Masiwa – Ibrahim Abdourazak, qui êtes-vous en réalité ?
Ibrahim Abdourazak – Je suis Ibrahim Abdourazak alias Razida. Je suis natif de Moroni Iroungoudjani, de mère et de père originaire de Chindini dans la région de Mbadjini. Je suis Ingénieur en Télécommunications depuis 2005, formé à l’École des Postes et des Télécommunications de Yaoundé au Cameroun. Après deux tentatives sans succès du BAC C au Lycée de Moroni, et après un bref passage au Soudan pour mes études, je me suis rendu en Tunisie et me suis inscrit au Centre de Formation professionnelle de la Cité El-Kadra de Tunis où j’ai obtenu un Brevet de Technicien. Je suis marié et père de deux aimables filles.
Propos recueillis par MiB
Masiwa – Qu’est-ce qui vous maintient aujourd’hui dans l’opposition alors que la Dictature serait prête à vous recruter ?
Ibrahim Abdourazak – Ce qui me maintient dans l’Opposition aujourd’hui est ma foi et ma croyance en Allah, puis en la politique. Dieu m’a doté d’une forte détermination depuis mon plus jeune âge, et cela m’a servi durant ma scolarité du primaire jusqu’à l’école d’Ingénieur en 2005. La faiblesse m’aurait entrainé à, accepter par exemple le BAC C que le ministre de l’Éducation de l’époque a voulu m’offrir avec mention et une bourse d’étude à l’étranger. Ma force et ma détermination, je les ai acquises très jeune. Vous pouvez donc être certains que je suis et je resterai toujours contre ce régime tyrannique, sanguinaire et corrompu jusqu’à sa chute très prochainement.
Masiwa – Personnellement, que souhaitez-vous pour votre pays ?
Ibrahim Abdourazak – Ce que je souhaite pour mon pays, c’est d’abord une justice digne et respectueuse de l’ensemble de la population et des résidents, que chacun se sente en sûreté et protégé. La justice, c’est ce qui permettrait de rassurer les investisseurs et ainsi assurerait un développement durable à notre pays. Je voudrais aussi une Éducation nationale bien encadrée avec des écoles, des universités et des centres professionnels dans tous les domaines et sur l’étendue du territoire national. Il est aussi possible d’avoir des structures sanitaires avec des professionnels pour assurer la santé pour tous jusqu’à attirer nos voisins qui voudraient avoir accès à une santé de qualité. Enfin, je souhaite pour mon pays des infrastructures routières pour faciliter les déplacements de la population. Notre pays a besoin d’un développement dans plusieurs domaines et à aucun moment le peuple n’obtiendra quoi que ce soit de positif avec le régime despotique d’Azali Assoumani.
Masiwa – Il est difficile aujourd’hui de reconnaitre les partis d’opposition sur place à Moroni, qui sont-ils ?
Ibrahim Abdourazak – Les partis politiques qui sont dans le pays et qui sont officiellement reconnus par la loi sont : JUWA et UPDC qui sont les principaux partis de l’Opposition, la CRC, RADHI et RDC de Djaé Ahamada Chanfi qui représentent le pouvoir et le parti ORANGE dont je suis incapable de placer sur l’échiquier politique, mais très proche toujours d’Azali Assoumani aujourd’hui.
Masiwa – Dans quel mouvement de l’opposition êtes-vous ?
Ibrahim Abdourazak – Je suis dans le parti UPDC,parti dont je suis membre fondateur. Il a été créé sous de MCJP sous le pouvoir de Mohamed Sambi, qui n’y a jamais adhéré. Mais, plusieurs sambistes ont adhéré et ont contribué à la victoire du Docteur Ikililou Dhoinine, tout cela avant la création du parti JUWA. Pour terminer, c’est le seul parti politique auquel j’ai adhéré depuis que je suis en politique et jusqu’à maintenant.
Masiwa – Est-ce que l’opposition sur place a l’intention d’envoyer un candidat aux présidentielles de 2024 ?
Ibrahim Abdourazak – C’est une question très sensible. Notre premier objectif est tout d’abord de batailler jusqu’à obtenir le maximum des garanties pour qu’en 2024 ce soient des élections libres, transparentes, équitables et surtout sécurisées. Le reste viendra après. Sinon, notre souhait au Front Commun, c’est d’avoir un candidat unique qui aura pour mission claire d’aller user de son pouvoir pour faire revenir l’ordre constitutionnel bafoué par le régime sanguinaire d’Azali Assoumani afin d’organiser dans les plus brefs délais des élections à Anjouan dans le cadre de la tournante sur la base des Accords de Fomboni. Nous continuons à nous battre pour le retour d’un État uni.
Masiwa – Pensez-vous que dans les conditions actuelles il est possible de battre Azali Assoumani dans des élections alors qu’il a déjà verrouillé tout le système pour s’assurer une victoire par la fraude ?
Déjà, en disant qu’il a tout verrouillé, cela signifie que vous pensez qu’il n’y aura pas d’élections libres, mais qu’il conservera le pouvoir par la force comme en 2019. D’ailleurs, nous savons tous qu’il est incapable de gagner des élections libres et démocratiques. C’est pourquoi notre combat se base d’abord sur les conditions de déroulement des élections avant tout autre chose. Et surtout, nous voulons éviter un bain de sang dans ce pays. Azali Assoumani sera le seul responsable de ce qui arrivera s’il préfère jouer avec nous comme en 2019.
Masiwa – Pensez-vous qu’un jour la Dictature et la CNDHL feront de vraies enquêtes sur les assassinats, les tortures commises par les forces de l’ordre, et notamment sur le jeune Ayman assassiné dans le camp militaire de Mdé après des heures de tortures ?
Jamais la dictature n’ouvrira une enquête contre elle-même. Jamais la CNDHL n’osera parler dignement de tous les assassinats commis par ce régime. La dictature protège les auteurs de ces crimes pour ne pas dire tout simplement qu’elle est à l’origine de ces crimes. Voilà pourquoi nous réclamons un État de droit dans ce pays. Il faut que les partisans de la dictature sachent qu’un jour la justice sera rendue devant le peuple, sans représailles ni partialité : « MPAKA DAULA YA HAKI ».