Un groupement d’élus (députés et conseillers municipaux) de partis et mouvements divers ou encore de personnalités de la société civile a organisé mercredi 2 avril une conférence de presse qui avait des allures d’un Congrès.
Par Hachim Mohamed
Natuk Mohamed Mouzaoir a été désigné comme secrétaire générale d’une nouvelle organisation politique, NO’Or regroupant des élus de tous bords. Il a expliqué les tenants et les aboutissants de ce que les adhérents appellent « opposition parlementaire », une nouvelle opposition républicaine.

Les élus de NO’OR sont tenus de respecter neuf dispositions contenues dans une Charte qu’ils ont signée et dont Masiwa a obtenu la copie. Alliance NO’OR veut « mener un combat politique pour défendre les intérêts de la population, contrôler l’action du gouvernement ». Il « s’engage à protéger (…) le respect strict du principe d’autonomie large des Iles formant l’Union des Comores » et « réaffirme à travers cette charte, l’unité indivisible du peuple comorien et la lutte contre les tendances séparatistes ».
À cette rencontre de grande envergure, les journalistes ont pu découvrir le Comité de Direction élu suite à l’assemblée générale du 29 mars 2025 à Dzoidjou, dans la région de Mbadjini, circonscription Ngouwengwe.
Pour concevoir, piloter et ajuster la stratégie globale de l’organisation, il y a 13 membres, entre autres Ibrahim Ali Mzimba, député, le président, Soultoine Ali, député, le vice-président, Natuk Mohamed Mouzaoir, le secrétaire général, qui a présidé la cérémonie ou encore Mohamed Ali Chakira, le Secrétaire Générale adjoint.
L’administration comorienne est bancale
NO’OR est une alliance hétéroclite qui comprend deux députés, 52 conseillers municipaux et le maire de Mirontsi.
Élus à l’Assemblée nationale, le président de l’Alliance NO’OR, Ibrahim Ali mzimba et le vice-président, Soultoine Ali, se sont employés à montrer les missions du représentant du peuple dans l’hémicycle. Pour anticiper son rôle dans la nouvelle législature, le député du Nyumakele, qui a raconté ce qui lui est arrivé quand le gouvernement a décidé de faire un contrôle au niveau des fonctionnaires à Ndzuani, a pointé du doigt le caractère bancal de l’administration comorienne.
« Vous vous rendez compte, les personnes en charge de cette mission provenaient toutes de l’ile de Ngazidja. Avec un travail bâclé sur le terrain, à mon départ à la retraite, en décembre 2024, je n’ai bénéficié d’aucun droit. Pas de salaires ni d’indemnités ou avantages afférents à la profession. Cela veut dire quoi ? Si je veux rectifier ces dysfonctionnements pour rétablir mes droits, il faut nécessairement que je me déplace depuis Anjouan en payant un billet d’avion et prenant un hôtel à Moroni », s’est-il offusqué.
Pire, Soultoine Ali estime que l’ile de Ndzuani est considérée par l’État comme une halte touristique. Il ne se passe rien en matière d’évènement dans cette zone géographique de Comores si ce n’est de temps à autre les visites du président et quand il quitte l’ile, celle-ci replonge dans la morosité.
Son collègue député de Ngazidja, Ibrahim Ali M’zimba a rebondi à ces propos et a mis l’accent mis sur leur responsabilité qui sera tout sauf cette propension à viser un poste au mépris de la fonction,
« Si sur les 248 projets de loi mis sur la table de l’Assemblée nationale de la législature passée et qui ont été votés, il n’y a eu aucun émanant des initiatives de députés, nous ne serons pas dedans en béni-oui-oui. Et nous ne sommes pas députés pour défendre seulement les intérêts de Ngwengue et de Nyumakélé. Nous avons plus de comptes à rendre à la nation », a-t-il martelé.
Les retombées du dialogue initié par Natuk Mohamed Mouzaoir
Au-delà de cette alliance, le secrétaire général de l’Alliance NO’OR a également surfé sur les ratés de la mandature de cinq ans et des députés et de maires. À en croire Natuk Mohamed Mouzaoir, sur 54 conseillers municipaux, il n’y a eu que 1 ou 2 qui se sont acquittées de leurs missions.
Il soutient qu’après neuf ans, les autorités sont toujours aux antipodes de la prise en compte des préoccupations de la population. Pendant cette séquence de la conférence, le secrétaire général a profité de l’occasion pour revenir sur les retombées du dialogue qu’il avait initié en 2024 avec le pouvoir d’Azali Assoumani. De cette initiative, boycottée par l’opposition, mais entérinée par le régime, Natuk Mohamed Mouzaoir a fait état du nouveau découpage des circonscriptions. Il avance ainsi que des régions comme le Bwuanku ne figuraient pas sur la carte des circonscriptions et n’ont jamais eu de députés. Il précise que ce n’est plus le cas. Pour conclure sur ce volet, Natuk Mohamed Mouzaoir veut que sur la lancée de la nouvelle législature, les élus cherchent les voies et moyens par lesquels d’autres régions du pays pourront avoir leurs députés. Il est même persuadé que c’est grâce au dialogue qu’il a engagé avec le régime en place que le blason de l’opposition a été redoré. Il a affirmé sans sourciller qu’autrefois l’opposition n’avait pas de droits et en jouit maintenant, avec une place reconnue sur l’échiquier politique.
Le secrétaire générale adjoint, Mohamed Ali Chakira, qui a contextualisé cette « nouvelle ère », en rappelant que c’est une loi de 2022 qui a donné un statut à l’opposition.
Le cinquantenaire de l’indépendance de Comores
À la question d’un journaliste qui voulait cerner la position du mouvement Alliance NO’OR par rapport à l’évènement marquant les cinquante d’indépendance des Comores annoncé par le chef de l’État, Azali Assoumani le député Ibrahim Ali M’zimba a répondu que l’Alliance NO’OR est partante si le gouvernement propose un format de panel qui l’arrange, notamment la prise en compte de sujets qui tiennent à cœur les militants.
Les intervenants ne semblaient pas avoir une ligne claire, un message à faire passer durant cette conférence, ils partaient dans tous les sens, au gré des questions posées. Ou alors le message était qu’un énième mouvement ou parti politique compatible avec le régime en place est né.