Masiwa – Amir Abdou, normalement vous devriez être à l’extérieur pour la préparation des prochaines rencontres. Votre passage à Moroni est-il lié à la crise qui secoue actuellement la fédération ?
Amir Abdou – C’est une très bonne question. Cette semaine est un peu la dernière ligne droite. Qu’est-ce qu’on devait faire ? Préparer le match. Mais j’ai fait en sorte de venir au pays bien que ce n’était pas prévu. Je devais partir directement à Lomé. Je suis venu pour prendre la température.[ihc-hide-content ihc_mb_type=”show” ihc_mb_who=”2,3,4,5,6,9″ ihc_mb_template=”1″ ]
Je peux vous dire que la situation est très compliquée. Nous n’avons plus de comité. Nous n’avons qu’un secrétaire qui est au sein de la fédération où vous avez du mal à retrouver des personnes avec qui parler. Il n’y a plus de président. C’est une situation délicate. Délicate dans le sens où on a deux confrontations pour une qualification. Les gens attendent beaucoup. On a le premier match contre le Togo et un deuxième contre l’Égypte. J’aurais préféré que ce qui se passe actuellement arrive après le match, pour bénéficier d’une sérénité. Mais c’est compliqué d’avoir la sérénité avec ce qu’on voit. Les joueurs sont au courant de la situation. Ce que les gens ont oublié et n’ont pas pensé, ce qu’ils ont préféré leurs intérêts personnels. C’est un manque de patriotisme de faire ça dans cette période. Ça touche tout le monde, pas que moi. Nous, on fera le travail sur le terrain. Mais il y a des difficultés. Elles sont réelles. One ne peut pas se le cacher.
Masiwa – Le président SASA dit qu’il n’est pas surpris et vous ?
Amir Abdou – C’est son opinion. Chacun peut interpréter comme il veut. Moi je ne parle que du sport. Peut-être qu’il y a des divergences au sein de la fédération. Je pense que le règlement de compte n’est pas bon pour la sélection. Tout le monde doit penser à l’équipe nationale. Comment voulez-vous préparer ces deux matchs avec cette atmosphère-là ? Je vous pose la question. Voilà. Donc, peu importe… chacun peut dire qu’il n’est pas surpris, mais vous avez oublié qu’il y avait deux matchs. Si cela se passe pendant cette période, c’est pour nous mettre en difficulté. C’est mon constat. C’est dur. J’aurais préféré préparer ce match dans de meilleures conditions. On arrive à un stade où ce n’est pas humain. On oublie l’intérêt national.
Masiwa – Qu’est-ce qui te motive à poursuivre l’aventure ?
Amir Abdou – Après comme je te l’ai dit on va entrer dans de qualification avec l’envie d’aller à la prochaine CAN. La motivation ce sont les joueurs. On a effectué un très bon stage le mois dernier. On a vécu à Châteauroux ensemble. On a remis les pendules à l’heure. On a fait un très bon résultat contre la Guinée. Les gens pensent que c’est un match amical, mais en réalité il n’y a pas un match amical au niveau international. Gagner contre une équipe qui est à la 68e place du classement FIFA n’est pas rien. Ça m’a réconforté. J’ai senti les joueurs très déterminés à aller chercher une qualification pour cette prochaine coupe des nations. Mais voilà, on est en train de nous couper un peu l’herbe sous les pieds. Mais on va faire avec. Les gens attendent des résultats, mais ignorent les problèmes qu’on peut rencontrer tous les jours avec cette sélection. De toute façon, on va tout faire pour atteindre nos objectifs.
Masiwa – Quelles sont les stratégies mises en place pour renverser la situation face à l’équipe devenue votre bête noire ?
Amir Abdou – ce n’est pas une bête noire. On a perdu un match à Lomé. On a fait un match nul ici. Les deux équipes se connaissent bien. On va faire en sorte de déjouer les pièges, déjà, de ne pas prendre de but. Ça va être l’objectif. Avec l’autre objectif qui est de réussir à rester en vie dans ces deux premiers matchs pour espérer la qualification. Il faut avoir des résultats d’entrée. La stratégie sera l’état d’esprit. Je vais m’appuyer sur le groupe avec lequel j’ai travaillé à Paris et confirmer notre bon résultat contre la Guinée Conakry.
Masiwa – Vous êtes parmi les rares coachs africains qui entraînent leur sélection, comment ressentez-vous la pression des supporters des Coelacanthes ?
Amir Abdou – oui c’est une fierté. Je suis fier d’être sélectionneur de l’équipe de football de mon pays. Nul n’est prophète dans son pays. C’est dur quand on entraîne pour son pays, car l’engouement, l’attente et les critiques sont plus forts. Quand il y a des défaites, c’est moi qui ramasse. Quand il y a une victoire, c’est l’équipe qui est plus forte. Donc c’est difficile à encaisser. Mais on fait ce métier en sachant qu’on est à l’abri de rien. C’est un métier à risque. Je pense que j’ai beaucoup apporté au pays en matière de football. Les connaisseurs du football peuvent le dire. Après, je fais abstraction des petits supporters. Je peux être supporter du dimanche moi aussi. C’est moi qui ramasse tout, mais souvent, certains oublient d’où l’on vient, notre parcours au niveau de la sélection. C’est bien que les journalistes s’intéressent à l’équipe de leur pays. En fait, c’est une fierté de porter haut les couleurs de notre pays. Dès qu’on entend l’hymne national, le côté patriotisme triomphe. On pense à tous. On pense à nos parents et au peuple. Rien n’est plus beau que quand on est sélectionneur de son pays.
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Propos recueillis par Ali Mbaé