Salim Fardine a été victime le 30 décembre 2021 d’une violation de son domicile. En effet, une nouvelle abonnée de la Sonede, l’agence de transit Sornav devait être raccordée au réseau d’eau. Par Hachim Mohamed.
La société d’État n’a pas hésité. « J’ai subi de la violence sur mon terrain, dans ma maison. Les agents de la sonede sont entrés par effraction chez moi. Sur ordre de leur conseiller juridique, Ahmed Mzé Mbaba, ils y ont fait de force une étude de plan sans demander mon consentement, sans me dire sur quelle base ils s’arrogent le droit de le faire. Pas de document légal qui m’a été présenté pour montrer la faisabilité de ce qu’ils veulent faire. Ni de la part de la police qui était là en bouclier pour empêcher toute protestation ni de la part du conseiller juridique de la société. Ils ont fait usage de la force. », affirme-t-il, un brin nerveux.
Un acteur clé du retour de l’eau courante à Djomani et Madjadjou
Une vidéo montre Salim Fardine qui proteste de violence devant la maison familiale. On y voit également les agents de la Sonede qui s’affairent pour le creusement de tranchées et la pose de canalisations. Les policiers dépêchés sur les lieux sont également visibles.
« Ce qui est choquant, c’est que sur ordre du conseiller juridique Ahmed Mzé Mbaba, ils sont allés jusqu’à me priver d’eau pendant quatre jours comme un mauvais payeur. Or, je n’ai aucun arriéré en matière de paiement. Là encore, de la part de la Sonede, légalement, c’est une entorse au contrat par lequel un fournisseur s’engage à prodiguer un service à un client de façon périodique. », affirme Salim Fardine qui, par les paroles s’attaque au régime en place qu’il accuse de dictatorial.
Cela se déroule dans le quartier de Djomani, un de ces quartiers de la capitale, Moroni, en très mauvais état, faute de foyers connectés à un réseau d’aqueducs et où la moitié des logements n’ont ni l’eau courante ni le tout-à-l’égout (voir Masiwa du 12 avril 2021 et 26 avril 2021).
Salim Fardine a été un des acteurs clés, pour ne pas dire la cheville ouvrière du retour de l’eau courante à Djomani et Madjadjou après 15 ans de « disette » ?
Aucune base légale
Salim Fardine est formel, il est victime de « violation de domicile ». Il s’est déplacé jusqu’au service de la société d’eau rien que pour obtenir le « papier qui autorise le recours à la force » dans une telle situation. En vain.
Pire encore, quand il a demandé au conseiller juridique sur quel article de loi il s’appuyait, il n’était pas capable de lui fournir un élément de réponse. Il ne justifie rien. Et Salim Fardine ne peut rien faire.
Discrimination dans la prise en compte des demandes de raccordement.
Plus d’une cinquantaine de maisons à Mavouna n’a pas de l’eau courante. Mavouna, c’est un de ces petits quartiers de Djomani où des clients potentiels veulent souscrire un abonnement à la Sonede et où il y a beaucoup de foyers raccordables au réseau d’adduction d’eau.
Le « dossier Mavouna » est resté dans les cartons au service de la gestion de l’eau et l’argent collecté pour la faisabilité technique du projet dort à la Meck de Moroni depuis plus de huit mois.
Mais, la Sornav a obtenu le raccordement rapidement. « Nous ne sommes pas n’importe qui. Nous avons donné de l’argent à la Sonede. C’est normal que notre demande de raccordement soit passée comme une lettre à la poste. Avec notre société de transit (Sornav), nous avons les moyens de nous payer même le tuyau d’une longue distance pour obtenir l’eau. », a fait savoir un employé.
Convoqué au Commissariat central de Moroni, le Conseillrt juridique Ahmed Mzé Mbaba s’est emmêlé les pédales en voulant expliquer au lieutenant Achkal pourquoi lui et les agents de la Sonede sont entrés par effraction chez Salim Fardine.
Ahmed Mzé Mbaba a raconté qu’au départ ils sont venus demander au propriétaire l’autorisation, mais ce dernier avait refusé.
S’agissant de ces effractions extérieures, même une source de la Direction technique a soutenu que la Sonede ne fait jamais passer un tuyau d’un bout d’une propriété privée à un autre sans le consentement de l’une de deux parties.
Quelle juridiction compétente saisir ?
Pendant l’installation de ce tuyau d’alimentation souterrain long de plus de 100 mètres d’un bout à l’autre du périmètre de propriété de Salim Fardine, il y avait des tensions dans le quartier.
A l’échèle de la société comorienne, les lois ne sont plus observées et il y a une propension à la violence.
Rappelons que la constitution garantit l’inviolabilité du domicile. Encore une fois, comment les gens peuvent-ils impunément attenter à la propriété des autres quand on reconnaît tous qu’il est criminel qu’un individu ou un État utilise la force ou la violence pour s’approprier les biens ou les territoires des autres. ?
Tous ces éléments qui portent incontestablement atteinte à la dignité de Salim Fardine, à la propriété privée de sa famille et à son honneur ne sauraient se poursuivre impunément.
Reste à savoir quelle juridiction saisir pour ces effractions dans la mesure où pour paraphraser Anatole France « tant que la société sera fondée sur l’injustice, les lois auront pour fonction de défendre et de soutenir l’injustice » !