Si les élections à Ngazidja et Mwali se sont déroulées dans la facilité, imposant comme prévu les candidats du pouvoir, à Anjouan, les installations des maires du parti au pouvoir n’ont pas été aussi simples ce 15 mars, malgré la corruption.
Par Riyad Mubarak et MiB
Le samedi 15 mars 2025, la commune de Mutsamudu, chef-lieu de l’île d’Anjouan, a élu son nouveau maire, Amri Elarisse, membre du parti Convention pour le Renouveau des Comores (CRC). Initialement prévue le jeudi précédent, l’élection a été reportée à ce samedi et s’est tenue à la JAF de Mutsamudu sous la supervision de la commission électorale. Amri Elarisse a obtenu 17 voix sur les 29 conseillers municipaux, soit une majorité de 58,62 %. Il succède ainsi à Zarouki Bouchrane, du parti Orange, en poste depuis 2020.

Des soupçons de fraudes à Mutsamudu
Dans son discours inaugural, le nouveau maire s’est dit satisfait du bon déroulement du processus électoral et a tendu la main à ses opposants, les invitant à collaborer pour relever les défis auxquels la commune est confrontée. Cette démarche vise à instaurer une gouvernance inclusive et à renforcer la cohésion sociale au sein de la ville.
Nourou Houssam, l’une des candidates à la mairie, a également salué le bon déroulement des élections tout en exprimant des réserves concernant l’utilisation excessive des procurations, suggérant que cela pourrait affecter la transparence du scrutin. En effet, ces nombreuses procurations, qui ne se justifient pas dans le premier conseil municipal, pourraient révéler des ententes financières avant le vote. Celui qui paye s’emparant immédiatement du vote par procuration s’assurant ainsi qu’il ne sera pas trompé lors du scrutin à bulletin secret. À Moroni, le maire sortant, Saïd Abdoulfatahou, avait dénoncé avant le scrutin qu’il a finalement perdu de possibles ententes financières et des pressions sur les conseillers ayant un emploi dans la fonction publique. À Anjouan les opposants au maire du parti au pouvoir sont plus prudents dans la dénonciation des irrégularités.
Il en est ainsi d’une autre figure de l’opposition dans la commune de Mutsamudu, Ahmed Salim Abdou, qui a obtenu près de 41% des suffrages des conseillers lors de ces élections du maire. Il a dénoncé la présence dans le groupe d’Amri Elarisse de conseillers qui sont aussi membres de la CENI et de la CEII, les commissions organisant les élections. Or cela est clairement interdit par le code électoral.
Parallèlement, dans la commune de Bambao Mtsanga, Mouhtar Saindou du parti CRC a été élu maire, bien que son élection soit contestée par ses opposants. Des échauffourées ont éclaté après l’annonce des résultats, rapidement maîtrisées par la gendarmerie. À Moya, Oussene Ahmed, originaire de Lingoni, a été élu maire, tandis que le jeune candidat indépendant Ali Ridjali a été nommé premier adjoint.
À Mirontsy, les habitants ont vigoureusement soutenu Saindou Ali Assane, qui a remporté l’élection avec 10 voix sur 19, face au candidat de la CRC soutenu par le député-ministre Miroidi Abdou. Cette victoire a été célébrée avec enthousiasme par la population locale.
Domoni : Youssouf Abdou élu maire avec une majorité écrasante
La ville de Domoni a connu un changement politique significatif avec l’élection de Youssouf Abdou, également connu sous le nom de Liwali, au poste de maire. Grand commerçant de la région et candidat du parti au pouvoir, la Convention pour le Renouveau des Comores (CRC), il a remporté le scrutin avec 73,78 % des voix, succédant ainsi à Nassuf Ahmed Abdallah, qui a dirigé la commune pendant deux mandats consécutifs, mais dont les rapports avec le pouvoir ne sont plus au beau fixe.
Nassuf Ahmed Abdallah avait exprimé le souhait de briguer un troisième mandat. Cependant, sa candidature a été invalidée en raison de l’absence de démission préalable de ses fonctions, une condition requise pour se présenter aux élections municipales, conformément aux dispositions du code électoral comorien. Cette même exigence a également conduit à l’invalidation de la candidature du maire sortant de Mirontsy, Sidi Bacar.
Avec l’élection de Youssouf Abdou, Domoni s’engage dans une nouvelle phase de son développement communal. Les attentes des citoyens sont élevées, et les défis à relever sont nombreux. La collaboration entre les différentes forces politiques et la société civile sera essentielle pour répondre aux aspirations de la population et assurer un développement harmonieux de la commune.
Sans grand enthousiasme à Ouani
À Ouani, une situation similaire à celle de Domoni et Mirontsy a été observée. L’équipe de Rafikadinne Abdouroihamane a saisi la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) concernant la candidature de Mouhoulissou Abdallah, fonctionnaire de la mairie de Ouani, qui figurait sur la liste de Maeecha Mohamed (CRC). Malgré cette contestation, la candidature a été maintenue, illustrant ainsi les disparités dans l’application des règles électorales à travers le pays. Ces incidents mettent en lumière la nécessité d’une clarification des procédures électorales et d’une application uniforme des réglementations pour assurer l’équité et la transparence des scrutins à travers l’Union des Comores.
À Ouani, l’élection s’est déroulée sans engouement notable, l’opposition ayant boycotté le scrutin en raison d’irrégularités présumées lors d’une précédente élection. Mohamed Maeecha succède ainsi à Chaehoi Ali pour un mandat de cinq ans.
Des défis nombreux
Ces élections municipales s’inscrivent dans un contexte politique marqué par les récentes élections législatives de janvier 2025, au cours desquelles le parti CRC a remporté une majorité significative. Cependant, ces scrutins ont été entachés d’irrégularités et de fraudes, soulevant des questions sur la transparence et la crédibilité de tout processus électoral aux Comores.
La participation citoyenne a varié selon les localités, certaines communes ayant enregistré une faible mobilisation, tandis que d’autres ont connu une implication plus active des électeurs. Cette disparité souligne la nécessité d’une sensibilisation accrue à l’importance de la participation démocratique et d’une confiance renforcée dans les institutions électorales.
Les défis auxquels sont confrontées les nouvelles administrations municipales sont nombreux : amélioration des infrastructures, gestion des services publics, promotion du développement économique local et renforcement de la cohésion sociale. La collaboration entre les différentes forces politiques et la société civile sera essentielle pour répondre aux attentes des citoyens et assurer un développement harmonieux des communes.
Les élections municipales du 15 mars 2025 ont marqué un tournant dans la vie politique locale des Comores. Malgré les contestations et les défis à relever, elles offrent une opportunité de renouveler le contrat social entre les élus et les citoyens, en favorisant une gouvernance participative et transparente. Il appartient désormais aux nouveaux maires et à leurs équipes de travailler ensemble pour le bien-être de leurs communautés et le développement durable de leurs communes.
Les élections municipales de 2025 ont apporté des changements significatifs dans la gouvernance locale de plusieurs communes des Comores. Ces transformations offrent une opportunité de renforcer la démocratie locale et d’améliorer la gestion des affaires publiques au bénéfice de tous les citoyens.