Masiwa – Monsieur le Représentant de l’UNICEF, quelle est l’importance de cette Convention des Droits de l’Enfant pour l’organisme que vous représentez ?
Marcel Ouattara – Pour commencer, je dois préciser que c’est le 30e anniversaire de l’adoption de la Convention des Droits de l’enfant qu’on appelle couramment CIDE ou Convention internationale des Droits de l’enfant et donc vous savez que la Convention relative aux Droits de l’enfant est la convention la plus ratifiée au monde, [ihc-hide-content ihc_mb_type=”show” ihc_mb_who=”2,3,4,5,6″ ihc_mb_template=”1″ ]
196 pays marquent l’engagement collectif du monde entier pour les droits des enfants, les droits élémentaires comme le droit à l’éducation, le droit à la santé, le droit à avoir accès à l’eau potable, droit à la nutrition, le droit à pouvoir s’exprimer, à être protégé contre les violences et toutes formes de maltraitances, un ensemble de droits qui placent la barre assez haute.
Masiwa – Quelles sont les actions que l’UNICEF entend mener pendant cette célébration des 30 ans ?
Marcel Ouattara – Bon ! En réalité, il n’y pas d’activité que l’UNICEF entend mener, ce sont les activités que le gouvernement s’est engagé à mener. Nous sommes là en soutien au gouvernement et au commissariat national au genre et donc au ministre de la Santé.
Pour célébrer les enfants des Comores ou renouveler nos engagements pour la protection des enfants, nous aurons une grande célébration demain à Moheli sous la présidence de chef de l’État. Aujourd’hui, la journée est célébrée à Anjouan et à la Grande-Comore par une vague bleue comme nous l’appelons. Les enfants prennent le pouvoir et expriment aux adultes les droits auxquels ils ont besoin et revendiquent leurs droits (…) les adultes, que ce soit les familles que ce soit les communautés ou que ce soit les gouvernants pour dire : « Nous avons des droits et nous vous interpellons pour pouvoir protéger et mettre en œuvre ces droits dans le pays. »
Masiwa – Quelles sont les priorités de l’UNICEF dans son action aux Comores en faveur des enfants
Marcel Ouattara – Evidemment, l’UNICEF a des priorités, mais les priorités de l’UNICEF sont encore une fois celles du gouvernement. Nous sommes là pour appuyer le gouvernement à assurer le devenir de son pays que sont les enfants (…) Aujourd’hui, nous sommes en train de faire un interview, nous avons été tous des enfants, si vous n’aviez pas été à l’école vous ne seriez pas là aujourd’hui comme journaliste en train de m’interviewer, si je n’avais pas été à l’école je ne serais pas là aujourd’hui comme Représentant de l’Unicef en train de répondre à des questions, cela va aussi pour les autres. Ce n’est pas juste l’éducation, mais aussi la santé, la protection contre la maltraitance et donc les priorités de l’UNICEF sont les priorités du gouvernement sur les droits des enfants.
Masiwa – Quelle est votre réaction à l’information qu’on a apprise aujourd’hui sur la libération par des juges de 52 personnes qui ont commis des violences contre des enfants ?
Marcel Ouattara – C’est une information que vous m’apportez. Je n’étais pas au courant. J’étais avec le ministre de la Justice y a pas longtemps, nous avons visité la prison de la Grande-Comore et puis le coordinateur résidant a visité avec le ministre la prison d’Anjouan. Si tel est le cas, c’est dommage. Mais, vous consentirez avec moi que les gens qui sortent de prison ne sont pas forcement du fait du gouvernement. La justice est là, donc les gens déjà doivent porter plainte à la Justice et si vous ne portez pas plainte ou que vous ne partez pas pour défendre la cause de votre enfant évidemment en dehors des preuves matérielles la justice est obligée de les libérer. C’est pour ça je parle de prise de conscience collective. C’est dommage si c’est arrivé véritablement, mais il est temps que tout le monde se mobilise pour dire « NON ». Des gens qui ont été coupables des violences contre les enfants en les libérant on victimise les enfants une deuxième fois. Imaginez-vous ! vous avez subi la violence de la part de quelqu’un et votre famille au lieu de vous protégez ou toutes les structures, la communauté au lieu de vous protéger disent : non, non ! arrangeons ça entre familles. Et on libère le coupable. L’enfant est non seulement victime de ce qu’il a subi, mais aussi il y a eu une deuxième violence psychologique qui ne devrait pas être et donc c’est pour ça quand je parle de conscience collective ce n’est pas juste une question de partie ou de telle autre partie, c’est tous ensemble qu’ on doit se mobiliser pour faire face à cela.
Masiwa – Vous avez visité la prison. Vous avez vu qu’aux Comores il n’y a une prison pour les mineurs ?
Marcel Ouattara – Bon, nous sommes toujours dans le même débat avec le gouvernement. Nous avions dans le passé aidé à construire [un quartier réservé aux enfants] qui malheureusement, faute d’enfant en nombre suffisant pour occuper ce quartier des mineurs et vu l’état de la prison, des adultes ont pris la place. Lorsque nous avons visité la prison de Moroni, on a constaté qu’il y a 3 ou 4 mineurs, 6 au maximum et le plaidoyer continu avec les partenaires pour pouvoir faire des prisons.
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Propos recueillis par Ali Mbae et Ouswat Bacar