L’équipe de football des Comores a affronté l’hôte de la CAN en 8e de finale, lundi 24 janvier au stade Olembe de Yaoundé. Sur le papier, le Cameroun était donné largement gagnant, sans difficulté, pourtant, à l’image de leur entraineur, les Camerounais se méfiaient des Cœlacanthes qu’on n’attendait certainement pas en 8e de finale pour leur première participation à la CAN. Est-ce que cela peut expliquer les coups bas de la CAF et du Cameroun contre la jeune équipe des Comores ? Par MiB
Dès samedi soir les amoureux du football apprennent que 12 joueurs et techniciens de l’équipe comorienne sont déclarés positifs à la covid-19 et ne pourront pas être sur le terrain pour le match contre le Cameroun. Parmi les cinq joueurs touchés, il y avait les deux gardiens encore valides, Salim Ben Boina ayant été blessé au cours du match contre le Ghana et étant indisponible.
Les suspicions sont montées de partout, aux Comores, mais aussi dans le monde entier, certains supporters faisant remarquer qu’à chaque fois dans l’équipe adversaire du jour du Cameroun, on trouvait de nombreux cas de covidés. Certaines équipes avaient demandé de nouveaux tests à quelques heures du match et avaient pu sauver leur équipe type.
Pour le cas des Comores, le nombre de covidés était élevé et en plus du problème du gardien, l’entraineur était aussi positif et par conséquent exclu du terrain.
La tête haute
Le lundi matin, un des gardiens comoriens est testé négatif. L’équipe se réjouissait d’avoir récupéré un gardien et quelques heures après, ils apprenaient qu’il lui était interdit de pénétrer dans le stade. En effet, la CAF venait de voter un nouveau règlement obligeant tout joueur testé négatif à se mettre en quarantaine pendant au moins cinq jours. Pourtant, jusque-là, les joueurs testés négatifs, même le jour du match, pouvaient jouer. Les Cœlacanthes avaient eux-mêmes bénéficié de cette règle lors du match contre le Ghana.
En plus de cette déconvenue, les Cœlacanthes ont dû se changer et se préparer à quelques minutes du match dans leur bus, car ne bénéficiant pas d’une escorte qui leur ouvrait la route vers le stade, ils ont été bloqués pendant longtemps dans la circulation.
Les Comoriens ont donc aligné une équipe avec un joueur de champ comme gardien de but et sont entrés sur le terrain sans le sélectionneur. Les supporters s’attendaient à une avalanche de buts contre les Comores, vu la stature du Cameroun et le fait qu’il joue devant son public. Cela est devenu plus qu’une évidence après que l’arbitre a décidé de sortir définitivement du terrain… et que les Comoriens se sont retrouvés à 10 contre 11. Pourtant, ils ont tenu et ont bien défendu leurs couleurs, pour repartir avec un score honorable de 2-1.
Dès lundi soir, la polémique avait commencé à enfler sur le fait que ni le gouvernement comorien ni la Fédération comorienne de Football ne réagissaient face au comportement de la CAF à l’encontre des Comores. Les journalistes du monde entier avaient pris fait et cause pour les Comores. Mais, du côté comorien, aucune réaction officielle n’est venue atténuer la déception des fans.
Des sanctions injustes
C’est donc un coup de massue qui est tombé sur les supporters de l’équipe des Comores quand, deux jours plus tard, à la surprise générale, la Direction de la Communication de la CAF dévoile des sanctions prises à l’encontre des Comores, après le match du 24 janvier. La plus haute instance du football africain a décidé d’infliger des amendes qui s’élèvent au total à 17 000$ pour les faits suivants : « violation grave des protocoles COVID-19 », « des insultes proférées à l’encontre des officiels de la CAF », un retard de deux minutes sur le début du match, « non-respect des numéros de maillot déjà enregistrés ». En plus des sanctions financières, l’entraineur des gardiens, Jean-Daniel Padovani, qui a dû entrainer un joueur de champ en deux jours, écope de trois matchs de suspension, accusé d’avoir manqué de respect aux officiels de la CAF.
Après ces sanctions, la Fédération comorienne semblait toujours ne pas vouloir réagir pour ne pas subir d’autres sanctions de la part de la CAF, mais la colère des supporters face à ces nouvelles injustices était telle qu’elle ne pouvait se dérober encore une fois. Un courrier signé par Stéphane Aboutoihi, le Secrétaire Général est adressé à la Commission d’organisation de la CAN et au Jury disciplinaire de la CAF. Stéphane Aboutoihi conteste les raisons évoquées pour justifier les sanctions et il conclut : « Nous regrettons néanmoins ces nouvelles sanctions qui ne font que jeter un peu plus la suspicion sur le traitement injuste réservé à notre sélection ».
Ce courrier est venu calmer un peu les supporters. Bien qu’ils ont continué pendant plusieurs jours à se plaindre du silence du Président de la Fédération Saïd Ahmed Saïd Athoumani et surtout de la cinquième Vice-présidente de la CAF, Kanizat Ibrahim, accusée de ne pas défendre les intérêts des Comores au sein de cette instance, mais de privilégier les « selfies » avec les personnalités africaines du football.
Dans la classe politique comorienne, seul l’opposa Saïd Larifou, président du parti RIDJA a adressé une plainte officielle à la FIFA le 27 janvier 2021.
Il est difficile de comprendre le comportement de la CAF contre la « petite » équipe des Comores qui a soulevé des montagnes pour arriver jusqu’au Cameroun. Mais, il est probable que les officiels de la CAF ont fait le calcul que si l’hôte de la CAN est éliminé dès les 8e de finale, la compétition deviendrait plus fade dans des stades quasi vides, et surtout il y aurait un manque à gagner énorme pour la CAF.