ÉDITORIAL
Comores. Un gouvernement irresponsable
La dernière pénurie de gazole qui a eu pour conséquence un blackout de près de 40 heures dans la capitale a fini de révéler l’incapacité du gouvernement Azali à prévoir, mais aussi son impuissance à régler les problèmes des Comoriens. En effet, durant ce blackout, ce fut quasiment le silence général du côté gouvernemental, le chef de l’État ayant quitté le pays un peu avant. Jusqu’à ce que le Directeur de la Société Comorienne des Hydrocarbures, Oumara Mgomri donne l’explication la plus plausible : la punition divine. Pour lui, il n’y a pas de gazole et pas de lumière à cause d’une punition divine…
Par MIB
Les crises se succèdent et démontrent qu’en réalité, à part dans le domaine de la répression, le gouvernement n’a pas prise sur la réalité et ne dirige pas le pays, mais que celui-ci se dirige seul ou est dirigé par les organisations extérieures et les pays amis qui conditionnent de plus en plus leurs aides. C’est le sens de cette déclaration d’Oumara Mgomri rendant Dieu responsable de ses erreurs d’appréciation de la situation : le gouvernement n’est pas responsable de l’économie.
Il y a quelques semaines, le pays était plongé dans une pénurie de produits carnés : pas de poulets, pas de viande rouge et une hausse faramineuse du coût du poisson. Le gouvernement avait alors déclaré que c’était à cause des transports internationaux et qu’il n’y était pour rien. Et pourtant, comme pour la pénurie de la farine ou des produits agricoles locaux, il était aussi possible d’organiser les approvisionnements d’Anjouan ou de Mohéli vers la Grande-Comore, l’île où la consommation est plus élevée et qui est la plus touchée. Il était également possible de faire fonctionner un commerce interne. Il n’en fut rien, car en cinq ans d’exercice du pouvoir, Azali Assoumani n’a pas été capable de changer la donne en créant des infrastructures essentielles pour le pays.
Et l’on a vu ces derniers temps les erreurs et les incapacités cachées sous les tapis de la tempête Kenneth, de la crise de la covid, du dérèglement des transports mondiaux et maintenant de Dieu cherchant à punir l’ingratitude des Comoriens.
La situation est d’autant plus intenable qu’elle se double d’une crise politique qui dure depuis 2018 et qui a vu l’élimination de toute l’opposition et la mise en place d’une Assemblée monocolore entièrement composée de députés acquis au chef de l’État. Les appels récents de ce dernier à un dialogue n’ont rencontré aucun écho la plupart des leaders de l’opposition étant soit en prison depuis plusieurs années sans espoir d’être jugés d’une manière équitable soit en exil, pour ne pas dire en fuite en France.
Le chef de l’État Azali Assoumani a tous les pouvoirs (exécutif, législatif et même judiciaire), mais au fur et à mesure des crises, il apparait seul dans un bateau qui prend l’eau de toutes parts. Dépassé par les événements. Il n’avait sans doute pas pensé qu’avoir tous les pouvoirs, tous les leviers, cela pouvait rendre si impuissant à agir pour le bien de tous.
À lire également : Azali en déperdition ! (Masiwa n°340, 9/8/21)