Mouigni Baraka a fait partie des candidats « acceptés » par la Cour Suprême lors des présidentielles de 2019. Il fait également partie de l’ensemble des candidats qui ont dénoncé et continuent à dénoncer les fraudes qui ont émaillé ce scrutin qui a vu Azali Assoumani déclaré élu dès le premier tour. Après l’arrestation de Mohamed Soilihi Campagnard, Mouigni Baraka a été désigné par les autres candidats comme président du Conseil National de Transition pour le remplacer. Il assume cette charge aux côtés de l’Union de l’opposition. C’est à ce titre qu’il a rencontré avec les autres membres de l’opposition la délégation de l’Union africaine venue observer les élections législatives que l’ensemble de l’opposition a décidé de boycotter pour dénoncer les fraudes qui ont accompagné les dernières élections dans le pays.
Les Comoriens ont donné raison à l’opposition en boudant les élections. Propos recueillis par Mahmoud Ibrahime
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Masiwa – Monsieur le Gouverneur, vous avez appelé au boycott des élections qui se sont déroulées dimanche dernier aux Comores. Pourquoi ?
Mougni Baraka – Nous avons opté pour la préservation du citoyen comorien, face à un Azali qui promet de couper des têtes et à une bande de putschistes qui tirent sur leur peuple. Le boycott était synonyme de rejet, mais aussi une stratégie pour mieux préparer la suite.
Masiwa – Quelles leçons tirez-vous du déroulement de ces élections ?
Mougni Baraka – il n’y a pas eu d’élections. C’est la désignation d’un comité du parti CRC qui va s’approprier le Palais de Hamramba tout comme Azali a pris Beit Salam. Un énième geste de mépris d’Azali envers le peuple comorien et envers les règles démocratiques de bonne gestion du pouvoir.
Masiwa – Les résultats officiels donnés par la CENI vous ont-ils convaincu ? Pourquoi ?
Mougni Baraka – La CENI n’a aucune valeur morale et encore moins juridique devant le peuple comorien. C’est une bande de mercenaires aux mains du dictateur Azali. Personnellement, je ne m’intéresse pas à leurs bêtises depuis le 24 mars dernier où Djaza (NDLR : président de la Commission électorale nationale indépendante) a rejeté la demande de nous recevoir très tôt le matin pour parler et chercher les solutions appropriées aux anomalies constatées dans la matinée à Anjouan lors des élections présidentielles.
Masiwa – Selon vous, qu’est-ce qu’annonce une Assemblée nationale regroupant quasiment que des députés de la CRC ?
Mougni Baraka – Comme je viens de l’évoquer plus haut c’est un comité de la CRC qui prendra en otage le palais de Hamramba. Leur décision n’engagera que leur parti et non le peuple comorien. C’est tout.
Masiwa – Quelle stratégie pour l’opposition après ces élections ?
Mougni Baraka – L’opposition doit tirer les leçons des 4 ans d’Azali 2. Il ne quittera le pouvoir que par la force. Ce n’est ni 2030 et encore moins 2024, nous devons nous pardonner et nous faire confiance. Seule notre union est synonyme de victoire. Aussi, face à un régime illégal, illégitime et dictatorial, il n’y a pas d’opposition, il y a la résistance et elle doit s’organiser.
Masiwa – Vous avez rencontré avec d’autres membres de l’opposition les observateurs de l’Union africaine. Que leur avez-vous dit sur la situation aux Comores et leur manière de gérer les crises ces derniers temps ?
Mougni Baraka – Avec la délégation de l’Union africaine, nous leur avons remis un document qui retrace tous les actes commis par ce régime dictatorial avec le soutien des responsables actuel de notre organisation de l’Union africaine. Oui, c’est cette organisation qui a reconnu dès les premières heures l’indépendance unilatérale de l’archipel des Comores composé de quatre îles (Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grande Comore).
C’est cette organisation qui nous a soutenus pendant la crise d’Anjouan et c’est cette organisation qui était garante des accords de Fomboni. Aujourd’hui, l’équipe à la tête de notre organisation soutient la dictature d Azali contre son peuple. On se rappelle du fameux rapport de mars dernier et le volte-face de l’organisation quelques mois après. Leur présence à la cérémonie d’intronisation d’Azali restera dans les annales du peuple comorien. Aujourd’hui, leur présence est synonyme de leur soutien sans faille à la dictature d’Azali et un message à tous les Comoriens qu’ils doivent de débrouiller seuls.
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