Des ténors de l’opposition au régime du colonel Azali se sont réunis ce dimanche 5 février 2023 en région parisienne sous la présidence de Chaher Ben Saïd Massonde, ancien ministre de Ahmed Abdallah Abderemane dans les années 80. Ils se sont choisis comme leader suprême, Mohamed Ali Soilihi, alias Mamadou.
Par Hadji Anouar, Montélimar (France)
Certains partisans de l’opposition, souvent plus âgés, exultent et pensent avoir trouvé la solution pour se débarrasser du colonel Azali. L’assistance composée entre autres de Monsieur Hassani Hamadi, ancien Gouverneur de Grande-Comore et de Monsieur Achraf Saïd Hachim, ancien ministre de Mohamed Taki Abdoulkarim, s’est réjouie du soutien apporté à leur démarche par Mouigni Baraka Saïd Soilihi, le prédécesseur de Hassani Hamadi à Mrodjou.
Le communiqué publié à l’issue de cette réunion fait état de « choix de la raison de l’expérience face à toute épreuve ».
Ahmed Abdallah Abderemane, un père spirituel
Certes, « il faut mettre un terme sans délai à l’élan dévastateur entrepris par le régime fasciste et dictatorial du colonel Azali Assoumani et ses sbires, par tous les moyens appropriés », mais il faut aussi et surtout instaurer une gouvernance politique et économique qui répond aux attentes de la population comorienne, quelque chose qui fait défaut aux Comores depuis le 13 mai 1978. Depuis cette date funeste marquée par le retour au pouvoir d’Ahmed Abdallah Abderemane avec l’aide du mercenaire Bob Denard, l’État est devenu la vache à lait des gouvernants. Ahmed Abdallah Abderemane qui avait Chaher et Mamadou comme ministres a pillé le pays avec ses sbires et a inauguré les assassinats politiques dont le colonel Azali est aujourd’hui le continuateur. Ahmed Abdallah Abderemane est le père spirituel de tous ses successeurs : Saïd Mohamed Djohar, Mohamed Taki Abdoulkarim, Azali Assoumani, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi et Ikililou Dhoinine. Rien ne distingue les gouvernements de ces présidents en matière de pillage des maigres ressources de l’État, d’incompétence et de favoritisme.
Ont-ils choisi Mohamed Ali Soilihi pour son « expérience » ? Ce dernier est avec Houmed Msaïdié, porte-parole du gouvernement d’Azali, l’homme qui totalise le plus grand nombre d’années au gouvernement. Son bilan, comme celui de son ancien colistier à l’élection présidentielle de 2016, est nul. L’expérience dont veulent entendre parler les Comoriens ce sont des résultats et non le nombre d’années passées à un poste de responsabilité.
Mamadou, leader unique de l’opposition
Ont-ils choisi Mohamed Ali Soilihi pour sa résilience « face aux épreuves ? L’homme a peu souffert dans sa vie. C’est un habitué des ors de la République. Il n’a pas besoin du RSA pour survivre dans cet « exil arrangé ». Il est assis sur une immense fortune qui lui permet de mener grand train en France. Azali lui-même l’a fait exfiltrer du pays, peu de temps avant la tenue du procès sur le dossier de la citoyenneté économique, pour lui éviter la case prison. L’ancien vice-président chargé des Finances, du Budget, de l’Économie, de l’Investissement, du Commerce extérieur et des Privatisations, âgé de 73 ans n’aurait pas survécu à un enfermement.
La désignation de Mamadou comme leader unique de l’opposition par Chaher, Achraf Saïd Hachim, Hassani Hamadi, Mouigni Barak et consorts n’a pas obéi à un « choix de la raison » au bénéfice des Comores, contrairement à ce que prétendent ceux qui étaient réunis chez Chaher. Ce sont les préférences claniques qui ont prévalu. Ils ont choisi un membre éminent du clan, un pur produit du système qui a pour mission de faire perdurer le système.
Chaher, Mamadou et Achraf Saïd Hachim ont été nourris au sein du courant politique des « Verts » incarné dans les années 1980 et 1990 par l’UDZIMA et l’UNDC. La CRC du colonel Azali, l’UPDC de Mamadou, le RDC de Mouigni Baraka, le CRAN de Hassani Hamadi et le JUWA de Sambi sont les héritiers idéologiques de l’UDZIMA et de l’UNDC, deux partis conservateurs connus pour leur pratique prédatrice du pouvoir.
Qu’apporterait Mohamed Ali Soilihi au pays s’il devenait Président ? Il avait l’occasion de mettre le pays sur les rails du développement lorsqu’il était le véritable maître du pays en sa qualité de vice-président chargé des Finances, du Budget, de l’Économie, de l’Investissement, du Commerce extérieur et des Privatisations. Il ne l’a pas fait. Il ne ferait pas mieux à plus de 73 ans s’il devenait président… à part faire perdurer le système.
Mamadou est égal à Azali, les assassinats politiques en moins. Près d’un demi-siècle après l’indépendance, les Comoriens ne doivent pas choisir entre le pire et le moins mauvais. Ils méritent mieux.