Le procès de la Citoyenneté économique serait-il l’arbre qui cache la forêt ? Ces dernières semaines ont été rythmées par le théâtre tragi-comique d’une justice dénuée de tout son sens. Parallèlement à cette parodie de justice, des « révélations » d’accointances entre un des principaux prévenus et l’exécutif actuel sont venues alimenter la polémique. Plusieurs ministres cités, l’un a nié, l’autre a reconnu (on passe les détails scabreux). On comprend donc qu’il n’y a aucune stratégie gouvernementale pour répondre à ces graves accusations. Un lourd réquisitoire a été prononcé et il se murmure déjà que des grâces sont en préparation. Encore une fois on se moque du peuple comorien et de son exigence légitime de vérité.
En marge du feuilleton judiciaire, on nous fait le remake des Wangazidja contre les Wandzuani, avec toutes les provocations et instrumentalisations d’usage, pendant que sur l’autre île, les « clandestins » font à nouveau parler d’eux, cette fois à coups de machettes et de découpages de mains. Ça sent le gaz, vous ne trouvez pas ? Et quand ça sent le gaz, il faut normalement éviter de craquer une allumette. Mais, comme s’il n’y en avait pas assez pour diviser, les avocats du même bord se tirent dessus sur fond de lutte de classes. En d’autres circonstances, ils nous ont démontré qu’ils pouvaient faire front quand un des leurs était en difficulté, mais quand il s’agit de l’institution…
La fin d’année s’annonce donc très animée et pas uniquement par la Coupe du Monde. Le Super Bowl du bien-aimé président fondateur est en préparation, avant la reprise de la deuxième vague du hayassa pour bien clôturer l’année (non, on n’a pas encore trouvé de vaccin). En attendant le feu d’artifice, préparez-vous à vivre une année encore plus folle. 2023, année préélectorale, il y aura certainement à boire et à manger ! Pendant ce temps, des condamnés et leurs familles se préparent à une nouvelle traversée du désert, les comptes seront bien gardés (et garnis) et le peuple se battra pour les miettes contre un bulletin de vote. Tristes tropiques.
Nadia Tourqui