Le 25 septembre dernier, l’Institut Confucius a fêté pour la neuvième fois la « Journée Confucius » et pour la première fois, une célébration a eu lieu sur l’île d’Anjouan. Plusieurs prestations ont été réalisées par les élèves et étudiants qui apprennent le chinois : chant, danse, mais aussi des arts martiaux tels que le Kung Fu présenté par la classe de Monsieur Houssam Foidjou et le Tai Chi présenté par la classe de Madame Sun Jiuli. Monsieur Chen Yu, enseignant de la langue chinoise et ancien directeur de l’Institut Confucius a accepté de répondre à nos questions.
Propos recueillis par Noussaïbaty Ousséni Mohamed Ouloubé
Masiwa – L’Institut Confucius a été instauré au sein de l’Université des Comores depuis quelques années afin de populariser la langue chinoise au sein de l’archipel. Pourquoi le nom de Confucius a été choisi pour cette école et quelle valeur représente-t-elle ?
Chen Yu – L’Institut Confucius porte le nom de la première personne à avoir créé une école privée. Il a enseigné plus de 3000 élèves dont 72 élèves célèbres. Confucius est le nom latin de Kung Tzu, né en 551 av. J.-C. C’est un philosophe dont la pensée continue à affecter le peuple chinois aujourd’hui. Parmi ses propos les plus célèbres, nous trouverons « il y a des frères dans les quatre mers » ou encore « harmonie, mais différence » ; cela signifie que tous les gens sur terre sont frères et que les cultures et opinions différentes doivent coexister en harmonie parce que nous sommes une seule communauté qui est l’humanité et avons un destin commun. En raison de l’épidémie, l’Institut Confucius ne pouvait pas faire de célébration, mais cette année, la journée de Confucius est fêtée et pour la première fois, une manifestation s’est aussi tenue à Anjouan. Nous avons choisi de célébrer cette journée le dimanche 25 septembre simplement, car cela était plus commode pour tout le monde.
Masiwa – Depuis que le département de langue chinoise a été créé, quel intérêt les étudiants lui portent et quelles mesures ont été prises pour les aider à mieux s’imprégner de cette nouvelle langue dans le milieu universitaire comorien ?
Chen Yu – L’Université des Comores a un département de Langue chinoise, mais beaucoup de gens ne le savent pas. Le Chinois est pourtant l’une des langues communes des Nations Unies et se dispute avec l’Anglais la place de la langue la plus parlée au monde. L’Institut Confucius veut voir proliférer le chinois au sein de l’archipel, mais également les autres langues étrangères afin de permettre aux étudiants de devenir plus tard des traducteurs qualifiés. Dans le but d’éveiller l’intérêt des jeunes pour la langue chinoise, nous enseignons dans les collèges et cela permet aux plus jeunes de se familiariser avec cette langue et pouvoir facilement intégrer si besoin le département de langue chinoise au sein de l’Université des Comores. Il s’agit d’une initiative qui convient à tout le monde étant donné qu’elle donne de nouvelles perspectives d’études supérieures, mais aussi d’emploi.
Masiwa – Comment l’Institut Confucius se différencie des autres départements de langues et quels avantages ont les étudiants de langue chinoise par rapport aux autres étudiants de l’Université des Comores ?
Chen Yu – L’Institut Confucius ne se limite pas à l’apprentissage de la langue chinoise. Notre but est de faire connaitre la culture chinoise tout en permettant aux gens d’acquérir de nouvelles connaissances. Comme beaucoup d’étudiants s’intéressent aux arts martiaux, nous enseignons également le Kung Fu et envoyons nos meilleurs étudiants au temple Shaolin pour mieux l’apprendre et venir l’enseigner à leur retour. Nous accordons également beaucoup d’importance à la musique, à la danse ou même à la peinture et nous ouvrirons les cours correspondant pour permettre à ceux qui s’y intéressent d’acquérir plus de connaissances tout en sachant que l’art est aussi une source de revenus.
Masiwa – L’une des choses les plus marquantes de cette journée est l’importance accordée aux traditions comoriennes et chinoises. Quelle valeur a la tradition pour vous ? Et pensez-vous qu’elle peut influencer le développement socio-économique d’une communauté ?
Chen Yu – La culture se découvre par la comparaison et c’est en étant dans un autre pays que l’on découvre sa culture. Nous respectons toutes les cultures et leur accordons beaucoup d’importance puisque comme je l’ai dit plus haut, Confucius prônait l’harmonie. Nous avons par exemple constaté que la culture du mariage aux Comores est différente de la nôtre et pour nous, cela vaut la peine de le montrer aux autres. C’est pour cette raison que nous avons mis en avant les tenues traditionnelles, mais aussi le couple lors de cette première célébration de la journée de Confucius ici sur l’île d’Anjouan. Les traditions ont une importance capitale, car rien que le mariage qui a été mis à l’honneur ce dimanche joue un rôle très important dans l’économie, car il demande des dépenses qui permettent à titre d’exemple aux commerces de fleurir. Comme je l’ai déjà dit, l’art peut être une source de revenus et il est souvent lié aux traditions comme c’est le cas de la musique. Plusieurs jeunes ont interprété des chansons comoriennes ou chinoises, car ils aiment la musique et peut-être plus tard, ils deviendront des chanteurs et gagneront de l’argent. Tout cela montre combien les traditions sont importantes et méritent donc qu’on leur accorde autant d’attention.