Après plusieurs semaines de luttes intestines, le président de la Fédération de football des Comores (FFC), Saïd Ali Said Athouman a été suspendu et remplacé jusqu’à la fin de son mandat par le doyen d’âge du Conseil Exécutif National (CEN), Omar ben Hassane. Par Mahmoud Ibrahime
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Réunis le 21 août 2019 à Moroni, quatre membres du Conseil Exécutif National de la FFC ont délibéré avec les deux autres membres à distance pour aboutir à une validation de la décision prise par le Comité national d’éthique de suspendre le président de la FFC.
A l’origine de la crise, il y a la décision du président de la FFC de faire participer Volcan Club, une équipe de la capitale Moroni (championne en 2018), à la Coupe arabe des Clubs champions à la place du champion en titre Fomboni Club, sous prétexte que le club mohélien était déjà dans la Ligue des Champions de la Confédération africaine de Football (CAF) au même moment. La décision unilatérale n’a pas plu au club de Fomboni qui a médiatisé la question et a saisi le Comité national d’éthique. Le président de la FFC a fini par se rendre compte de son erreur et a rectifié le tir, laissant le Fomboni Club organiser sa participation aux deux tournois.
Mais, le club avait déjà saisi le Comité national d’éthique. Celui-ci s’est prononcé le 8 août dernier en ordonnant la suspension du président de la FFC. Saïd Ali Saïd Athouman a réagi très vivement en convoquant une conférence de presse au cours de laquelle il a expliqué que le Comité national d’éthique complotait contre. Il a déclaré que la décision de ce Comité était nulle et non avenue qu’il avait déjà mis fin aux fonctions de ses membres et désigné d’autres.
Dans sa réunion extraordinaire du 21 août dernier, le CEN a désavoué le président de la FFC sur tous les aspects. Le CEN a déclaré que le comité d’éthique s’est réuni conformément aux textes en vigueur et que ses décisions sont conformes au code d’éthique. Par conséquent, les six membres de la CEN « ordonnent le respect et les décisions du PV n°12/19 » suspendant le président de la FFC.
Les membres du CEN ont enfoncé le clou en déclarant que « la décision du Président de la FFC, de dissoudre et de nommer seul sans l’avis des autres membres du comité exécutif national, une autre commission d’éthique est contraire à l’article n°34 et de son alinéa (d) des statuts de la FFC ».
Enfin le CEN décide de déplacer les élections du nouveau président qui étaient prévues en octobre 2019 à décembre 2019. Il semble que cette décision soit motivée par une lettre de la FIFA en date du même 21 août 2019 par laquelle celle-ci demande de reculer cette date afin de permettre que toutes les instances dirigeantes du football aux Comores soient élues.
Ainsi désavoué en moins d’un mois par deux instances dirigeantes de la FFC, accusé de ne pas respecter les statuts de l’organisation, Saïd Ali Saïd Athouman est aujourd’hui un homme seul, comme a pu se retrouver son prédécesseur, Salim Tourqui.
Pourtant, lors de son élection en février 2018, il donnait les gages d’un homme capable de réformer le football comorien en le sortant d’une hypercentralisation des décisions instaurée par la précédente présidence. Il déclarait notamment : « Nous devons travailler ensemble pour pouvoir mener à bien notre mission ». Il semble que ces derniers jours, Saïd Ali Saïd Athouman avait fait l’erreur d’oublier le mot « ensemble », si important dans les sports collectifs. C’est ce que les membres du Comité national d’éthique et ceux du Conseil national Exécutif viennent de lui rappeler. Trop tard.
L’éviction soudaine du président de la FFC est également un symptôme de la maladie qui ronge le sport comorien et que les derniers Jeux des Iles de l’Océan Indien ont montrée.
On se rappelle que le président du CROS Comores, Ibrahim Ben Ali a été discrètement démis de ses fonctions et n’a pas pu accompagner la délégation des JIOI à Maurice. Pourtant, il était le mieux placé pour défendre la candidature des Comores aux jeux de 2023.Le sport comorien, à l’instar de la politique, continue à s’enfoncer à cause de problèmes de personnes et de non-respect des règles adoptées par tous.
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