Le candidat choisi par Azali Assoumani pour briguer le poste de gouverneur à Anjouan s’appelle Dr Zaïdou Youssouf. Il est le mari de la ministre de la Santé, Loub Yacout Zaïdou qui avait également été entrevue pour aller à la bataille. Inconnu en politique, il est déjà accusé d’avoir fabriqué un faux qui a conduit à l’élimination de son adversaire le plus sérieux.
Par Naenmati Ibrahim
Dr Zaïdou Youssouf, désigné candidat de la CRC aux élections des gouverneurs, doit sa désignation à sa proximité avec le chef de l’État Azali Assoumani. Il se dit à Mutsamudu que c’est l’amitié entre les deux hommes qui a valu à sa femme, Loub Yacout Zaïdou, de devenir ministre de la Santé. Ce serait également pour cette raison qu’il a été choisi pour devenir le futur gouverneur d’Anjouan. Un choix qui a surpris l’entourage du chef de l’État, mais aussi la population anjouanaise. Néanmoins, cela montre que sa relation amicale avec Azali Assoumani est bien réelle, et ne relève pas seulement de la rumeur.
Un bourgeois de la grande ville
Dr Zaïdou est natif de Mutsamudu. Il est spécialiste en 0RL et en chirurgie cervicofaciale. Pour certains Anjouanais des zones rurales, il est le modèle du bourgeois de la ville. Il n’a donc peut-être pas été choisi seulement pour son amitié avec Azali Assoumani. Ce dernier souhaite placer le pouvoir en ville, mais pas n’importe laquelle, dans celle où est issu le principal opposant du régime actuel, l’ancien président Sambi : Mutsamudu, le chef-lieu de l’île, la ville qui a longtemps raflé toute forme de pouvoir au détriment de la masse paysanne. Azali mise sur la nostalgie d’une certaine division de l’île comme pour conjurer un échec tant attendu.
Le choix d’Azali Assoumani a été perçu comme un mauvais choix par les partis membres de la majorité présidentielle (AMP) dans l’île d’Anjouan, même si aucun n’ose le dire à haute voix. C’est surtout les membres de la CRC et de l’AMP de la région de Nyumakele qui se sont sentis trahis par le choix du chef de l’État, car en réalité, c’est lui qui décide et non l’AMP. En effet, ils étaient les premiers à s’engager en précampagne pour que l’un des leurs devienne gouverneur. Arguant que la région devrait être récompensée pour les efforts fournis en faveur du régime. D’ailleurs, pour eux, c’est le député Mohamed Ahmed Saïd allias « Blonde » qui était le candidat naturel pour le poste de gouverneur. Dorénavant, ils devront s’accommoder de cette idée d’élire un noble du chef-lieu au siège de gouverneur.
Pourtant, les partisans de la CRC de Nyumakele ont tendance à faire croire aux gens que Nyumakele est le fief d’Azali Assoumani à Anjouan. Le président Azali Assoumani lui-même a ressenti la déception de certains de ces partisans, il a donc émis des mots de consolation durant la cérémonie d’intronisation des candidats le 5 novembre dernier à Ouani pour remercier ses partisans : «J’accepte volontiers ce choix. Et ceux qui n’ont pas été désignés doivent garder leur calme et savoir que nous sommes dans le même bateau. Dieu va exaucer nos vœux, merci à vous tous », a-t-il déclaré.
Le futur gouverneur d’Anjouan
Comme partout dans l’Union des Comores, on considère que le président Azali Assoumani fait la pluie et le beau temps dans ce pays. Cela signifie que ce sont ses désirs qui doivent être pris en considération, donc s’il a choisi le Dr Zaïdou Youssouf, c’est pour qu’il devient gouverneur. En effet, en raison du système autoritaire qui prévaut dans le pays, force est de constater que le contexte fait valoir un défaut de crédibilité autour des institutions politiques et judiciaires, notamment la section constitutionnelle de la Cour Suprême en charge de juger les affaires relatives aux élections et les organismes responsables du déroulement et de l’intégrité du processus électoral.
De fait, pour beaucoup, les élections sont jouées d’avance. Et il est probable que le scénario qui a prévalu à l’occasion des élections de 2019 se reproduise.
D’ailleurs, depuis 2016, à chaque élection, la population est obligée d’accepter le choix du président, qu’il impose avec autorité. En outre, tous les candidats du pouvoir sortent vainqueurs. Donc, cette fois encore, qu’il s’agisse du docteur Zaidou, de Chamina Mohamed ou de Mze Mohamed Ibrahim, ils sont appelés à être élus même si la population vote autrement.
Le Dr Zaidou, qui est accusé par le journaliste Toufé Maecha (La Gazette) d’avoir fabriqué un faux qui a conduit la Cour Suprême à éliminer le candidat du parti Juwa, son adversaire le plus sérieux, se préparer donc à diriger l’île d’Anjouan. Diriger est un trop grand mot vu que le chef de l’État a confisqué toutes les prérogatives qui étaient attribuées aux Gouverneurs des îles par la Constitution de 2001.