L’AND a quitté la ville de Mbeni le vendredi 21 octobre, après une semaine d’occupation et de recherche de jeunes dans la forêt et les villages des alentours. La notabilité de Ngazidja qui était restée silencieuse jusque-là est entrée en action. Elle est arrivée dans la ville le jour suivant pour demander une réconciliation de la ville entre d’une part les membres de l’opposition à Azali dont les enfants ont été blessés à balles réelles et qui ont vu nombre de leurs maisons (plus de 100) saccagées et d’autre part les partisans du gouvernement (une demi-douzaine de maisons brûlées). Un jeune de la ville donne son point de vue sur cérémonie de réconciliation.
Par ABDOU NOUHOU Badroudine, Un enfant de la Commune
Samedi 22 octobre 2022, après le départ des soldats de l’AND la veille, a eu lieu, à la place mythique Itsaleni de Mbeni, une réunion entre les notables de la Grande-Comore et ceux de Mbeni pour parler de réconciliation suite aux évènements tragiques de ces derniers jours.
AU NOM DE LA JEUNESSE DE MBENI, nous rejetons le format de l’organisation de cette réunion qui se veut réconciliante tout en écartant volontairement la présence de la jeunesse.
Chers notables, d’abord, comment est-ce possible de vouloir organiser une réunion de paix sans aborder le problème de fond ?
Le sujet qui était discuté ne relève ni des coutumes ni de la religion, c’est une question purement politique et sociale. Ce qui veut dire que la jeunesse devait participer à cette assise. Je regrette profondément qu’aucun jeune de Mbeni n’ait pris la parole, surtout que les jeunes ont été un acteur principal de cet événement. C’est la jeunesse qui a décidé le maintien de l’organisation du Maulid dans l’après-midi (en concertation bien sûr avec certains notables). C’est cette jeunesse qui s’opposait et luttait contre l’avancée de l’armée dans cette localité. Par conséquent, elle est la première à subir les fusillades et les violences. Nous parlons aujourd’hui de 24 personnes blessées par balles réelles, dont 4 très graves.
La jeunesse ne respectera jamais un homme politique qui bafoue les droits humains, qui ne respecte pas et qui ne protège pas ses citoyens.
La jeunesse de Mbeni demande des explications et des réparations avant de parler d’une véritable réconciliation. Aucun des intervenants dans cette réunion des notables n’a évoqué les dégâts humains, psychologiques et matériels perpétrés par l’armée d’Azali. Les enquêtes menées à Mbeni signalent plus de 11 tentatives de viols. On estime également à 121 maisons vandalisées et 66 voitures détruites.
Ces actes de violence qui ont instauré la terreur pendant plusieurs jours ne méritent pas un simple pardon. Donc nous exigeons une réunion spécifique aux habitants de Mbeni (des notables, des représentants de la jeunesse et des femmes) pour évoquer le sujet en profondeur et trouver un terrain d’attente.
La jeunesse n’a pas compris pourquoi les personnes qui ont été à l’origine de ces violences ont participé à cette réunion et rentrent à Mbeni (triomphalement ?) pendant que certains habitants croupissent dans les geôles de la prison de Moroni et d’autres sont toujours réfugiés dans les forêts.
La jeunesse maintient toujours sa juste position : Azali ne sera jamais le bienvenu à Mbeni. Elle n’oubliera jamais le kafa du 12 octobre 2022.
Pour finir, on ne peut plus parler de paix durable après cette rencontre sans associer la jeunesse de Mbeni.
C’est absurde d’ignorer cette force vive d’autant plus qu’elle est au cœur de ces évènements. Il ne s’agit pas ici d’une simple question coutumière ou d’un malapvo pour lesquels on peut prendre une décision à la hâte et puis passer à autre chose. Il s’agit ici de crimes, d’humiliations, de terreur, de saccage de biens matériels. Il s’agit également d’un abus de pouvoir de certains cadres politiques qui ont comploté pour faire subir des violences à des citoyens comoriens.
Et la justice comorienne dans tout ça ?