Dans un contexte de difficultés généralisées aux Comores, une attention particulière est requise pour Mitsamihuli, où la situation éducative est alarmante. Autrefois renommée pour ses éminents citoyens tels que Saïd Mohamed Cheikh, la ville a perdu de sa grandeur, confrontée à des problèmes croissants, notamment dans le domaine de l’éducation.
Par Mhadji Aboudou, Étudiant en master 2, Droit des affaires- fiscalité, Dakar- Sénégal
La jeunesse de Mitsamihuli est aujourd’hui marquée par des comportements déviants qui sapent les valeurs et l’image de la ville. Jadis symbole de succès académique, la ville voit désormais ses rues envahies par des jeunes aux conduites déviantes, délaissant l’école pour des activités néfastes telles que la consommation de cigarettes et des actes illicites.
Un autre aspect inquiétant est l’abandon progressif de l’école coranique par la jeunesse. Autrefois pilier de l’éducation et de la spiritualité, cette institution est désormais désertée, contribuant à la détérioration des valeurs traditionnelles de la ville.
De plus, la dégradation des normes sociales touche également les jeunes femmes de Mitsamihuli. Autrefois respectées en tant que gardiennes de l’honneur de la communauté, elles semblent avoir perdu le sens de leur propre valeur, participant à des activités inappropriées qui ternissent l’image de la ville. Ces problèmes éducatifs et comportementaux dépassent les frontières de Mitsamihouli, affectant la réputation de la ville, même dans d’autres régions. Une analyse approfondie et des mesures urgentes sont nécessaires pour inverser cette tendance alarmante.
Les racines de la délinquance
La détérioration de l’éducation à Mitsamihuli est le résultat d’une multitude de facteurs complexes et profondément enracinés. Tout d’abord, le sous-financement chronique des écoles est préoccupant, car les ressources disponibles ne suffisent pas à maintenir les infrastructures scolaires en bon état. Les bâtiments, y compris les collèges et les lycées, tombent en ruine, ce qui crée un environnement peu propice à l’apprentissage. De plus, ce manque de financement se traduit par un déficit de ressources pédagogiques, de matériel didactique et de personnel qualifié, compromettant ainsi la qualité de l’enseignement.
Deuxièmement, le chômage rampant dans la région aggrave la situation. Les jeunes se retrouvent souvent sans activités significatives à occuper leur temps en raison du manque d’opportunités d’emploi. Cette situation les expose à la tentation de s’engager dans des comportements déviants, comme la délinquance juvénile, alimentée par le désespoir et la frustration causés par le manque de perspectives d’avenir.
Troisièmement, le manque d’activités positives et stimulantes pour les jeunes contribue également à aggraver la situation. En l’absence d’infrastructures communautaires adéquates et d’initiatives pour les engager dans des loisirs constructifs, les jeunes se retrouvent souvent livrés à eux-mêmes. Cela les rend particulièrement vulnérables à l’influence de pairs négatifs et à des comportements à risque, alimentant ainsi le cycle de la délinquance et de la désintégration sociale.
Enfin, le manque d’engagement et de priorité accordé à l’éducation par les autorités locales est un facteur déterminant. Plutôt que d’investir dans des programmes éducatifs et des services destinés aux jeunes, les ressources sont souvent détournées vers d’autres initiatives, comme les célébrations de mariage et la construction de foyers. Cette approche montre un manque de compréhension du rôle crucial de l’éducation dans le bien-être et le développement de la communauté. En négligeant l’éducation des jeunes, la municipalité compromet leur avenir et perpétue le cycle de la marginalisation et de la pauvreté.
Les solutions louables pour le redressement de la ville
Pour remédier aux problèmes persistants à Mitsamihuli, il est impératif que la municipalité accorde une attention particulière à l’éducation. Il est essentiel d’allouer des fonds suffisants pour améliorer le système éducatif de la ville. Plutôt que de se concentrer uniquement sur les célébrations de mariage, il est nécessaire d’investir dans le réaménagement du Centre de Lecture et d’Animations Culturelles (CLAC), afin de fournir aux jeunes des opportunités d’apprentissage et de développement intellectuel.
De plus, il est crucial d’encourager la diaspora de Mitsamihuli à contribuer à la promotion de l’éducation dans la ville, en plus de soutenir des initiatives telles que l’éclairage public et d’autres services essentiels. À quoi bon investir dans la construction et la rénovation de la ville si celle-ci est ensuite laissée entre les mains de la délinquance juvénile ? La jeunesse représente l’avenir de la ville et il est essentiel de leur offrir les moyens nécessaires pour réussir.
Il serait opportun que le nouveau gouverneur de l’île autonome de Ngazidja, Mohamed Mze Ibrahim, accorde une attention particulière aux préoccupations de Mitsamihuli, dans le souci de favoriser le bien-être et le développement de la communauté. En agissant dans le cadre de ses fonctions et en respectant la loi, il pourrait contribuer à restaurer la beauté et la réputation d’antan de Mitsamihuli. Ce faisant, la ville pourrait rendre hommage à ses personnalités éminentes telles que Saïd Mohamed Cheikh, Said Mohamed Sagaf, Ambassadeur Lamartine, El Amine Said Hassane, Tourki Salim, Mohamed Youssouf Papa Claude, ainsi qu’à des figures féminines remarquables telles que Chamsia Sagaf et Zainaba Ahmed.