Entre la diaspora comorienne, et plus particulièrement celle qui est installée en France et les Comoriens de l’intérieur, se trouve une sérieuse rupture. Un rejet. Durant ces six dernières années, on assiste à un grand écart au sein de cette communauté. Sinon, une grande détérioration sociale qui n’épargne presque personne. Parfois, des passes d’armes ont lieu, causant des dommages sérieux. Le mépris, les accusations et même les insultes se sont installés entre les deux parties du peuple. Pour la première fois de l’histoire. Les conséquences sont plus importantes qu’on ne l’imagine.
Par Said Yassine Said Ahmed
Cette atmosphère, on la doit à la politique nationale aux Comores, notamment celle incarnée par les autorités actuelles. Certains hommes politiques sont animés d’un esprit de haine ou de dédain envers le peuple, particulièrement la diaspora. Ils prennent leurs compatriotes de haut. La mauvaise orientation de notre pays par les autorités religieuses, politiques, coutumières… est l’un des grands piliers de ce désastre. Nous avons un pays qui est conduit de force là où il refuse d’y aller. Le résultat, c’est la division de ses composantes.
La division par les politiques
La mauvaise gestion des affaires de l’État, du patrimoine commun que constituent les sociétés publiques par les uns, engendre le marasme des uns et la répugnance des autres. C’est là aussi la source d’un grand désordre qui entraine la population dans un conflit sans précédent. Quand l’incompétence, l’amateurisme et l’autosatisfaction des dirigeants vont de pair, les resquilles se manifestent. Et comme nous sommes au troisième millénaire, et que le monde se rapproche et s’unit en un seul village, rien n’échappe au peuple. Par conséquent, les indignations, les exhortations, les contestations et des récriminations sont constamment sur la place publique. Tout cela laisse présager la démission de l’État. Une abdication caractérisée par le manque de contrôle et de prise de considération des citoyens comoriens de l’intérieur comme de l’extérieur par les dirigeants. C’est bien le petit peuple, en tout cas les contribuables, qui en sont les victimes. Et cela fait donc que ceux qui ne se connaissent pas, se haïssent, se battent, se déshabillent, se vilipendent et se divisent en faveur de ceux qui se connaissent.
« Des exclusions néfastes »
Si l’on observe d’une manière profonde et globale le climat qui prévaut aux Comores en ce moment, on constate que des catégories de la population sont abandonnées. Il y a par exemple la société civile, charriée à coups de cravache par les autorités, la classe moyenne, les citoyens installés sur les gradins, considérés comme des sous-hommes.
Ceux ou celles qui ne s’inclinent pas, ou qui ne font pas partie des clans ou des clubs au pouvoir ou des sectes sur la toile sont contraints de se contenter de leurs yeux pour regarder ce qui leur manque. Cela affecte aussi bien les Comoriens de l’intérieur que ceux de l’extérieur. C’est irritant, non ?
Ce comportement engendre la colère du peuple et pousse à l’indignation et à la révolte. Quand le Comorien de l’extérieur lit sur le tableau quotidien de son pays et qu’il ne découvre que le massacre de ce petit archipel par ceux qui sont censés l’entretenir, il pointe du doigt et lance un cri légitime. Libres qu’ils sont, les Comoriens de l’extérieur, s’indigent en permanence. Une réalité qui ne plait pas à certains de ceux qui se trouvent dans l’archipel. Et tout de suite la fièvre monte. Ceux de l’intérieur, proches du pouvoir, rejettent les analyses, les points de vue et même l’indignation des Comoriens de l’extérieur, notamment ceux de France. Au point de leur refuser leur droit d’apprécier, de s’indigner, de participer et de contribuer aux débats nationaux. Certains se donnent même le monopole de l’amour du pays. Ils construisent ainsi une barrière pour empêcher que les Comoriens de l’extérieur participent aux débats, et au-delà à des élections dans le pays. Et pourtant, ils contribuent à la survie de ce petit archipel martyrisé.