À la tête d’une équipe d’experts internationaux, Nils Melzer, rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture était venu en visite officielle aux Comores, sur invitation du gouvernement, pour évaluer nos prisons et les traitements réservés aux détenus dans l’archipel. Des prisons que les mêmes autorités ont décidé dans la foulée de fermer à double tour compliquant ainsi le travail de cette équipe. Par Faïssoili Abdou
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Las, le rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants, a dû écourter sa mission qui s’est rapidement transformée en un véritable cercle vicieux. « Le 15 juin, à mi-parcours de la visite, le Rapporteur spécial a conclu que l’intégrité de la visite, qui avait commencé le 12 juin et devait prendre fin le 18 juin, avait été compromise à tel point qu’il a dû la suspendre », regrette le site Web de l’Organisation des Nations unies. Dans un communiqué, l’expert a annoncé qu’il va publier ses « observations préliminaires la semaine prochaine » en attendant de pouvoir présenter son « rapport au Conseil des Droits de l’Homme en mars 2020 ».
Les images de ces experts onusiens arborant des gilets bleus flanqués de l’inscription « UN » faisant le pied de grue à l’entrée de la résidence de l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi, transformée depuis août dernier en annexe de la prison centrale de Moroni, ont très vite fait le tour des réseaux sociaux. Comme d’habitude, les internautes s’en sont emparés dénonçant un « acharnement » contre l’ancien Raïs. Ce qu’ils ignoraient à cet instant-là, ce n’était que la faceimmergée du parcours semé d’embûches de la mission onusienne en terre comorienne. « Les lieux de détention qui ne pouvaient absolument pas être accédés comprenaient la station principale de la Gendarmerie à Moroni, ainsi que la résidence assignée à l’ancien Président des Comores”, a relevé M. Melzer dans son communiqué. « En outre, j’ai été empêché de compléter mes entretiens avec quatre des cinq détenus à la station principale de la Gendarmerie d’Anjouan, prétendument parce que je n’avais pas demandé l’autorisation préalable du juge d’instruction pour chaque entretien individuel”a-t-il poursuivi.
Dans son argumentaire, le Rapporteur de l’ONU bat en brèche les allégations du procureur de la République au tribunal de Moroni qui a avancé que « la résidence de l’ancien président Sambi n’était pas mentionnée dans l’ordre de mission des experts de l’ONU ». Un drôle d’argument pour quelqu’un qui diligente régulièrement des enquêtes et qui devaient savoir qu’un enquêteur ne dévoile pasà l’avance son plan de travail. «Il est absolument essentiel pour la crédibilité mondiale de mon mandat de pouvoir effectuer des visites non annoncées dans tous les lieux où des personnes pourraient être privées de leur liberté, y compris non seulement les prisons, mais aussi les cellules de garde à vue de la police et de la gendarmerie, ainsi que les lieux utilisés pour garder des personnes en résidence surveillée”, répondMelzer.
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