Le mois de ramadan qui a commencé vendredi dernier va se dérouler dans un contexte difficile pour les habitants de l’archipel, sous un climat d’inflation et de restrictions.
Par MiB
Le mois de ramadan a commencé dans l’archipel des Comores vendredi 24 mars, en décalage d’une journée avec la France où vivent de nombreux Comoriens de la diaspora. C’était déjà le cas l’année dernière. Cette année, la lune n’ayant pas été aperçue le jeudi, les autorités religieuses ont décidé de fixer le début du mois de ramadan et donc du jeûne au vendredi. Il en est de même dans l’île de Mayotte.
Aménagements horaires
Le ramadan n’est pas uniquement synonyme de jeûne du lever jusqu’au coucher du soleil. C’est également un mois pendant lequel la piété et la pratique religieuse sont plus intenses. Les musulmans comoriens sont plus souvent et plus longtemps dans les mosquées pour les prières et pour écouter les darasa. C’est aussi un mois où de nombreux fundi apparaissent pour des rappels et des leçons sur la manière dont doit se comporter le bon musulman. Ils seront d’ailleurs nombreux dans les réseaux sociaux comme chaque année depuis quelque temps.
Dans les trois îles de la Grande-Comore, d’Anjouan et Mohéli, le gouvernement comorien facilite la ferveur religieuse de ce mois béni en allégeant les horaires de travail dans les administrations, permettant aux fonctionnaires de rentrer plus tôt à la maison. Dans l’administration française de Mayotte, il n’est pas question de tels aménagements au cours du mois de ramadan, laïcité oblige, bien que de nombreuses fêtes musulmanes soient fériées pour tout le monde, croyant ou non. Ainsi, la fête de l’aïd sera fériée dans toute l’île pour tout le monde, quelle que soit la confession.
Hausse générale des prix
Cette année, le mois de ramadan tombe encore une fois dans un contexte difficile d’inflation pour les familles comoriennes qui ont de grandes difficultés à joindre les deux bouts depuis plusieurs mois. Le gouvernement se trouve dans l’incapacité d’arranger la situation. Dans la matinée, le chef de l’État, Azali Assoumani a fait une visite surprise dans un marché du ramadan situé dans la capitale et dans lequel les journalistes ont constaté que les prix étaient plus bas que dans les autres marchés de la capitale. Toutefois, d’une manière générale, les prix ont fortement augmenté alors que le ministre de l’Économie, Ahmed Bazi, continue à dire qu’il a réussi à les encadrer. Il suffit de prendre l’exemple du pain qui en quelques mois est passé de 150 FC à 200FC, et le gouvernement ne s’en est toujours pas encore rendu compte. Ou il fait semblant de ne pas le voir.
À Mayotte, les marchés du ramadan sont nombreux dans la semaine, mais les prix des produits agricoles ont aussi fortement augmenté. Le ramadan a commencé avec une annonce inquiétante du préfet qui prévient que passé l’aïd, les restrictions d’eau pourront être plus importantes que les deux jours par semaine que la population connait, à tour de rôle, depuis plusieurs mois. En effet, la saison des pluies a été plutôt sèche et les réserves sont au plus bas.
Dans les trois autres îles de l’archipel, c’est l’électricité qui manque et qui sera rationnée pendant ce mois de ramadan, malgré les nombreuses promesses du chef de l’État et les milliards consacrés à l’achat réguliers de moteurs de production d’électricité. Comme les années précédentes, la société nationale, la Sonede a prévu de procéder à des coupures. Cette année, elle a même diffusé une planification des délestages, mais personne ne croit au respect de cet engagement.
La politique reste une préoccupation majeure
Dans l’après-midi du premier jour de ramadan, le chef de l’État s’est rendu à la mosquée de l’Assemblée nationale, où après avoir prié l’ansur et écouté des darasa, il a prononcé deux discours, le premier en français à l’adresse de la communauté internationale et le second en shikomori pour les Comoriens. À cette occasion, le drapeau national et celui de l’Union africaine ont été introduits à l’intérieur de la mosquée, de chaque côté du pupitre.
La politique a dominé dans ces deux discours puisqu’Azali Assoumani a annoncé sa volonté d’appeler les oppositions nationales à venir discuter des élections présidentielles de 2024, élections qu’il a déjà verrouillées de plusieurs façons, à commencer par l’emprisonnement des opposants qui peuvent le gêner pendant la campagne ou l’élimination de tout candidat ayant la double nationalité.