Une autre forme de cinéma qui n’attend que le soutien de tous pour faire irruption. Marvel et Warner Bros sont le style cinématographique que désirent adapter Catmoon. Ouvrir un studio de production n’est pas facile dans un pays ou le cinéma n’est pas soutenu. Sauf qu’après la sortie renversante de Code I, le public demande une deuxième saison. Nos jeunes cinéastes pourront–ils combler leur public ? La sortie de Code II nous le dira. Comme le prédisent les réalisateurs, cela risque de faire un carton. Par Intissam Dahilou
Le risque est grand sauf que Catmoon met le feu. Créé en octobre 2019 par Ali William, il ne lui a pas fallu suer pour assembler plus d’une vingtaine de membres dans l’équipe. Leur souhait, faire du cinéma. « Nous voulons bousculer les choses. Après la sortie de Code I, il y a pas mal de jeunes cinéastes qui veulent réaliser des courts métrages. Et c’est bien, car nous leur avons donné la motivation de franchir des pas. Notre objectif est de pouvoir réaliser des films sans pour autant vivre à l’extérieur… » Tranche Ali William.
Code I, un court métrage de huit minutes qui bouscule le réel comorien. De l’action, c’est ce que veulent produire Imame Toibibou, ishbina Issimaîla, Sarcane Abdulatuph et toute l’équipe. Sortie à la salle du centre American corner Comoros le 27 février 2020, Code I séduit, surprend puis interroge. Le public est conquis par ce nouveau style de fiction. Catmoon nous offre du John Wick à la Comorienne. Un genre de film que la chaine nationale comorienne (ORTC) refuse de diffuser. La raison, les films de fiction et d’action ne figurent pas dans leur programme. Cela ne décourage pas pour autant Catmoon. « Moi, je suis autodidacte, je n’ai pas fait d’école de cinéma. C’est pareil pour tous les membres de notre équipe. Cependant, si on fait ça ce n’est pas forcement pour l’argent, mais c’est pour l’amour du cinéma. Si ça se trouve, on va y arriver ou pas, mais c’est avant tout pour le plaisir », précise Ali William. Certains réalisateurs comoriens sont hostiles au film d’action et de fiction, car selon eux ils ne s’adaptent pas encore à la réalité comorienne. Pourtant, il s’avère bien que c’est le choix qu’ont choisi Ali William et son collectif de cinéma.
Code I est un fait hollywoodien. De la manipulation, de l’action, du suspense, du cinéma comme on en voit sur Netflix. Catmoon veut changer la donne. Les Comoriens aiment les films d’action. Ceux-ci inondent le net, la télévisons et les téléphones portables. Presque la moitié de la population y trouve un refuge. La sortie de Code I attire des nouveaux amoureux. Un flux de jeunes acteurs tourne autour des caméras. La plage et les boites de nuit attirent de moins en moins les jeunes. Les répétitions de Code II rassemblent de plus en plus de spectateurs. Des flashes qui éclairent partout. Des acteurs qui gagnent en popularité. Des funs qui se déplacent pour les voir jouer. Le centre American corner Comoros est devenu le lieu de fantasmes de jeunes étudiants et écoliers comoriens. Voir jouer les acteurs fait rêver les téléspectateurs qui attendent la prochaine sortie de Code II avec impatience. « J’ai beaucoup aimé Code I. Sauf qu’à mon goût il manque du suspense. Mais un tel projet donne envie de faire carrière dans le monde du cinéma » nous avoue Said Hodari, un téléspectateur. Catmoon est prêt à soutenir tout réalisateur ou acteur qui veut réaliser un film d’action. Sa détermination à vouloir développer le septième art pousse le collectif à la charité. « Catmoon, c’est le collectif de tout le monde », tranche Ali William. Un rêve qui leur a permis de faire la rencontre de Mohamed Saïd Ouma, initiateur du CIFF (Comores international film festival). Le réalisateur qui a fait un succès avec son dernier film documentaire « Carton rouge » leur promet de leur trouver des dates de diffusion dans des festivals.
Le rêve comorien
Parler du rêve comorien n’a rien de succulent. Nos jeunes cinéastes se montrent audacieux. Sauf qu’ils rencontrent énormément de difficultés lors des tournages. Faire du cinéma aux Comores est un véritable calvaire. Le septième art est quasi inexistant au pays. Le petit nombre de réalisateurs qui produisent et diffusent encore des films sont de la diaspora. Depuis 2016, l’Al Camar, seule salle de cinéma depuis 1962 a fermé ses portes à double tour. Entre 2012 et 2015, le CIFF, premier festival de cinéma aux Comores a tenu 4 ans. À l’horizon, aucun studio de production n’a ouvert. Avoir un avenir cinématographique dans un espace aussi vide est un pari qui coûte les yeux de la tête. « Pourquoi c’est toujours la musique et la danse qu’on met en avant aux Comores ? Pourquoi on ne nous aide pas nous les cinéastes ? On a quand même aussi un grand rôle à jouer dans notre patrimoine culturel. On a presque la majorité de la population comorienne qui regarde des telenovelas, canal + et d’autres chaines influentes. Pourquoi on ne produit pas nos propres films ? Ouvrir nos propres chaines de télévision pour diffuser nos films ? », demande Ali William.
Vendre notre pays par le Cinéma, un souci que se fait l’initiateur de Catmoon. Avoir des boites de production est avant tout une opportunité pour que les jeunes cinéastes puissent se produire et diffuser leurs films. Les entreprises et le gouvernement restent sourds quant au soutien financier du travail de ses cinéastes. Que restent-ils à nos jeunes cinéastes ? Pour le moment, rien d’autre que de la détermination et de la passion.