Le gouverneur d’Anjouan s’est envolé hier soir pour Nairobi au Kenya pour continuer ses soins après la dégradation de son état de santé. L’avion a décollé à Ouani aux environs de 22h15. Le voyage s’est bien passé, selon des proches du dossier. Par Faissoili Abdou
C’était le 26 janvier dernier que le gouverneur de Ndzuani, Anissi Chamsdine, a révélé qu’il a été testé positif au Covid19, dans une vidéo de 2 minutes postée sur les réseaux sociaux et lu à la radio. Le service de communication du gouvernorat fera ensuite savoir que le gouverneur va s’isoler pendant 7 jours et continuera de travailler à distance. Le deuxième jour, mercredi 27 janvier, le même service de communication a indiqué qu’à en croire le médecin personnel du Gouverneur « il n’y a pas lieu de s’inquiéter ». L’état de santé du gouverneur ne présentait aucune complication, mais que « pour le respect du protocole sanitaire, le locataire de Dari Nadja s’est isolé et travaille à domicile ». Le 29 janvier, le gouverneur publie un arrêté suspendant tout mouvement de bateau de transport de passagers en provenance de Mayotte jusqu’à nouvel ordre.
Il reste que cet arrêté du gouverneur ainsi qu’une interview très critique sur la situation de Mayotte que le gouverneur a accordée à nos confrères d’Alwatwan seront l’occasion d’une véritable bronca dirigée contre le chef de l’exécutif de Ndzuani par certains élus de Mayotte et même de Marine Le Pen, la présidente du rassemblement national en France qui y voit « une véritable déclaration de guerre ».
L’effervescence née de la mesure du gouverneur n’est pas redescendue quand, soudain, l’on apprend que le gouverneur Anissi Chamisdine est transporté à l’hôpital de Bambao Mtsanga dans l’unité de prise en charge des personnes atteintes du Covid19. Le service communication revient sur le devant de la scène en publiant un cliché du gouverneur habillé d’un boubou et assis sur un canapé avec un livre entre ses mains avec un commentaire indiquant que l’état de santé du gouverneur est « en voie d’amélioration ». C’était le mercredi 3 février. Le deuxième jour, les nouvelles les plus inquiétantes sur l’état de santé du gouverneur nous parviennent. Alors que la veille, la femme du directeur de cabinet du gouverneur Anissi est décédée dans le même hôpital de Bambao, il se raconte que l’état de santé du locataire de Dar Nadjah s’est détérioré.
Le 4 février au soir, une évacuation d’urgence à l’étranger est décidée en haut lieu entre la ministre de la Santé et le chef de l’Etat. L’avion qui doit évacuer le gouverneur à Nairobi au Kenya s’est posé le 5 février à Ouani aux environs de 17h40, selon un médecin sur place. L’appareil d’une compagnie privée transporte une petite équipe médicale kenyane composée de deux médecins, deux infirmiers ainsi que le pilote et son copilote.
Dès sa descente d’avion, l’équipe kenyane s’est dirigée directement à l’hôpital de Bambao. Après un briefing avec l’équipe médicale nationale, ils ont pris les commandes. « Les médecins kenyans sont partis à Bambao pour évaluer eux-mêmes les conditions d’évacuation du gouverneur et paramétrer les machines par rapport au trajet et à l’altitude du vol », nous explique le médecin. Le praticien ajoute ensuite que « l’état hémodynamique (conditions mécaniques de la circulation du sang, débit, pression…NDLR) du gouverneur est satisfaisant ». Les médecins ont constaté que l’état hémodynamique saturait de 95 à 100% lorsqu’ils quittaient l’hôpital de Bambao vers Ouani. Il est à 95% lorsque le patient est installé dans l’avion pour un vol direct Ouani-Nairobi.
Cela permet à notre interlocuteur de conclure que « tout s’est bien passé » et que le voyage pourra bien se dérouler. Il était environ 22h10 (heure locale) quand l’avion a mis le turbo pour se diriger vers le Kenya. Alors qu’une rumeur disait que la propre femme du gouverneur est malade, l’on apprendra qu’elle logeait chez une famille à Bambao pour se rapprocher de l’hôpital où était traité son mari.
Après le départ du gouverneur, le service de communication de Dar Nadjah annonce alors que le gouverneur Anissi Chamsidine est « en route pour l’étranger où il est évacué pour des complications liées à une attaque de la Covid 19 ». Une évacuation qui ne fait pas l’unanimité dans l’opinion publique, certaines personnes jugeant que c’est un luxe destiné à un petit cercle de privilégiés alors que la masse pâtit dans la misère.