La cérémonie d’anniversaire de l’indépendance des Comores s’est déroulée ce 6 juillet comme à l’accoutumée avec les défilés des forces armées, le discours officiel du président et l’hymne national chanté comme pour les années précédentes par un artiste choisi par les organisateurs de la cérémonie. Mais, les cœurs n’y étaient pas.
Par Naenmati Ibrahim
Pour cette année l’invité d’honneur du président Azali Assoumani était le président du Kenya William Ruto. Le président comorien a ainsi voulu remercier celui qui s’est retiré de la course à la présidence de l’Union africaine pour lui permettre d’y accéder. Même si, « Le Monde Afrique » a révélé dans son édition du 19 février 2023 que Paris serait intervenu auprès du Kenya pour faire en sorte que la présidence de l’UA revienne aux Comores. Un compromis aurait été trouvé entre la France et le Kenya afin au profit de l’Union des Comores. La France avait sans doute ses raisons que le grand public ignore.
Une fête très politisée
Honoré, William Ruto n’est pas venu les mains vides, puisqu’il a annoncé qu’avant la fin de l’année, les Comoriens pourront se rendre au Kenya sans visa, une mesure qu’il a déjà proposée à plusieurs pays africains et qui pourrait intéresser plus les milieux d’affaires comoriens que le simple citoyen.
Malheureusement, la fête nationale a été réduite à une fête familiale du parti présidentiel (CRC) et des partisans du régime en place. La fête qui réunissait tous les Comoriens qui voulaient montrer leur fierté en ce jour anniversaire de leur indépendance a, au contraire, révélé les divergences politiques profondes qui existent depuis 2018.
Dans les réseaux sociaux, les Comoriens ont fait de diverses manières le bilan des 48 ans de notre indépendance. Et sur les écrans exprimant les ressentis, le bilan est plutôt dominé par l’inquiétude pour une fête qui généralement ravit les Comoriens fiers de leur indépendance. Certains ont même montré du mépris à l’égard de cette fête à cause de la façon dont le pays est géré depuis l’indépendance ou la manière dont il est dirigé par le gouvernement actuel.
Plusieurs personnes ont critiqué aussi le coût total de la fête : 310 millions de francs comoriens dont personne n’arrive à comprendre où est passée cette somme, tellement la fête était minimaliste. Et qu’en plus, cette année, elle n’a eu lieu que dans la capitale, Moroni.
Une fête pour ceux qui sont à la Grande Comore
En effet, cette année, il n’y a pas eu de fête ni à Anjouan ni à Mohéli comme les années précédentes, pourtant ce n’est pas l’argent qui manquait vu la somme colossale prévue dans le budget de cette fête. Anjouanais et Mohéliens l’ont ressenti comme un affront. Le maire de Mutsamudu, Zarouki Bouchrane, a également regretté ce fait. Une déception qui vient s’ajouter à la mauvaise gouvernance et renforce les rancœurs dans les deux autres îles.
Chacun a pu constater que le gouvernement est loin d’être en phase avec le peuple, la fête du 48e anniversaire de l’indépendance vient encore de le démontrer. Elle a été boudée à la Grande-Comore (l’opposition a célébré la sienne dans la ville de Mbeni) et n’a même pas été fêtée à Anjouan et Mwali. Le gouvernement ne tient pas compte des attentes de la population, à l’absence de vie politique s’ajoute l’absence de vie citoyenne.
La fête de l’indépendance avait donc cette année une allure différente des années précédentes puisque l’ambiance rappelait surtout les gaspillages que fait le gouvernement pour des cérémonies alors que le peuple souffre et fuit pour aller à Mayotte ou en France dans l’espoir d’une vie meilleure.