Dans ce courrier, un autre fidèle lecteur de Masiwa, nous affirme que l’action humanitaire de la Tanzanie ne peut qu’être une illusion pour un pays qui peine à soigner ses propres citoyens.
Bonjour Mahmoud.
Je te remercie beaucoup pour l’article de Masiwa sur les médecins tanzaniens. Je ne cesse de dire aux Comoriens que la Tanzanie n’a pas de moyens d’aider les Comores, mais les Comoriens sont têtus. Ils se font toujours avoir. Si le système médical tanzanien était mieux pourquoi les Tanzaniens eux-mêmes vont se faire soigner à l’étranger ? Pourquoi les autorités tanzaniennes ont mis en place un budget pour les soins des politiciens à l’étranger ?

En réalité, quand on visite les sites de la Banque Mondiale, de l’OMS et d’autres institutions internationales et que l’on compare la situation aussi bien économique que sanitaire entre la Tanzanie et les Comores, on se rend compte que la situation des Comores n’est pas aussi mal. Les Comores pourraient avancer plus vite que la Tanzanie s’il y avait une volonté politique et économique réelle.
C’est vraiment dommage que certains aux Comores veuillent entretenir l’esprit d’assistanat et l’illusion de l’aide ou de l’action humanitaire de la Tanzanie. Est-ce que, vraiment, les Comores sont pauvres à ce point ? En Tanzanie, on dit « There Is No Free Lunch», c’est-à-dire qu’il n’y a jamais de repas gratuit, on le paiera un jour d’une manière ou d’une autre. Ici encore on voit le pauvre qui se croit riche et frime face à celui qui est, en réalité, moins pauvre, mais se croit plus pauvre. C’est de la folie. Il s’agit de la Tanzanie dont la population vit avec un dollar par jour. C’est la Tanzanie encore qui exporte ses citoyens comme des domestiques dans le pays où ses habitants se croient plus pauvres (Comores).
La vraie indépendance des Comores repose dans sa capacité de se doter de son propre système de santé indépendant, qui permettra d’arrêter le saignement de son économie, en arrêtant d’exporter ses devises dans un pays où il y a beaucoup de carences dans son système de santé et qui n’arrive pas à fournir les soins appropriés à la majorité de sa population.
Il faudrait que les Comoriens se demandent pourquoi les leaders tanzaniens n’ont pas confiance en leur propre système de soins et vont se faire soigner à l’étranger. Comment peut-on expliquer qu’il y a un budget spécifique dans le budget national tanzanien pour couvrir les frais de soins à l’étranger pour les membres du gouvernement et les parlementaires ? Comment se fait-il que les Tanzaniens vont eux-mêmes se faire soigner en Inde, en Afrique du Sud, en Europe ou en Amérique du Nord ? Il y en a même qui se rendent en Turquie ces jours-ci. Les Comoriens sont-ils au courant de tous les mauvais diagnostics et les pertes des vies à cause des négligences médicaux en Tanzanie ? Sont-ils au courant qu’ils sont vus à Dar Es-Salaam comme des vaches à lait, à cause de leurs euros et un peu de naïveté ?
C’est vraiment triste que ce pays tombe dans le développement de l’illusion de la solidarité machiavélique avec les résultats à terme très néfastes. Cela ancre la société comorienne dans une mentalité de la dépendance et de l’assistanat, alors que les Comoriens ont besoin de se sortir de cette mentalité de servitude. C’est seulement après cet affranchissement que les Comoriens pourront développer leurs propres infrastructures médicales et doter leurs médecins de toutes les compétences nécessaires.
Pour pour parvenir à ce stade, il y a besoin que les Comoriens prennent connaissance de quelques données sur la Tanzanie.
La République-Unie de Tanzanie demeure l’un des pays les plus pauvres du monde, avec un revenu annuel par habitant d’environ 400$ (à peu près un dollar par jour). Elle est confrontée à d’importants défis de santé publique, notamment en matière de maladies transmissibles, comme le VIH/sida, les infections sexuellement transmissibles, les hépatites virales, la tuberculose et le paludisme. On estime que 122 000 cas de tuberculose sont survenus en 2024, et le pays est l’un des pays où le paludisme est le plus répandu.
L’accès aux soins médicaux peut être difficile en Tanzanie, surtout en dehors des grandes villes. Le sous-financement du système de santé publique du pays nuit à sa capacité à répondre aux besoins d’une population tanzanienne croissante, tant au niveau des installations, du personnel que des ressources. L’État tanzanien dépense la somme de 32,93 euros par habitant chaque année pour des mesures sanitaires. Cela correspond à environ 3,1% du produit intérieur brut. Au niveau international, ce montant s’élève en moyenne à 1.141,54 euros (~ 9,9% du PIB). Le système de santé en Tanzanie est légèrement moins développé que la moyenne mondiale.
La Tanzanie connait aussi une pénurie flagrante de médecins (seulement trois pour 100 000 personnes). Ainsi, le gouvernement tanzanien est depuis longtemps confronté à d’énormes obstacles pour garantir l’égalité d’accès aux soins de santé à sa population.
L’indicateur le plus important qui permet de résumer l’efficacité de toutes les mesures est sans doute l’espérance de vie générale. Il s’agit de l’âge théorique qu’une personne née aujourd’hui peut potentiellement atteindre. Actuellement, en Tanzanie, cet âge est de 64,2 ans pour les hommes et de 69,8 ans pour les femmes. À titre de comparaison, l’espérance de vie dans le monde est supérieure d’environ 6,4 ans (hommes : 71,0 ans / femmes : 75,8 ans).
Amitiés, Djambaé Shohezi, Mwananyamala, Dar es Salaam















