur de quatre hôpitaux dans l’île : centre hospitalier de Bambao Mtsanga, centre hospitalier de Mremani , centre de Pomoni et centre Hombo. D’après ce médecin, c’est bien vrai que celui de Hombo est tombé en panne quelques mois après. Le directeur n’a pas mentionné cela dans la conférence, et a préféré parler des conséquences.
En résumé aucun des deux parties ne ment, mais c’est le fait que le ministère ne tient pas compte de l’urgence de l’affaire en question qui a donné lieu à cette tension. Selon le directeur ils ont envoyé plusieurs lettres aux ministères pour leur faire part de la situation. Des médecins soutiennent que ce n’est pas parce qu’on a donné un appareil à un hôpital qu’on ne peut lui en fournir un autre en cas de problème. D’autres affirment que c’est au gouvernement de s’assurer qu’il y a des personnes compétentes dans les établissements avant d’envoyer des appareils en leur faisant faire des formations ou même en envoyant eux même des personnes qualifiées pour prendre en charge les appareils de l’État.
Les Anjouanais partent se faire soigner à Mayotte
Durant la conférence une question importante à été posée par un journaliste au directeur. Il s’agit du fait qu’à Mayotte on demande aux patients venus d’Anjouan ce qui les poussent à partir à Mayotte alors qu’il y a des hôpitaux et des médecins à Anjouan. Des reproches de la part des Maorais qui sont accentués depuis la construction de l’hôpital de Bambao Mtsanga qui avait comme mission de jouer le rôle d’hôpital de référence dans l’île. Cela signifie que les cas les plus graves qui dépassent l’hôpital de Hombo doivent être traités à Bambao Mtsanga. Malheureusement cela n’a jamais été possible car l’hôpital est délaissé par l’État et même ceux qui l’ont construit. L ’État chinois a fini par se lasser de l’hôpital à cause du manque de considération. Un autre a demandé si c’est le manque de matériels qui fait que les médecins n’arrivent pas à bien soigner les malades. Le directeur a répondu qu’il n’y pas de manque de matériels dans l’île, qu’il y a bel et bien des matériaux tels que les radiographies, mais on ne leur donne pas, on préfère les garder et c’est les cafards qui en profitent. La tension est bel et bien présente.