Une vingtaine de stagiaires issus des trois îles de l’Union des Comores ont bénéficié d’une formation de Guide touristique de six jours à Ndzuani, du 22 mars au 2 avril 2021. Alors qu’à cause de la crise sanitaire qui frappe le monde actuellement, les activités liées au tourisme se sont réduites comme peau de chagrin, Michel Claude, expert du secteur ne se désespère pas. Pour lui, si l’on veut relancer le secteur, il est prioritaire de « former des guides professionnels du patrimoine et de l’écotourisme qui peuvent déjà s’entraîner dans le cadre d’un tourisme interîles, tourisme scolaire… En attendant le retour des touristes ». Auteur d’un schéma de développement touristique de l’île d’Anjouan présenté aux autorités en 2019, ce consultant auprès de l’ONG Tourisme sans frontière estime que la destination Comores qui présente plusieurs atouts est «floue sur le plan international ». Il dessine ainsi des pistes pouvant aider l’archipel à mieux se vendre à l’extérieur. Propos recueillis par Faissoili Abdou
Masiwa – Vous venez de clore une session de formation destinée aux guides touristiques, qu’est ce qui a motivé cette initiative ?
Michel Claude – Tourisme sans Frontières est une ONG de développement touristique créée en 2005 et qui soutient des projets de développement dans 20 destinations touristiques émergentes en Afrique et en Amérique latine. La mission aux Comores a commencé en 2018 via le Collectif du Patrimoine des Comores et une convention élaborée à la demande du Gouverneur d’Anjouan Abdou Salami, très motivé quant au développement touristique de l’île. Nous avons commencé par un diagnostic du tourisme de l’île pour terminer en 2019 par l’élaboration du schéma de développement touristique de l’île d’Anjouan élaborant une stratégie et 50 préconisations d’actions concrètes pour lancer le développement touristique de l’île. Schéma qui a été présenté officiellement en présence du Président de la République de l’Union des Comores qui, à cette époque, a proclamé le tourisme comme priorité nationale. Il est vrai que le tourisme est souvent une industrie privilégiée pour les pays émergents à condition que l’on investisse ce qui est nécessaire. L’une des actions même si elle n’est pas prioritaire est de former des guides professionnels du patrimoine et de l’écotourisme qui peuvent déjà s’entraîner dans le cadre d’un tourisme interîles, tourisme scolaire… En attendant le retour des touristes.
Masiwa – En tant que professionnel du secteur quel regard portez-vous sur le tourisme dans notre pays ?
Michel Claude – Le regard que je porte sur la destination touristique des Comores est simple. Vous disposez d’un capital touristique aussi important que les autres Îles Vanille de l’océan Indien. Seulement ce capital n’est pas valorisé. L’Image de la destination Comores est floue à l’international. Le tourisme aux Comores dispose de quatre atouts forts. Le littoral avec des plages comparables aux Seychelles (Moya) ; le patrimoine matériel et immatériel avec les Sultanats et les traditions ; l’écotourisme avec le Karthala, Mohéli et son parc marin, Anjouan avec l’ylang-ylang et le tourisme de bien-être avec les massages traditionnels. Tous ces atouts doivent être promus.
Masiwa – Quels sont les atouts et les faiblesses du secteur ? Quelles sont les pistes qui pourraient aider à améliorer cette situation ?
Michel Claude – Les faiblesses à corriger pour un essor du tourisme sont les accès aériens, l’amélioration des routes et de la signalétique, les déchets plastiques ; l’amélioration et l’investissement dans des hébergements hôteliers de type éco-lodge, la formation des personnels du tourisme, une marque de la destination touristique et une promotion offensive, une vraie décentralisation des décisions et des budgets touristiques sur chaque île comme dans la plupart des nations aujourd’hui.
Masiwa – Comment s’est déroulée la formation ? Y aura-t-il une suite ?
Michel Claude – La formation des guides s’est déroulée en salle sur six jours auxquelles vont se rajouter deux sorties sur le terrain, l’une vers Moya par la Cuvette pour observer les Livingstones et l’autre vers Moroni. Chaque journée était divisée en deux temps, la première sur la connaissance du contenu et de l’offre patrimoniale et écotourisme par des intervenants comoriens de chaque île. Personnellement, j’intervenais l’après-midi sur le métier de guide, sur la technique de prise de parole, sur le savoir-être et sur le savoir-faire. Vingt stagiaires guides issus des trois îles ont participé avec motivation et assiduité dans le cadre d’une formation interactive. Chaque île a élaboré un circuit touristique dont nous assurerons la promotion lors d’un salon international du tourisme SOLIDARISSIMO à Colmar en novembre. Cela aussi est du concret.