La chape de plomb qui enveloppait le bras de fer engagé par les cinq candidats face à Azali Assoumani à la présidentielle 14 janvier 2024 et le régime du président sortant accusé de hold-up électoral a fondu pendant la conférence de presse le 14 mai dernier à Moroni.
Par Hachim Mohamed
Quatre mois après le double scrutin, Assoumani Azali est passé par un des cinq candidats, en l’occurrence Abdou Soefo, pour tenter de renouer les fils du dialogue avec ce collectif qui comprend également les candidats gouverneurs des trois iles.
« J’ai été reçu par Assoumani Azali le samedi 4 mai. Deux volets figuraient au menu des discussions, à savoir le dialogue et la libération des prisonniers politiques. Je confonds dans cette requête l’emprisonnement les jeunes séquestrés à la suite des contestations postélectorales », affirme avec un air grave et solennel le porte-parole, Abdou Soefo. Face à une situation économique, sociale, politique, sanitaire désastreuse et qui exige un important redressement aux Comores, le porte-parole a dans un premier temps tiré à boulets rouges sur le « 26 mai » (date d’investiture) qui ne tient pas compte des urgences du peuple comorien, à commencer par le choléra sur l’ile d’Anjouan qui a payé un lourd tribut avec près de 100 personnes décédées.
Magasin de farces et attrapes.
Pour le porte-parole du collectif des candidats, l’enjeu n’est pas de se contenter de désamorcer partiellement et temporairement les tensions qui prévalent. Pour un pays qui est confronté à une urgence sanitaire, économique, démocratique et sociale, en lieu et place d’agir pour endiguer ces fléaux et malheurs qui le frappe, selon certaines indiscrétions, il y a eu un milliard qui a été assigné à l’organisation de l’investiture du 26 mai.
Après avoir fait un tour d’horizon de l’actualité, Abdou Soeuf a montré qu’avec cette fringale de dépenses prévues le gouvernement aurait pu doter le pays de trois mégas d’énergie solaire.
Le candidat aux présidentielles a cité d’autres besoins urgents, à tel point que cela était digne d’un magasin de farces et attrapes.
Il est revenu à la gabegie du gouvernement pour faire remarquer que cette investiture ne se fera pas dans les règles de l’art dans la mesure où dans les grandes démocraties une réélection d’un président est célébrée sans accueillir les invités de marque en grande pompe. « La célébration d’un mandat de plus à la tête d’un État se gère dans la sobriété avec un emplacement discret et sans tintamarre médiatique. », a-t-il affirmé.
Encore les dindons de la farce ?
Depuis les évènements malheureux arrivés aux cinq candidats de l’opposition à l’époque des tournées de remerciements à Ngazidja, c’est le silence radio. Abdou Soefo explique : « C’est vrai qu’un silence de mort régnait dans le landerneau politique. Toutefois, cela ne veut pas dire qu’il ne se passe rien à notre niveau. La bataille continuait de manière souterraine. Mais désormais, vous allez nous entendre. »
Tous les candidats aux présidentielles étaient présents, à l’exception de Mohamed Daoudou, alias Kiki, toujours en prison.
Dr Salim Issa Abdallah, le candidat du parti Juwa, refuse qu’ils soient encore une fois les victimes d’un jeu de dupes auquel Azali aime jouer.
« Si Ahmed Abdallah est le père de l’indépendance, Said Mohamed Djohar, celui de la démocratie, Assoumani Azali est le père de mensonges en matière de promesses et d’engagements à respecter. », regrette-t-il.
À en juger par quelques faits qui remontent à la contestation postélectorale de 2019, force est de reconnaitre que les conditions d’un « dialogue loyal et sincère entre le pouvoir et l’opposition n’ont jamais été réunies, nonobstant la position du porte-parole Abdou Soefo qui croit en la possibilité d’une issue favorable au dialogue avant le 26 mai.
Mais, pour le Dr Salim Issa Abdallah, l’opposition n’est pas demandeuse du dialogue avec le pouvoir, et Mouigni Baraka Soilihi, qui tient compte de la longue attente depuis l’entretien avec Assoumani Azali (4 mai), affirme que certaines appréhensions exprimées à l’égard du « hold-upiste » sont sans doute fondées. En tout état de cause, sans un dialogue sincère, le candidat natif de Ntsudjini fait état plus de la fin de mandat d’Assoumani Azali que de son investiture le 26 mai.
Paternelle mansuétude envers les jeunes séquestrés
La conférence de presse des cinq candidats fait le constat du raidissement des deux camps, chacun campe sur ses positions. Le dialogue est donc impossible.
Au-delà du clair-obscur que les trois candidats au scrutin présidentiel à cette conférence ont eu à projeter sur l’entretien avec Assoumane Azali, Abdou Soefo qui ne daignait pas livrer aux journalistes ce qui a été dit formellement sur Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, Dr Salami ou encore Achmet s’est affligé avec une paternelle mansuétude sur le sort de ces jeunes victimes de séquestration de la part du régime et qui n’ont pas été entendus par le juge depuis quatre mois.
Encore une fois, selon Dr Salim Issa Abdallah s’il y a encore une possibilité de dialogue, ça doit se faire avant le 26 mai. Passé ce délai, il ne se passera rien si ce n’est que le ramassis de foutaises perpétuellement ânonnées par Assoumani Azali à l’opposition.