Les manifestants se poursuivent contre l’élection du chef de l’État, Azali Assoumani et pour l’État de droit dans les villes de la Grande-Comore. Après Mbeni, Ntsudjini et ailleurs, ce fut au tour de la ville de Tsinimoichongo de manifester contre le gouvernement. Contrairement à ce qui s’est passé dans les autres villes, cette fois la gendarmerie est intervenue arrêtant des notables, des jeunes et même des mineurs. Hamid Saïdou
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Dimanche 23 juin, la ville de Tsinimoichongo a manifesté contre le gouvernement Azali, en dénonçant « la dictature » qui selon les manifestants s’est installée aux Comores.
Cette ville de la région du Badjini, au sud-ouest de la Grande-Comore est celle d’AboudouSoefo, candidat à la dernière élection des gouverneurs à la Grande-Comore. Arrivé au deuxième tour des élections, AboudouSoefo, ancien compagnon politique de l’actuel chef de l’État a été éliminé en faveur de la candidate du pouvoir SittiFarouataMhoudine.
Pour le retour à la démocratie
C’est d’ailleurs lui qui a appeléà manifester ce jour-la. « Nous dénonçons avec la plus grande fermeté les agissements de ce régime qui non seulement piétine tout ceà quoi on a consacré notre vie, mais assassine aussi des acquis, certes fragiles, mais qui ont nécessité de longues années de lutte pour les obtenir. »,lançait-il en marge de la préparation de la protestation.
La manifestation a commencéà 16heures comme l’avaient prévu les organisateurs, mais deux heures plutôt, les forces de l’ordre avaient envahi les lieux pour tenter de décourager les manifestants. Mais,déterminés, hommes et femmes n’ont pas cédé et ont courageusement brandi leurs pancartes sur lesquelles on pouvait lire entre autres : AZALI NALAWE, NON A LA DICTATURE, LE RETOUR DE L’ÉTAT DE DROIT….
À l’heure indiquée, les choses se sont corsées. Les gendarmes, soutenus par des renforts venus de Moroni et d’ailleurs ont commencé à molester la foule composée en grande partie par des jeunes. Même ceux qui ne manifestaient pas étaienttabassés. « Je venais de sortir du travail quand d’un coup, des miliaires m’ont violemment jeté dans leur véhicule. Ils m’ont mis un sac sur la tête et je ne voyais rien. Après, ils m’ont relâché sans rien me dire. Je crois qu’un des leurs leur a dit que je n’y étais pour rien » a témoigné un jeune maçon. Un autre jeune lui aussi tabassé a parlé de l’action violente dont il a été victime.
Intervention militaire
Les échauffourées n’ont pas cessé d’un coup ; les militaires, visiblement venus dans le but d’en découdre avec les jeunes, entraient même dans les recoins, les endroits les plus reculés de la ville pour chercher des manifestants. Des enfants mineurs ont été embarqués et ne seront relâchés selon leurs dires que si tous les responsables se rendent à la gendarmerie. Un acte jugé trop lâche par l’ensemble de la communautévillageoise, même des habitants favorables à la mouvance présidentielle, qui ont été obligés de voir en cela une manœuvre désespérée consistant à vouloir à tout prixarrêter des gens. Sans formule. Au mépris de tout entendement.
Interrogation et jugement
Le lendemain de la manifestation, une marée de convocationsjudiciaires a secoué la localité. Des notables et des jeunes sont convoqués à la gendarmerie de Moroni pour s’expliquer. AboudouSoefo en fait partie. Et il assume. Il a ainsi martelé que le seul responsable c’est lui et qu’il compte aller à la gendarmerie sans tarder.
AboudouSoefo a été entendu à la gendarmerie mardi matin et déféré immédiatement devant un juge. Et alors que tous les observateurs s’attendaient à ce qu’il rejoigne le lot des prisonniers politiques, il n’a reçu du juge qu’un avertissement. Il ne doit plus organiser de manifestations. Reste à savoir d’une part, si l’intéressé peut encore participer à des manifestations ou si ce droit constitutionnel lui est définitivement retiré et d’autre part, s’il va se conformer à ce verdict d’un genre particulier.
Curieusement, les mineurs qui ont été arrêtés ont été conduits en prison en attendant que leurs parents apportent leurs pièces d’identité prouvant qu’ils sont mineurs selon Hayba FM sur sa page facebook.
Il est à noter que plusieurslocalitésont manifesté avant et dimanche même. Les villes de Mbeni et Ntsoudjinil’ont fait à maintes reprises. Mais, c’est seulementà Tsinimoichongo où il y a eu une intervention musclée des forces de l’ordre. Certains pensent que c’est parce que Soefo était devant, au propre comme au figuré.
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